Monsieur le Président,
En ces moments pénibles que traverse la France dans sa guerre contre l’islam radical et la perte douloureuse et dramatique de vies humaines innocentes, comment ne pas saluer votre détermination et la force de vos discours qui défendent fermement, envers et contre tout, les valeurs de la laïcité et de la liberté d’expression, parties intégrantes des valeurs républicaines.
Monsieur le Président, comme vous, j’ai HONTE des politiciens libanais, mais j’ai surtout HONTE d’avoir des compatriotes qui se targuent d’être citoyens français alors qu’ils ne se sont pas donné la peine de bien connaître cette France qui a tant donné, qui a soutenu et continue de soutenir les libertés fondamentales des peuples partout dans le monde, leur droit à l’autodétermination, dans un inlassable combat contre toute forme d’injustice et de discrimination partout dans le monde.
Ces « citoyens »-là, Monsieur le Président, osent prétendre que vous (la France) n’avez rien fait pour libérer le Liban de l’occupation israélienne, que vous êtes un ami de Netanyahu, et ils se bercent dans cette conviction que c’est uniquement grâce à la « résistance » que le Liban a été « libéré ».
Leur mémoire à ces « citoyens »-là est soit défaillante soit volontairement inexistante ; je vais m’efforcer de la leur rafraîchir.
La France a payé un lourd tribut pour le Liban, le prix du sang de ses soldats et ressortissants sur son sol :
- En 1981, l’ambassadeur de France Louis Delamare est lâchement assassiné à proximité de la Résidence des Pins.
- En 1982, un autre employé de l’ambassade est aussi lâchement assassiné.
- En 1983, la France vole au secours du Liban et envoie ses soldats sur son sol ; le 23 octobre le lâche attentat-suicide du poste Drakkar emporte 58 militaires et 3 légionnaires décèdent d’un tir de roquette à la chancellerie. Les services secrets syriens, ainsi que leurs alliés politiques, sont fortement soupçonnés.
- En 1985, 1986 et 1987, des diplomates français et des journalistes sont enlevés ; l’un d’eux meurt en captivité ; là aussi l’identité des terroristes auteurs de ces enlèvements ne prête pas à équivoque.
De plus, au fil des années, l’ONU, grâce à la dynamique de la France et de l’Europe, a fait d’Israël le pays « le plus condamné » pour ses actions illégales, ses attaques barbares contre la Palestine et le Liban : pas moins de 20 résolutions annuelles adoptées par l’Assemblée de l’ONU exigent la fin de l’occupation de la Palestine et condamnent surtout les actes illégaux de l’État d’Israël aux yeux du droit international.
En mai 2018, vous avez personnellement qualifié d’« odieux » les actes commis par l’armée israélienne contre les territoires palestiniens.
En juillet 2006, lorsque après l’attaque du Hezbollah contre une patrouille israélienne, Israël riposte d’une manière sauvage, barbare et dévastatrice, attaquant le Liban et faisant plus de 1 100 morts (dont 30 % d’enfants de moins de 12 ans), 4 400 blessés tous civils, c’est encore la France qui vole au secours du Liban, le 10 août 2006, et met fin à ce bain de feu et de sang par son action diplomatique ferme et avisée.
En mars 2013, c’est encore la France qui vole au secours du Liban en envoyant ses soldats à Jounieh, à la demande du gouvernement et de l’armée libanaise, pour déloger 75 terroristes évadés de la prison de Roumieh.
En avril 2018, dans le cadre de la Conférence de soutien au Liban (Cedre), c’est toujours la France qui mobilise 50 États et organismes pour venir soutenir financièrement l’économie et la modernisation des infrastructures libanaises.
Alors oui, Monsieur le Président, j’ai honte de nos politiciens mafieux qui tiennent en otage tout un peuple, qui l’appauvrissent de jour en jour, qui ont droit de vie ou de mort sur tous les citoyens en déclenchant des guerres sans se soucier des souffrances et de la misère que leurs actes criminels engendrent.
Mais surtout, j’ai honte de voir encore des compatriotes qui les défendent, qui les soutiennent et qui trouvent le moyen de justifier leurs actes (référence à votre conférence de presse « c’est vous qui les avez élus »).
Et oui, Monsieur le Président, je salue à travers vous la France !
Je la salue pour son incroyable mobilisation et son perpétuel soutien à mon pauvre pays, pour sa présence indéfectible à ses côtés, coûte que coûte, pour l’histoire qui unit les noms de nos deux pays à chaque tournant difficile, et je vous remercie du fond du cœur pour ce que vous continuez inlassablement à faire pour le Liban.
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