L'ancien ministre libanais et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a démenti vendredi avoir écrit à Washington pour demander une levée des sanctions américaines qui le frappent depuis début novembre, suite à des accusations de corruption, d'abus de pouvoir et de soutien au Hezbollah, classé groupe terroriste par les États-Unis.
"Certains médias ont affirmé que le chef du CPL a envoyé une lettre aux Américains dans laquelle il leur demandait de lever les sanctions portées contre lui", souligne le bureau de presse du député de Batroun. "Cette information est fausse. Gebran Bassil continue d'étudier avec une équipe de spécialistes les moyens administratifs, légaux et politiques qui doivent être adoptés afin de dévoiler la vérité concernant ces sanctions. Il n'a à ce stade pris aucune mesure", ajoute le bureau de presse.
Début novembre, le département américain du Trésor avait sanctionné M. Bassil en vertu de la loi Magnitsky en l'accusant de corruption, abus de pouvoir et soutien au Hezbollah. Le Trésor américain avait affirmé que les différentes fonctions que le chef du CPL a occupées au sein de l’exécutif libanais, notamment à la tête des Télécommunications, de l’Énergie et des Affaires étrangères, "ont été marquées par des accusations significatives de corruption". M. Bassil a été également pointé du doigt pour son alliance avec le Hezbollah qui lui a permis de "perpétuer le système de corruption en place et d’empêcher l’engagement des réformes dans des secteurs-clés". Conformément à ce texte de loi, les actifs du chef du CPL sont pour l'essentiel gelés aux États-Unis. Gebran Bassil fait aussi l’objet de sanctions lancées par le département d’État US dans le cadre de la loi sur les opérations étrangères (2020), qui cible les responsables de gouvernements étrangers impliqués dans des actes de corruption. Conformément à cette loi, Gebran Bassil est désormais interdit d’entrée aux États-Unis.
Le chef de l'État Michel Aoun, qui est aussi le beau-père de M. Bassil, a prié la diplomatie libanaise de demander à Washington de fournir les preuves et documents sur lesquels se basent ces accusations.
Dans un entretien le 16 novembre à la chaîne saoudienne al-Hadath, l'ancien ministre s'est dit prêt à "quitter la vie politique" en cas de preuves de corruption. Le chef du CPL avait aussi assuré qu'il était disposé à briser son alliance avec le Hezbollah "si les États-Unis garantissent qu'ils protégeront le Liban".
Dans une vidéo diffusée au lendemain d'une conférence de presse de Gebran Bassil le 8 novembre au sujet des sanctions US, l'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, avait révélé que M. Bassil avait "lui-même exprimé sa volonté de rompre" avec le Hezbollah "à certaines conditions". "Les propos de l'ambassadrice américaine sur la rupture de l'alliance entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah sont une tentative ratée de provoquer un désaccord", avait réagi le chef du CPL.
Poignardé aussi par les siens
Dans ce contexte, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, a publié un article vendredi ayant pour titre : "Bassil poignardé aussi par les siens". Le journal y fait état de dissensions au sein du CPL, soulignant que d'anciens aounistes comptent lancer leur propre parti politique le mois prochain.
Le bureau des médias du CPL n'a pas tardé à réagir à cette publication, l'accusant de "manquer d'objectivité et de professionnalisme". "Le CPL dément catégoriquement tout ce que comporte cet article comme informations infondées et déformations de la réalité et assure que la formation est unie et homogène, dans le fond et la forme (...) tout en acceptant la diversité d'opinion dans ses rangs".
Le bureau de la présidence de la République a lui aussi démenti des propos attribués au chef de l'Etat, Michel Aoun, dans l'article d'Al-Akhbar.
commentaires (8)
C’est intéressant d’apprendre que la présidence de la république dément des propos attribués au président par al-akhbar sans qu’on sache de quels propos il s’agit. L’OLJ s’auto-censure?
Marionet
23 h 49, le 20 novembre 2020