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Culture - Exposition

Quand la révolte des artistes est ravivée par le drame du 4 août

« Beyrouth 2020 ». L’intitulé de cet accrochage collectif organisé par la galerie Janine Rubeiz résume son propos, tout simplement inspiré d’une année noire pour le Liban.

Quand la révolte des artistes est ravivée par le drame du 4 août

Ahmad Ghaddar, « Death fine » (encre et acrylique sur papier, 2020 ; 14 x 15,5 cm).

Fin 2019, Nadine Begdache avait été la première galeriste de la place à accompagner le mouvement de contestation du 17 octobre en organisant une exposition collective ouverte à tous les artistes qui avaient quelque chose à exprimer sur le sujet. Et ils avaient été nombreux, les inspirés par la thaoura…

Un an plus tard, c’est une nouvelle sélection d’œuvres qui porte cette fois le témoignage d’une année dévastatrice pour le Liban, avec son point d’orgue le 4 août, qu’elle accroche sur les cimaises de sa galerie Janine Rubeiz, à Raouché.

L’art, plus que jamais reflet des remous et bouleversements de son temps ! Voilà le propos de cette exposition qui mélange les styles, les médiums et les générations d’artistes, pour rassembler dans un même élan leurs voix dénonciatrices de la violence, du despotisme, de l’incurie et de l’insensibilité, voire de la monstruosité de ceux qui nous gouvernent.

Index levés et nuages de nitrate

Car c’est cette lecture qui jaillit de l’ensemble des peintures, dessins, sculptures, installations et photographies réunis dans ce « Beyrouth 2020 ». Une narration, à travers un peu plus d’une vingtaine de pièces, de l’accumulation de crises, de revers, de barbaries et de drames que subit depuis un an – et même bien avant ! – la population d’un pays à l’agonie. Une étape sombre de l’histoire du Liban relatée à travers des créations intelligentes et sensibles, et dont la noirceur du récit est souvent paradoxalement contrebalancée par l’éclat des couleurs.

Des œuvres qui, depuis cet index levé, symbole de toutes les menaces, dessiné de manière répétitive par Adlita Stephan, jusqu’aux diverses représentations du nuage de nitrate qui a dévasté la moitié de la ville (signées entre autres Alain Vassoyan, Leila Jabre Jureidini ou Élie Bourgély), sont les fruits d’une révolte ravivée par le drame de la double explosion du port de Beyrouth.

Une vue de l’exposition « Beyrouth 2020 » qui se tient à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 27 novembre. Photo DR

Un oiseau sur une contravention…

Si « les cicatrices physiques et émotionnelles laissées par l’explosion qui a frappé Beyrouth le 4 août 2020 » forment le sujet récurrent de la sélection présentée jusqu’au 27 novembre, leurs représentations artistiques, frontales ou symboliques sont aussi diverses et variées que les styles et les tempéraments de leurs auteurs. Lesquels se divisent en l’occurrence entre artistes maison (dont les fameux Hannibal Srouji, Jamil Molaeb et Laure Ghorayeb) et de nouveaux venus au talent prometteur. Comme Ghada Zoghbi qui montre une maîtrise certaine du pinceau ; l’altiste Ribal Molaeb qui s’avère aussi flamboyant chantre des couleurs que des notes de musique ; Carole Chaker qui réussit sa transition de muraliste en peintre sur toile… Et Ahmad Ghaddar, tout juste diplômé des beaux-arts de l’Université libanaise, que l’on peut considérer comme la révélation de cette collective tant le petit dessin qu’il y présente se démarque par la force de sa technique et de son discours. Son poignant oiseau inanimé, classiquement peint à l’encre et l’acrylique sur un carton jaune de contravention, rend un subtil hommage à cette famille qui, il y a quelques mois, avait été empêchée de récupérer le corps de son défunt père de la morgue avant d’avoir réglé à l’État... l’amende de circulation impayée !

Autre pièce forte de cette collective: Nitrate 2020 de Selim Mawad, l’universitaire et activiste dont la thaoura avait fait éclore, il y a quelques mois, le talent pictural. Et qui présente, cette fois, une acrylique sur toile directement inspirée de la tragédie du 4 août, et toujours habitée par ses symboliques figures moitié humaines moitié bestiales.

Le reflet de nos réalités

Si la grande majorité des œuvres accrochées ont été réalisées à chaud après les explosions du port, certaines, bien que moins récentes (à l’instar du dessin de Laure Ghorayeb ou de l’installation portant le deuil de Beyrouth de Ara Azad) collent pertinemment à la triste actualité.

Il est difficile d’évoquer dans ces lignes toutes les pièces intéressantes. Elles le sont quasiment toutes. Car elles « reflètent nos réalités personnelles et collectives, aussi violentes soient-elles », comme le formule si justement Nadine Begdache. La galeriste signale aussi qu’en plus du soutien aux artistes qui souffrent particulièrement en cette année difficile, cette exposition a également pour objectif d’aider à la remise sur pied du Foyer Saint-Georges (Achrafieh). Une partie des recettes des ventes seront donc reversées à ce centre de soins pour personnes âgées affilié à l’Hôpital grec-orthodoxe, gravement endommagé par l’explosion du 4 août.

Quand l’art est à la fois révolte et solidarité, il est conseillé d’aller faire un tour pour le découvrir…

« Beyrouth 2020 » à la galerie Janine Rubeiz, Raouché, imm. Majdalani. Jusqu’au 27 novembre, du mardi au vendredi, de 10h à 15h.

Les artistes exposés

Ara Azad, Rached Bohsali, Myriam Boulos, Élie Bourgély, Laure Ghorayeb, Mansour el-Habre, Joseph Harb, Leila Jabre Jureidini, Sélim Mawad, Jamil Molaeb, Ribal Molaeb, Hannibal Srouji, Adlita Stephan, Alain Vassoyan, Ali Allouche, Carole Chaker, Petram Chalach, Kassem Dabaji, Ahmad Ghaddar, Tarek Haddad, Sami al-Kour et Ghada Zoghbi.

Fin 2019, Nadine Begdache avait été la première galeriste de la place à accompagner le mouvement de contestation du 17 octobre en organisant une exposition collective ouverte à tous les artistes qui avaient quelque chose à exprimer sur le sujet. Et ils avaient été nombreux, les inspirés par la thaoura… Un an plus tard, c’est une nouvelle sélection d’œuvres qui porte cette fois le...

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LES REVOLTES EN CHANSONS ET PEINTURES N,APPORTENT RIEN D,AUTRE QU,UN PEU D,EGAIEMENT MEME PAS DE L,ESPOIR. C,EST LA REVOLUTION VIVANTE SUR LE TERRAIN ET EN ACTES QUI COMPTE ET QUI PEUT TOUT CHANGER. AU LIBAN SEULE L,UNION CONFESSIONNELLE ET COMMUNAUTAIRE DE LA CONTESTATION PEUT LA TRANSFORMER EN UNE FORCE REVOLUTIONNAIRE DU CHANGEMENT TANT ATTENDU PAR LE PEUPLE. ALLEZ DE L,AVANT.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 58, le 19 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • LES REVOLTES EN CHANSONS ET PEINTURES N,APPORTENT RIEN D,AUTRE QU,UN PEU D,EGAIEMENT MEME PAS DE L,ESPOIR. C,EST LA REVOLUTION VIVANTE SUR LE TERRAIN ET EN ACTES QUI COMPTE ET QUI PEUT TOUT CHANGER. AU LIBAN SEULE L,UNION CONFESSIONNELLE ET COMMUNAUTAIRE DE LA CONTESTATION PEUT LA TRANSFORMER EN UNE FORCE REVOLUTIONNAIRE DU CHANGEMENT TANT ATTENDU PAR LE PEUPLE. ALLEZ DE L,AVANT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 58, le 19 octobre 2020

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