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Politique - Crise

Face à un blocage qui persiste, le Liban « inquiète la communauté internationale »

Les pays du GIS ont tenu hier une réunion d’évaluation de la situation dans le pays.


Face à un blocage qui persiste, le Liban « inquiète la communauté internationale »

Le président Aoun s’entretenant avec le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, qui l’a informé du retrait du cabinet d’audit. Photo ANI

C’est un Liban plombé par une crise économique inédite, doublée d’une paralysie politique, qui suscite, une fois de plus, l’inquiétude de la communauté internationale. Une inquiétude accentuée par l’inertie des autorités et le blocage au niveau de l’audit juricomptable de la Banque du Liban, qui a poussé le cabinet international Alvarez & Marsal à jeter l’éponge, faute d’avoir pu avoir accès aux documents qui lui permettraient de mener à bien sa mission. L’audit juricomptable de la BDL, mais aussi de toutes les institutions de l’État, figure en tête des réformes qu’attend la communauté internationale du Liban pour pouvoir lui venir en aide. Le retrait d’Alvarez & Marsal est ainsi un coup sévère porté aux efforts internationaux pour contribuer au redressement du pays qui tarde toujours à former une nouvelle équipe ministérielle, conformément à l’initiative du président français, Emmanuel Macron. Le blocage à ce niveau reste entier, chacune des différentes parties politiques étant accrochée à ses revendications relatives à la répartition des portefeuilles ministériels et au choix des ministres. Des tergiversations qui ont poussé le patriarche maronite à hausser de nouveau le ton contre la classe dirigeante, notamment ceux qui empêchent la mise en place d’un nouveau cabinet. S’exprimant devant ses visiteurs, Mgr Béchara Raï a stigmatisé le fait que les responsables libanais « n’arrivent pas à former un cabinet après un an d’agitation ». Selon lui, « l’État (la classe dirigeante) ne semble concerné que par le partage des quotes-parts, comme s’il vivait dans un autre monde ».

Le GIS inquiet

Face à ce blocage qui perdure, la Conférence internationale de soutien au Liban, prévue normalement fin novembre, à l’initiative du Groupe international de soutien au Liban (GIS), pour venir en aide au pays, semble sérieusement en péril. Dans une tentative de secouer les autorités, les pays qui composent le GIS – c’est-à-dire les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), les Nations unies, l’Allemagne, l’Italie, l’Union européenne et la Ligue arabe – ont tenu une réunion virtuelle « pour discuter de l’aggravation de la crise ». Lors d’une réunion aujourd’hui (hier) à Beyrouth, les membres du GIS ont discuté « avec une grande inquiétude de la crise complexe et de plus en plus grave au Liban et ont déploré non seulement le manque de progrès concernant la formation du gouvernement, mais également l’absence d’une action plus déterminée de la part des institutions étatiques et financières » face à la crise, a écrit le coordinateur des Nations unies au Liban, Jan Kubis, sur Twitter. Sans vouloir s’aventurer dans les conclusions quant à un report de la conférence du GIS, des sources diplomatiques assurent à L’OLJ qu’aucune aide ne sera accordée au Liban sans des réformes que mettrait en œuvre un gouvernement de spécialistes.

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À la faveur de l’unanimité qui s’est créée autour de l’initiative française en faveur du Liban par Emmanuel Macron, l’écrasante majorité des formations politiques se sont montrées favorables à l’ensemble des réformes structurelles que contient le plan français, mais n’ont toujours pas réussi à concrétiser cette entente. En dépit de leurs divergences de vue politiques, le Courant patriotique libre et les Forces libanaises ont convergé sur la nécessité de lever le secret bancaire sur les comptes des institutions concernées par l’audit. Les deux partis chrétiens ont donc présenté deux propositions de lois allant dans ce sens. Mais le Parlement ne les a toujours pas examinées. Cet état des lieux pousse plusieurs observateurs à faire assumer au président de la Chambre, Nabih Berry, aux rapports en dents de scie avec le président de la République, une part de la responsabilité du retrait d’Alvarez & Marsal. D’autant que M. Berry avait fait sciemment barrage aux projets de lois portant sur le contrôle des capitaux et le haircut (sur les dépôts) en mars dernier. Les milieux de Aïn el-Tiné ne l’entendent naturellement pas de cette oreille. Un proche de M. Berry rappelle ainsi que le CPL et les FL n’ont présenté leurs propositions de lois qu’il y a quelques jours. Il était donc impossible de tenir une séance parlementaire pour les examiner. Et ce proche du président de la Chambre de faire valoir que le chef de l’État et le CPL faisaient partie intégrante du cabinet de Hassane Diab, qui avait conclu le contrat avec Alvarez & Marsal. « Ils savaient donc que le contrat conclu avec le cabinet n’allait pas aboutir à l’audit désiré », déplore-t-il. Dans certains cercles proches de Aïn el-Tiné, on estime même que ce n’est que pour des raisons populistes et des calculs présidentiels prématurés que le CPL s’est efforcé de mener la bataille de l’audit, dans une allusion aux ambitions futures de Gebran Bassil, actuel leader du parti.

Raï aux responsables politiques : Vous avez pillé l’État

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a accusé hier les responsables d’avoir « pillé l’État » et a mis ses espoirs dans le peuple libanais, « source du pouvoir ».

« Nous n’excluons personne car tout le monde est responsable et personne ne sacrifie rien », a insisté le chef de l’Église maronite en écho à la révolte populaire du 17 octobre 2019 qui dénonçait la corruption des responsables politiques sous le slogan « Kellon yaani kellon » (Tous sans exception).

« Vous avez pillé l’État. Vous ne savez pas ce qu’est la faim et vous touchez des salaires sans travailler », a lancé le patriarche à l’adresse des responsables du pays en accueillant une délégation de « groupes souverainistes », conduite par Régina Kantara. « Les responsables détruisent l’État au lieu de le construire. Beyrouth est en train d’être détruite, les victimes tombent, tandis que la municipalité de Beyrouth, les administrations et les ministères ne semblent pas concernés », a-t-il ajouté.

Pour le patriarche Raï, « seul le peuple est la source du pouvoir et se préoccupe de l’État ». Nous ne nous tairons pas. Nous porterons des accusations lors de nos homélies car se taire, c’est accepter ce qui se passe », a-t-il estimé, estimant que « la situation au Liban est des plus anormales ». Il a reproché aux responsables « de ne pas parvenir à former un gouvernement après une année de confusion ». Énumérant toutes les épreuves par lesquelles le pays est passé avec l’effondrement économique et financier jusqu’à la double explosion au port de Beyrouth, le chef de l’Église maronite a stigmatisé « des responsables qui ne semblent concernés que par leurs querelles autour des portefeuilles ministériels et de leurs parts » au sein du gouvernement, « comme s’ils vivaient dans un autre monde ».

Enfin, Mgr Raï a évoqué à nouveau le thème de la « neutralité » du Liban, qu’il défend depuis juillet dernier. « La neutralité, c’est dans ce système que les Libanais ont trouvé leur identité. Le Liban, ce petit pays, ne veut pas de guerre ni d’ingérences dans des alliances et des conflits internationaux », a-t-il affirmé.

C’est un Liban plombé par une crise économique inédite, doublée d’une paralysie politique, qui suscite, une fois de plus, l’inquiétude de la communauté internationale. Une inquiétude accentuée par l’inertie des autorités et le blocage au niveau de l’audit juricomptable de la Banque du Liban, qui a poussé le cabinet international Alvarez & Marsal à jeter l’éponge, faute...

commentaires (7)

Monseigneur Rai vous parlez au vent , malheureusement , tant qu'il y aura leHezbollah et les armes l'Occident ne d'aidera pas le Liban , il deviendra Cuba

Eleni Caridopoulou

20 h 42, le 21 novembre 2020

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Commentaires (7)

  • Monseigneur Rai vous parlez au vent , malheureusement , tant qu'il y aura leHezbollah et les armes l'Occident ne d'aidera pas le Liban , il deviendra Cuba

    Eleni Caridopoulou

    20 h 42, le 21 novembre 2020

  • RAÏ S'EST RÉVEILLÉ DEPUIS JUILLET. IL LE DIT LUI MÊME. IL DORMAIT PROFONDÉMENT PENDANT TOUTES CES ANNÉES ET QUAND IL SE RÉVEILLE C'EST AVEC AOUN, BASSIL ET SLEIMAN FRANGIÉ QU'IL PASSAIT SON TEMPS ET SES RÉUNIONS. ILS NOUS LES EXPOSE POUR CHOISIR LE PRÉSIDENTIABLE ENTRE BASSIL ET SLEIMAN 2. NOTRE PATRIARCHE EST LE DERNIER QUI S'EST RÉVEILLÉ ENFIN MAIS IL CONTINUE À HURLER DANS LE VIDE COMME SI PERSONNE N'EST AU COURANT DE LA SITUATION DU PAYS, AU LIEU D'AGIR EFFICACEMENT ET DE LES NOMMER PAR LEUR NOM UN PAR UN.

    Gebran Eid

    10 h 33, le 21 novembre 2020

  • Il est peut être temps de leur refuser la communion.

    Ghandour Yasmine

    09 h 51, le 21 novembre 2020

  • y a que nos honorables salopards qui ne s'en inquiètent pas . mais, serieusement, toute autre chose mise a part- en quoi un etre "humain' sense peut il encore esperer dans les circonstances actuelles qui expliquerait l'attitude criminelle de Kellon ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 33, le 21 novembre 2020

  • IL INQUIETE AVANT TOUT LES LIBANAIS ET LEURS ECONOMIES D,UNE VIE SEQUESTREES PAR LES PREDATEURS BANQUIERS ET LEURS COMPLICES DE LA MAFIA DES CORROMPUS ET VOLEURS ENRICHIS ILLEGALEMENT EN VOLANT LES ECONOMIES DU PEUPLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 30, le 21 novembre 2020

  • Il y en a qui voulaient échapper à la découverte de leurs abus de longue date, et ont pu bien dormir cette nuit après avoir fait tomber l'audit. Ils sont nombreux. C'est au GIS d'agir pour sauver le peu qui reste des biens des libanais. Aucune une autre alternative n'est à espérer de ceux qui font la loi dans le pays.

    Esber

    07 h 50, le 21 novembre 2020

  • LES BORDELS DE MADAME MARIKA ET DE MADAME CLAUDE ETAIENT BIEN GERES. NOTRE MEGA BORDEL A BESOIN DE CHANGEMENT DE PATRONNE OU DE MAQUEREAU EN TOUT PREMIER LIEU ET DE TOUS LES MACROTINS DU SYSTEME. EN SUS D,ETRE DES VOLEURS MAFIEUX DE TOUT PREMIER ORDRE. PEUPLE LIBANAIS DEMENTELEZ CE BORDEL ET DEGAGEZ TOUS CES PATRONNE ET MACROTINS VOLEURS, ALIBABAS LES PLUS MAFIEUX QUE LE MONDE AIT CONNU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 20, le 21 novembre 2020

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