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Moyen-Orient - Golfe

Israël, Iran/Arabie, économie : les grands chantiers du nouvel émir du Koweït

Israël, Iran/Arabie, économie : les grands chantiers du nouvel émir du Koweït

Abdallah de Jordanie avec le nouvel émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah ,au Koweït le 1er octobre 2020. Photo AFP

Normalisation avec Israël, équilibre entre l’Iran et l’Arabie saoudite, choix d’un prince héritier et gestion d’une crise économique exacerbée par le Covid-19 et la chute du prix du pétrole : les grands chantiers ne manquent pas pour le nouvel émir du Koweït. Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah a remplacé à 83 ans son demi-frère, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, décédé à 91 ans après avoir dominé pendant des décennies la vie politique de ce riche petit émirat pétrolier à la vie politique agitée, dans une région instable.

Dans son discours d’intronisation mercredi devant le Parlement, cheikh Nawaf a appelé à l’unité nationale compte tenu des défis qui l’attendent. « Calme et pondéré mais capable de prendre des décisions difficiles », a résumé Mohammad al-Faily, un constitutionnaliste qui enseigne aussi le droit public à l’Université de Koweït, en parlant du nouvel émir. Mais d’autres experts estiment qu’il n’a pas la stature de son prédécesseur, un vieux routier de la politique qui a fait du Koweït un médiateur respecté.

« Cheikh Nawaf n’a que très peu participé à la vie publique du Koweït, n’ayant pas réussi à se constituer un réseau politique solide », a ainsi déclaré Cinzia Bianco, spécialiste du Golfe au sein de l’European Council on Foreign Relations. « La perte de Sabah sera profondément ressentie, à la fois en raison de son rôle éminent de diplomate et de médiateur régional et en tant que figure fédératrice au niveau national », a déclaré pour sa part Kristin Diwan, de l’Arab Gulf States Institute à Washington.

Normalisation improbable

« Les Koweïtiens ont apprécié sa capacité à maintenir l’émirat en dehors des conflits et des rivalités régionales », a-t-elle souligné. Au niveau extérieur, le nouvel émir est attendu sur la normalisation avec Israël, selon Ibrahim Dichti, un analyste politique qui évoque des pressions américaines pour amener l’émirat à suivre l’exemple des Émirats arabes unis et de Bahreïn. « Il est clair que (le président américain Donald) Trump va pousser le Koweït à signer avec Israël, et le prochain gouvernement pourrait le faire, mais il sera confronté à un rejet populaire », a-t-il estimé. « La normalisation avec Israël est très impopulaire auprès de l’opinion publique koweïtienne et rien n’indique que les futurs dirigeants vont vouloir changer la position du Koweït », a toutefois noté Mme Diwan. Selon elle, « l’accent sera mis sur le front intérieur, à savoir sur un consensus sur la ligne de succession ».

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Cinzia Bianco a souligné à ce propos la complexité du choix d’un prince héritier. La Constitution de 1962 donne à l’émir un an pour le faire, mais ce choix doit être entériné par le Parlement. Au cours des dernières années, la famille régnante des Sabah a étalé ses divergences, ponctuées d’accusations de corruption et de complots politiques portées par certains de ses membres contre d’autres.

Trouver un héritier

« Cette compétition qui se déroule en coulisses peut avoir un impact sur la position du Koweït vis-à-vis des relations avec l’Iran et l’Irak ainsi que sur sa capacité de médiation dans la crise du Qatar » en froid avec quatre pays arabes, a souligné Mme Bianco. La politique d’équilibre de Koweït entre l’Arabie saoudite et l’Iran, les deux grands rivaux régionaux, lui a été imposée par « la réalité de la géographie », qui l’a placé à mi-distance entre les deux puissances, a rappelé M. Faily. Au plan intérieur, le débat politique, marqué par les disputes récurrentes entre le gouvernement et le Parlement, se concentre notamment sur le Covid-19 et la place des étrangers qui forment 70 % de la population de 4,8 millions d’habitants.

Le gouvernement veut ramener la proportion des étrangers à 30 % au risque de paralyser certains secteurs de l’économie dépendant de la main-d’œuvre étrangère. Le pays, qui produit quelque 2,2 millions de barils de brut par jour et tire 90 % de ses revenus du pétrole, n’arrive pourtant pas à juguler les déficits budgétaires.

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