Aux cris de « Thaoura » (Révolution), les étudiants de ces clubs ont célébré cette victoire annoncée en début de soirée. « La victoire des indépendants au sein de l’université témoigne d’un changement au niveau de l’engagement politique des élèves. Ces résultats représentent une lueur d’espoir pour toutes les personnes qui espèrent des élections nationales complètement indépendantes », a affirmé à L’Orient-Le Jour Dimitri Haddad, candidat victorieux du club séculier. « Nous sommes très fiers des résultats réalisés aujourd’hui, surtout que c’était notre première élection à l’AUB », a de son côté affirmé à L’OLJ Abdulaziz Abi Haydar, l’un des fondateurs du CSH et actuel conseiller du club. Il a estimé que ce groupe, malgré sa création récente, avait réussi à « imposer sa présence dans les grandes facultés » et avait l’ambition de devenir encore plus influent l’an prochain.
Contre la dollarisation
L’une des principales batailles que ces représentants étudiants veulent mener est leur opposition à la « dollarisation » des frais d’université, alors que l’AUB, qui a accepté pour le semestre en cours le paiement des frais en livres libanaises au taux officiel de 1 500 livres pour un dollar, a laissé entendre que les choses allaient changer au semestre prochain.
Outre le USFC (University Student Faculty Committee), qui doit débattre, avec l’administration et les professeurs, des questions générales relatives à l’AUB, les étudiants devaient élire les membres du Student Representative Council (SRC), formé des représentants des différentes années et facultés. Là encore, les candidats du changement se sont taillé la part du lion, avec 65 sièges sur un total de 82. Le club séculier avait présenté, pour la première fois, une liste de 94 candidats dans toutes les facultés.
Ce scrutin, le premier à l’université depuis le soulèvement du 17 octobre, vient confirmer la tendance qui se dessine au niveau national, dans les élections universitaires ou professionnelles, en faveur d’indépendants non liés à la classe politique traditionnelle.
À l’AUB, les groupes des partis traditionnels, qui dominaient depuis des décennies les élections estudiantines, s’étaient retirés de la course, les uns après les autres, affirmant « boycotter » les élections pour diverses raisons. Le club culturel du Sud (représentant le Hezbollah), le mouvement de la Jeunesse (représentant le courant du Futur), celui de la Liberté (représentant le Courant patriotique libre) ainsi que celui de la Mission libanaise (représentant le mouvement Amal) et le « Social Club », bastion des Forces libanaises à l’AUB, ont tous invoqué des arguments similaires, ayant trait à l’absence d’une véritable campagne électorale, ou mettant en question l’introduction du vote électronique. Des excuses pour justifier leur retrait, pour ne pas perdre la face, selon leurs opposants.
Car depuis la rentrée, ce sont les mouvements indépendants qui ont le vent en poupe. Au campus de Beyrouth de la LAU, ils ont raflé 9 sièges sur 15. À l’Université Rafic Hariri, ils ont recueilli 4 sièges sur 9. C’est à présent au tour des étudiants de l’Université Saint-Joseph (USJ) de choisir leurs représentants : la campagne pour les élections de l’amicale estudiantine s’ouvre le 24 novembre, et les élections se tiendront la semaine suivante.
Chapeau! Il faudra un peu de temps et beaucoup de patience pour se débarrasser de cette crasse qui a mené le Liban aux portes de l'enfer. Merci à cette jeunesse qui portera sans doute le lourd fardeau de la sécularisation de l'état. Briser le model confessionnel et clientélisme requiert un esprit sain, libre et académique que seul notre jeunesse possède; cette jeunesse qui témoigne depuis le 17 octobre et surtout apres le 4 août la faillite totale de la "mouhasasa" -
07 h 26, le 14 novembre 2020