Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a donné samedi ses directives à la délégation libanaise chargée de négocier dans quatre jours avec Israël la démarcations des frontières maritimes et terrestres entre les deux pays, suite à la conclusion d'un accord-cadre avec l'État hébreu annoncé le 1er octobre par le président du Parlement Nabih Berry.
"Sur directives du président de la République, Michel Aoun, le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, s'est entretenu à son bureau à Yarzé avec la délégation en charge des négociations sur la délimitation des frontières", a annoncé l'institution militaire dans un communiqué.
"Au cours de cette réunion, le commandant en chef a donné ses directives essentielles au démarrage du processus de négociation en vue de délimiter les frontières maritimes en prenant comme repère la ligne qui va de Ras el-Nakoura, sur terre, et qui se prolonge en mer en vertu de la technique dite de la ligne médiane, sans que cela ne soit impacté par les îles côtières appartenant à la Palestine occupée. le tout, en se référant à une étude préparée par le commandement de l'armée, dans le respect des lois internationales", explique la troupe. La ligne médiane est le tracé dont chaque point est équidistant du point le plus proche sur la ligne de base libanaise et celui de l’État voisin (en d’autres termes Israël). Elle démarre à partir du point de rencontre de la ligne de 1923 à Nakoura avec la ligne des côtes, comme le rappelait dans L'Orient-Le Jour Marie Ghantous, professeur de droit international public à l’USJ. "Actuellement, et en l’absence de la ligne de base (qui suit la ligne de basse mer, c’est-à-dire la marque la plus éloignée laissée par les vagues sur la côte), c’est la seule ligne que peut tracer le Liban. Son exactitude n’est cependant pas garantie. Israël n’a pas manqué de fonder sa contestation sur ce point", soulignait-elle.
Le Liban et l'État hébreu doivent entamer le 14 octobre des discussions, sous la médiation de l'ONU et des États-Unis, pour une délimitation de leurs frontières terrestres et maritimes. La question est cruciale pour un Liban en plein effondrement économique et qui s'est lancé ces dernières années dans la prospection d'hydrocarbures au large de ses côtes. En 2018, le pays a signé son premier contrat d'exploration pétrolière pour deux blocs off-shore avec un consortium international mais une partie d'un des deux blocs se trouve dans la zone maritime disputée avec Israël.
L'armée libanaise n'a pas communiqué les noms des membres de la délégation libanaise. Mais selon notre correspondante Hoda Chedid, elle serait formée du général Bassam Yassine, qui occupe actuellement le poste de chef d’état-major adjoint pour les opérations, et qui est originaire de Kfar Tebnit (Nabatiyé), du colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces maritimes, un spécialiste du dossier des frontières maritimes, et de l'expert en droit international Nagib Massihi, qui collaborait avec le commandement de l’armée dans le domaine de la cartographie. Le président sortant du conseil d'administration de l'Autorité de l'énergie (LPA), Wissam Chbat, ainsi que l'ambassadeur Hadi Hachem, devraient également faire partie de la délégation. La LPA est principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures off-shore au Liban.
Côté israélien, la délégation sera composée de six membres dont Udi Adiri, directeur général du ministère de l'Énergie, Reuven Azar, un conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le général de bridage Oren Setter, chef de la direction des Affaires stratégiques de l'armée. Le secrétaire d’État adjoint américain pour le Moyen-Orient, David Schenker, est attendu la semaine prochaine à Beyrouth pour participer à ces réunions qui se tiendront au quartier général de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban à Nakoura, sous les auspices de l'ONU. D'après l'Organisation internationale, Washington encadrera les discussions sur les frontières maritimes tandis que celles sur le litige terrestre seront supervisées par la Finul, la force de maintien de la paix onusienne déployée au Liban-Sud. La frontière entre les deux pays reste le théâtre d'incidents sporadiques. La dernière grande confrontation entre le Hezbollah et Israël remonte à l'été 2006, quand une guerre dévastatrice d'un peu plus d'un mois a fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des militaires.
"Piège"
Réagissant à ces développements, le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joubmlatt a mis en garde contre une délégation "politique israélienne". "Face à l'insistance de l'ennemi à former une délégation politique et non seulement technique (...), nous renouvelons notre mise en garde aux autorités libanaises afin qu'elles ne tombent pas dans le piège qui consiste à modifier la composition de la délégation libanaise en y incluant des personnalités à caractère politique". "La délimitation des frontières est une question juridique et technique pure. C'est pourquoi les négociations doivent se limiter à cet aspect uniquement. Les membres de la délégation libanaise devraient être uniquement des personnalités jouissant de compétences en la matière. Adopter d'autres options risque de créer des divisions (...)", a prévenu le PSP.
Réagissant à l'annonce des négociations pour la première fois, le Hezbollah a affirmé que ce processus n'est ni une "réconciliation" ni une "normalisation" avec Israël. "L’accord-cadre sert à délimiter les frontières, ni plus ni moins", avait pour sa part affirmé Nabih Berry, faces aux critiques de ses détracteurs.
Le pays est gouverné par les Aoun!!!
19 h 22, le 11 octobre 2020