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Moyen-Orient - Irak

Les derniers manifestants ont quitté Tahrir, bastion de la révolte à Bagdad

"Ce que les pelleteuses emportent sur Tahrir, ce ne sont pas des débris, mais l'histoire d'un peuple écrite il y a un an en octobre et qui continue à s'écrire", affirme un internaute.

Les derniers manifestants ont quitté Tahrir, bastion de la révolte à Bagdad

Un policier irakien supervise le démantèlement de tentes de manifestants sur la place Tahrir, à Bagdad, le 31 octobre 2020. Photo REUTERS/Khaled Al-Mousily

Plus aucune tente ni photo des "martyrs" et les manifestants sont rentrés chez eux. Sur la place Tahrir à Bagdad, la vie a repris son cours après une opération militaire pour faire place nette après un an de "révolution".

Certains en pleurs ont lancé des appels sur les réseaux sociaux, d'autres, assis à même le sol sur l'emblématique place, refusent de parler à la presse au milieu d'un impressionnant déploiement policier. Les jeunes, fer de lance de la révolte inédite née le 1er octobre 2019 et marqués par des violences qui ont fait près de 600 morts et 30.000 blessés, sont sous le choc.
"Ce que les pelleteuses emportent sur Tahrir, ce ne sont pas des débris, mais l'histoire d'un peuple écrite il y a un an en octobre et qui continue à s'écrire", affirme un internaute.

Leur mouvement qui réclame le départ de la classe politique, la fin de la corruption, des emplois et des services de base, s'était essoufflé au début de l'année. D'abord du fait de la flambée des tensions entre les ennemis iranien et américain sur le sol irakien et ensuite de la pandémie mondiale de Covid-19. Mais aujourd'hui, en rouvrant le rond-point de Tahrir aux voitures et en enlevant avec des grues les blocs de béton qui barraient le pont al-Joumhouriya, les autorités ont symboliquement mis fin au mouvement de protestation. "La réouverture de ces lieux ne signifie pas que la révolte est terminée", veut malgré tout croire Kamal Jabar, l'une des figures de la "révolution d'octobre".

Elections et réformes en doute
De fait, des défilés étudiants continuent d'avoir lieu dans des villes du sud du pays, qui avaient été gagnées elles aussi par la révolte. Mais ils sont sans commune mesure avec ceux de l'an dernier. "Les manifestants ont perdu une bataille mais le mouvement continue et tente maintenant de se constituer en organisations politiques", assure M. Jabar à l'AFP.

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Le Premier ministre Moustafa al-Kazimi, nommé en mai pour sortir le pays du marasme politique et économique, veut lui aussi ramener la question sur le terrain politique. Il a promis des législatives anticipées en juin et des réformes majeures. Mais pour l'ensemble des politiciens, ce délai est intenable, ne serait-ce que pour des questions pratiques. Quant aux réformes, elles n'ont pas été proposées et, si elles le sont, elles provoqueront de vifs débats avec un Parlement majoritairement proche de l'Iran et de plus en plus hostile à M. Kazimi. Si ce dernier se revendique de la "révolution d'octobre", il a sifflé samedi la fin de partie sur Twitter, saluant "un retour à la vie normale". "Les élections libres et transparentes sont notre prochain rendez-vous pour le changement, enclenché par les jeunes il y a un an", a-t-il ajouté.

Pire crise
La place Tahrir et son immense monument de la Liberté ont été le symbole ultime du mouvement qui a rassemblé des centaines de milliers d'Irakiens en octobre 2019 et paralysé durant des mois la capitale irakienne et le sud du pays.
Le pont al-Joumhouriya, qui relie Tahrir à la Zone verte -quartier bunkérisé où vivent dirigeants irakiens et diplomates américains- a été l'incarnation des violences qui ont ensanglanté la révolte. C'est sur cet ouvrage bloqué alors par des murs de béton que des dizaines de jeunes manifestants ont été tués et que les affrontements se sont concentrés.

Aujourd'hui, le confinement et la chute des cours du pétrole ont précipité l'Irak dans sa pire crise économique et fait doubler le taux de pauvreté à 40%. Dans ce contexte, de plus en plus de voix avaient réclamé la réouverture de Tahrir et du pont Al-Joumhouriya pour fluidifier le trafic à Bagdad qui compte 10 millions d'habitants. Et surtout pour relancer le commerce dans le centre de la deuxième capitale la plus peuplée du monde arabe.

Plus aucune tente ni photo des "martyrs" et les manifestants sont rentrés chez eux. Sur la place Tahrir à Bagdad, la vie a repris son cours après une opération militaire pour faire place nette après un an de "révolution".Certains en pleurs ont lancé des appels sur les réseaux sociaux, d'autres, assis à même le sol sur l'emblématique place, refusent de parler à la presse au milieu d'un...

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