La démission du Premier ministre libanais désigné Moustapha Adib constitue une "trahison collective des partis libanais" mais la France restera aux côtés du pays pour l'aider à sortir de la crise qu'il traverse, a-t-on déclaré samedi dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
Moustapha Adib a démissionné samedi après avoir échoué à former un nouveau gouvernement, une décision qui constitue un revers dans la mise en oeuvre du plan porté par la France pour redresser le liban.
"C'est une trahison collective des partis libanais", a-t-on déclaré dans l'entourage d'Emmanuel Macron, rapporte l'agence Reuters. "Il est indispensable d'avoir un gouvernement capable de recevoir l'aide internationale, donc la France ne lâchera pas le Liban", a-t-on ajouté.
En début de soirée, l'Elysée a annoncé que M. Macron tiendra une conférence de presse dimanche sur la situation politique au Liban.
Moustapha Adib a annoncé peu après 11h, samedi, à l'issue d'un entretien avec le président Michel Aoun, son incapacité à former un nouveau gouvernement. Le chef de l'Etat a accepté sa récusation, et a annoncé qu'il prendra "les mesures nécessaires prévues par la Constitution".
Le 10 août, six jours après la gigantesque explosion au port de Beyrouth qui a fait plus de 190 morts et 6.500 blessés, le gouvernement de Hassane Diab avait démissionné, sous la pression de la rue. Moustapha Adib, qui était ambassadeur du Liban en Allemagne, avait alors été nommé le 31 août pour former un nouveau cabinet, quelques heures avant l'arrivée du président français, Emmanuel Macron à Beyrouth, le 1er septembre.
Moustapha Adib était appelé à former, conformément à l'initiative française visant à sortir le Liban de sa crise, un cabinet de "mission" restreint regroupant des spécialistes indépendants. Le principal obstacle rencontré par le Premier ministre désigné dans ses tractations concernait le portefeuille des Finances, réclamé par le Hezbollah et le mouvement Amal. Ces deux formations exigent qu'une "personnalité chiite" soit nommée à la tête de ce ministère qui, selon elles, doit être exclu du principe de rotation des portefeuilles défendu par M. Adib et soutenu par plusieurs parties dont les anciens Premiers ministres sunnites, avec à leur tête Saad Hariri. Et elles exigent de proposer elles-mêmes les noms des autres ministres chiites au sein du cabinet. Il y a quelques jours, M. Hariri avait toutefois fait une ouverture, en acceptant qu'un chiite, indépendant, reste à la tête du ministère des Finances, cette fois-ci seulement.
Avec la récusation de M. Adib, le Liban est de nouveau dans l'impasse, au niveau de la formation du nouveau cabinet. Une situation d'autant plus grave que les bailleurs de fonds étrangers répètent qu'aucune aide structurelle ne sera allouée au Liban sans le lancement de réformes désormais bien identifiées.
commentaires (26)
Et jes traîtres ça se fusille !
Yves Prevost
13 h 30, le 27 septembre 2020