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Société - Liban

Place des Martyrs, comme un air de guerre des "poings"...

Un nouvelle structure de 13m est en cours d'installation à côté du poing original. Ce projet est financé par une radio qui semble proche de Baha' Hariri, frère et rival politique de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, dont des partisans présumés seraient derrière l’incendie, mercredi soir, du premier poing.

Place des Martyrs, comme un air de guerre des

Un deuxième point était érigé, jeudi matin, devant le poing original de la thaoura, sur la place des Martyrs, à Beyrouth. Photo Carla Henoud

Nouveau rebondissement sur la place des Martyrs, haut-lieu de la contestation anti-pouvoir à Beyrouth : un deuxième poing a été installé en fin de matinée jeudi, à quelques pas de celui érigé en pleine nuit par des manifestants refusant de baisser les bras après l'attaque menée, mercredi soir, par des partisans présumés de Saad Hariri. Une attaque qui avait mené à l'incendie de cette structure dessinée par Tarek Chehab et devenue le symbole de la révolution du 17 octobre 2019.

"Au lieu d'un poing, ils en ont deux maintenant"

Selon les premières informations disponibles, c'est une radio en ligne, Sawt Beirut international, qui a financé ce nouveau poing de 13 mètres de haut sur lequel la mention "Thaoura" (révolution en arabe, ndlr) a été remplacée par un "Lil watan" (pour la nation, ndlr). Il semblerait, selon des témoignages recueillis sur place, que cette radio soit proche de Baha' Hariri, frère de l'ex-Premier ministre et candidat pour diriger un nouveau gouvernement. Ces derniers mois, les tensions sont allées crescendo entre les deux frères.


"Au lieu d'un poing, ils en ont deux maintenant", lance Hadi Mrad, qui affirme être un militant "de la contestation populaire", en s'adressant aux partisans de Saad Hariri, dans un témoignage recueilli jeudi matin par notre journaliste sur place, Carla Henoud. Il confirme que Sawt Beirut International "est affiliée à Baha' Hariri" et a "participé au financement de ce projet". "Hier, la radio nous a appelés à descendre sur place afin de prendre part à l'installation de ce poing. Je ne dis pas que Baha' Hariri est mieux que son frère, mais il n'a pas collaboré avec cette classe politique. S'il s'avère capable d'apporter du changement, qu'il en soit ainsi. Nous ne refusons personne en tant que révolutionnaires", explique-t-il.

L'Orient-Le Jour a tenté, en vain, de joindre l'avocat Nabil Halabi, proche de Baha' Hariri.

Le poing original de la révolution, symbole de la thaoura qui vient de marquer son premier anniversaire, avait été brûlé en soirée mercredi par des partisans de Saad Hariri. Si le courant du Futur, qu'il dirige, a nié toute implication, le poing a bien été brûlé à l’issue d’un face à face tendu entre des partisans de l’ancien Premier ministre et des contestataires s’opposant à la nomination, en cours ce jeudi jeudi, de ce dernier à la tête de l’exécutif.

Après l'incendie du poing, les contestataires n'ont pas tardé à réagir. C'est à 5h du matin, jeudi, que Tarek Chehab, qui a dessiné et conçu le poing, et son équipe ont ainsi fini d'ériger, au même endroit, un nouveau poing. Le travail avait commencé mercredi à 21h. "Nous avons choisi d'installer le poing tard dans la nuit pour éviter tout clash ou provocation (avec des partisans de quelques partis politiques que ce soit). Nous n'avons aucun message politique autre que celui d'un peuple qui se bat pour remettre le Liban debout", confie le jeune homme à L'Orient-Le Jour. "J’ai été interrogé par l’armée, la police et les services des renseignements et j’ai fini par avoir l’autorisation d’installer le poing en 20 minutes".

Le poing de la révolution 3.0, installé mercredi soir et signé Tarek Chehab. Photo Carla Henoud

Pour lui, ce poing est "un repère" et il se devait de l'installer à nouveau. "Il doit rester sur la place des Martyrs jusqu’à ce que nous ayons un Liban meilleur. Ce poing vient nous rappeler que le chemin est encore long. Il symbolise nos espoirs, nos blessures et nos déceptions", poursuit-il.

"Poing 3.0"

C’est pourquoi sur une face du poing, il a choisi d’écrire "révolution" et sur l’autre "pour le Liban". Il a aussi ajouté l’inscription "Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas le massacre du 4 août", en référence à la double explosion du port qui a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et dévasté des pans entiers de la capitale, laissant 300.000 sans abri. "La peine qu’a laissé en nous le 4 août va nous suivre tout au long de nos vies à cause de dirigeants et responsables inhumains", poursuit-il, confiant avoir perdu deux des employés travaillant dans sa compagnie dans la double explosion. "Ce drame nous a secoués à tous". Père d'un enfant de 5 mois, le jeune homme a vécu l'horreur de l'explosion de près. Son fils a été blessé et sa maison "à moitié détruite".

Sur le poing, Tarek Chehab a aussi pris le soin d’ajouter l’inscription "version 3.0". 3.0, parce que ce n’est pas la première fois que le poing de la révolution est brûlé puis remplacé. Il y a presque un an, le 22 novembre 2019, les Libanais s’étaient réveillés sur les images désolantes du symbole de la révolution en flammes. Là encore, il l’avait remplacé en quelques heures avec l'inscription version 2.0.

Nouveau rebondissement sur la place des Martyrs, haut-lieu de la contestation anti-pouvoir à Beyrouth : un deuxième poing a été installé en fin de matinée jeudi, à quelques pas de celui érigé en pleine nuit par des manifestants refusant de baisser les bras après l'attaque menée, mercredi soir, par des partisans présumés de Saad Hariri. Une attaque qui avait mené à l'incendie...

commentaires (5)

Toute mon admiration et mes respects à Tarek Chehab pour votre détermination et votre travail de refaire et réinstaller en quelques heures le POING qui est devenu le symbole de la dignité du peuple libanais. Ils détruisent et vous et nous reconstruisons. Ne baissez jamais les bras LE PEUPLE GAGNERA ET SE RELÈVERA. Ça prendra du temps peut-être mais le changement se fera. FAUT Y CROIRE. Bravooo Tarek ???

Khoury-Haddad Viviane

22 h 03, le 22 octobre 2020

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Commentaires (5)

  • Toute mon admiration et mes respects à Tarek Chehab pour votre détermination et votre travail de refaire et réinstaller en quelques heures le POING qui est devenu le symbole de la dignité du peuple libanais. Ils détruisent et vous et nous reconstruisons. Ne baissez jamais les bras LE PEUPLE GAGNERA ET SE RELÈVERA. Ça prendra du temps peut-être mais le changement se fera. FAUT Y CROIRE. Bravooo Tarek ???

    Khoury-Haddad Viviane

    22 h 03, le 22 octobre 2020

  • Mais où était donc Mme Aoun ? Elle qui se permet d’envoyer des mandats d’arrêt aux domiciles des libanais résistants et connaît leurs adresses et familles pour faire pression. Les forces de l’ordre n’ont pas pu comme par hasard identifier les responsables. C’est devenu plus que honteux cette excuse à deux balles. Vivement un changement radical de toutes ces institutions bancales, sectaires et incompétentes.

    Sissi zayyat

    12 h 13, le 22 octobre 2020

  • Quel message veulent ils nous faire passer en brûlant un symbole de notre résistance? C’est perdu d’avance. Nous continuerons à lutter contre ces voleurs vendus tant qu’il y aura un libanais patriotique sur notre sol. Avant c’était les voitures piégées et maintenant du feu pour accuser l’autre et semer la zizanie qui a du mal à avoir lieu tellement on est habitué à ses leurres et magouilles et des explosions sous forme d’accident? Vous ne nous aurez pas à l’usure c’est une promesse. Nous rebâtirons notre pays sans vous plus grand et plus prospère.

    Sissi zayyat

    12 h 06, le 22 octobre 2020

  • assez de mensonges , assez d'hypocrisie. tous les anti developpement de notre systeme archaïques sous le meme label de mafieux pourris. qu'ils soient au pouvoir ou pas !

    Gaby SIOUFI

    11 h 14, le 22 octobre 2020

  • De décadence à décadence malheureusement c'est aussi l'image de notre monnaie ...Fallait placer cette bêtise dans la descente du port à côté de la statue de l'émigré très promettant et indicative de notre future.

    aliosha

    09 h 35, le 22 octobre 2020

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