Quelques heures après avoir été appelée en renfort dans la région de Baalbeck pour restaurer l'ordre après des parades militaires de clans rivaux sur fond de vendetta, l'armée libanaise a procédé à quatorze arrestations et à la saisie de nombreuses armes légères, moyennes et lourdes, ainsi que des munitions, poursuivant également ses patrouilles dans le secteur, photos à l'appui.
Sur son site, la troupe a annoncé, dans la nuit de mercredi à jeudi, avoir arrêté "quatorze personnes qui se déplaçaient à bord de deux voitures dans le secteur de Sahel Hrabta, dans la Békaa-Nord, avec en leur possession des armes et des munitions".
"Ces armes ont été saisies et les détenus ont été déférés devant les instances compétentes", a expliqué l'armée, faisant savoir que les militaires "maintiennent leurs mesures sécuritaires dans la Békaa à la poursuite de tous ceux qui portent atteinte à la sécurité, et effectuent des patrouilles et dressent des barrages ponctuels dans la région".
توقيف ١٤ شخصاً في البقاع ومصادرة أسلحة#الجيش_اللبناني #LebaneseArmyhttps://t.co/HDjNa0FNFt pic.twitter.com/gxvTxP47pS
— الجيش اللبناني (@LebarmyOfficial) October 7, 2020
Sur Twitter, l'armée a publié une vidéo qui montre de longues colonnes de véhicules blindés et d'autres légers patrouillant sur des axes routiers de la Békaa. Des photos des armes saisies y apparaissent aussi.
Toutefois, sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont estimé que ces arrestations ont été réalisées uniquement pour la forme, sachant que sur les images montrant les clans rivaux parader avec leurs armes, des dizaines de miliciens y apparaissent.
"Dérapages sécuritaires"
Le président du Conseil supérieur islamique chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a dans ce contexte appelé l'Etat à "assumer ses responsabilités vis-à-vis des citoyens, en commençant par assurer la sécurité et la stabilité et en mettant un terme aux dérapages sécuritaires ayant eu lieu dernièrement dans différentes régions du pays, et notamment à Baalbeck et dans le Hermel".
Tout s'est accéléré dimanche, lorsque, selon des habitants de Baalbeck, des membres du clan Jaafar, arrivés à bord de voitures tout-terrain, ont abattu, en plein jour, un membre du clan Chamas dans son magasin situé dans la ville. Un meurtre motivé par une vendetta vieille de plus de deux ans. Après le crime, ces hommes armés sont revenus, sans être inquiétés le moindre du monde, au quartier Charawné, fief de leur clan, où ils ont "célébré" leur vengeance par des tirs d’armes lourdes et moyennes. En 2017, deux membres du clan Chamas avaient en effet tué un membre de la famille Jaafar, et des informations ont circulé selon lesquelles la libération des meurtriers serait proche. Depuis le meurtre de dimanche, des vidéos circulent largement sur les réseaux sociaux montrant des hommes nombreux et lourdement armés, certains à côtés de véhicules équipés de mitrailleuses. Ces images montrent, a priori, des membres des deux clans, Jaafar et Chamas. Ces miliciens ont même dressé des barrages sur certaines routes de la région, provoquant la panique.
Le mohafez de la région de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, a tiré la sonnette d'alarme mercredi soir, estimant que "ce qui se passe est extrêmement dangereux pour la région de Baalbek-Hermel et ses habitants". Il avait également annoncé l'envoi de l'armée en renfort.
Plusieurs clans chiites sévissent dans la région de Baalbeck. Ils sont connus pour être plus ou moins lourdement armés et font souvent la une des informations dans des affaires de vols de véhicules, de crimes, ou de trafics en tout genre. Parmi ces principaux clans, on retrouve les familles Jaafar, Chamas, ou encore Zeaïter. Le site d'information Al-Modon rappelle que si le clan Jaafar est connu pour ses pratiques violentes, celui de Chamas était jusque-là réputé pour être plus pacifiste, jusqu'à ce que ces images circulent.
commentaires (5)
Waouh. 14 individus arrêtés. Même dans les rangs des manifestants non armés ils ont fait beaucoup mieux. De la poudre aux yeux. Voyons maintenant ce que la justice va en faire. On va bien rigoler d’eux et de leur autorité. Au moins un sujet qui nous arrachera un sourire jaune. Bande d’impotents.
Sissi zayyat
11 h 50, le 09 octobre 2020