Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche toutes les parties politiques à "arrêter d'exercer des pressions sur le Premier ministre désigné Saad Hariri", alors que ce dernier cherche à mettre sur pied, depuis une dizaine de jours, son équipe ministérielle. Dans son homélie dominicale, Mgr Raï a estimé que les informations filtrant sur la composition du futur cabinet "ne sont pas rassurantes".
"Jusqu'à quand les personnes concernées, qu'il s'agisse de responsables, politiciens, ou partis, vont-elles entraver la formation du nouveau gouvernement et de quel droit le font-ils ?", a lancé Mgr Raï lors de son homélie dominicale à Bkerké. "N'ont-ils pas honte ?", s'est-il offusqué, accusant certaines formations de ne pas chercher à protéger "des principes constitutionnels et des valeurs nationales, mais leur attachement à leurs quotes-parts et aux portefeuilles confessionnels". "Et pendant ce temps, les Libanais ne trouvent pas à manger et font leurs bagages pour émigrer", a souligné le patriarche, déplorant un "crime contre la nation et les citoyens".
"Que toutes les parties arrêtent d'exercer des pressions sur le Premier ministre désigné, afin qu'il puisse, en coopération avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, annoncer la formation d'un gouvernement à la hauteur des défis", a exhorté le chef de l'église maronite. "Ce qui filtre concernant le futur gouvernement n'est pas rassurant", a-t-il poursuivi.
Intérêts personnels et loyautés étrangères
Le patriarche a par ailleurs dénoncé "une confusion entourant des intérêts personnels et des loyautés étrangères, l'absence des autorités, le chaos administratif et sécuritaire en raison de la prolifération des armes illégales, les vols, les attaques, la contrebande et la politisation de la justice".
Saad Hariri cherche à former, en coordination avec le président Aoun, et le concours des formations politiques, un gouvernement d'experts, capable de mener les réformes réclamées par la communauté internationale, à leur tête la France, dans le cadre de l'initiative lancée par Paris le 1er septembre dernier à Beyrouth. Alors qu'une atmosphère d'optimisme semblait prévaloir ces derniers jours, laissant croire à une formation imminente du gouvernement, celle-ci a laissé place à une atmosphère plus prudente de la part des dirigeants, au moment où le partage des parts au sein du prochain cabinet bat son plein entre les partis.
De son côté, le patriarche grec-catholique Joseph Absi a appelé à la mise sur pied d'une équipe "réduite", dans laquelle sa communauté serait représentée par un ministre. Dans un communiqué publié par son bureau de presse, Mgr Absi a exhorté Michel Aoun et Saad Hariri à "ne pas se montrer injuste envers les différentes confessions". "Nous ne serons satisfaits d'aucun gouvernement au sein duquel les grecs-catholiques melkites ne seraient pas bien représentés", a-t-il ajouté.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a pour sa part glissé une phrase critiquant les responsables libanais dans son homélie. "La vie est courte, alors pourquoi autant s'attacher à des positions de pouvoir, des titres, l'argent et des possessions matérielles ?", a-t-il lancé. "Il y a peu, nous avons appris que tout peut disparaître en quelques instants seulement. Quelqu'un a-t-il tiré une leçon de ce qu'il s'est passé ?", a ajouté Mgr Audi, en référence à la double explosion du 4 août.
commentaires (6)
Moudawara est le mot important fans la formation du gouvernement... Allah yirhamik ya Piaf...nos valeureux politrèscrétins nous font tourné la tête et même à nos hommes religieux...espérons que l'enfer soit plus doux que nos conditions actuelles...
Wlek Sanferlou
19 h 08, le 01 novembre 2020