On aura tout vu, tout connu dans ce pays décrépi : les crises politiques en rafale avec leur cortège de caprices sectaires imbéciles, les pénuries multitâches à géométrie variable, la déglingue accélérée de la monnaie nationale qui ne vaut même plus son pesant de papier, les ordures ménagères qui exsudent leur nectar et embaument la corruption généralisée quasiment dans le même parfum… Sans compter les vieux briscards de la gabegie qui nous bassinent avec le « prestige » de l’État, sans même se douter qu’il a depuis longtemps tourné raclure de bidet.
Restait encore un domaine dans lequel cette classe politique arriérée n’avait pas encore démontré la plénitude de son talent : la santé publique et les gesticulations coronavirales. Banco ! Servez chaud et passez la soupière ! Depuis quelques jours, c’est chose faite grâce aux élucubrations des ministres de la Santé et de l’Intérieur. On le voyait venir d’ailleurs, le crêpage de touffe des deux baltringues! Le premier, rasé de près mais barbu du dedans, s’est quelque peu emmêlé les babouches en voulant claquemurer le pays tout entier pendant deux semaines. Glapissements frénétiques du second, tout aussi glabre mais ex-trucideur repenti, qui décide d’envoyer son collègue sur les roses. Le tout évidemment au travers d’un scribouillage indigeste sur Twitter, torché par leurs larbins respectifs.
Et comme si la niaiserie du haut ne suffisait pas, il faut aussi se coltiner le sous-développement durable des gens d’en bas. Il fait beau, il fait chaud : masque négligemment entortillé autour du cou, les ploucs de province se curent le nez, se goinfrent et se pelotent sans changer de main, puis s’embrassent en se bavant dessus. « Passe-moi ton virus, que je te refile le mien, il est 100 % bio. » Avec la crise, ce sont les seuls échanges culturels à leur portée. La vie est belle, du moins ce qu’il en reste!
Et puis parlant de province, le pompon de la semaine a fleuri d’une saillie virale auto-immune du député du Akkar Walid Baarini, qui nous a brillamment instruits de son opinion moderniste sur le droit des femmes. « Au Akkar, ce sont les hommes qui décident, pas les femmes, point barre », qu’il rugissait devant sa claque, visiblement déçue que son champion ne puisse pas interdire le sexe féminin. Il aurait pu ajouter : « Salopes, elles ne pensent qu’à ça ! », personne n’aurait bronché.
Au moment du passage le mois prochain à l’heure d’hiver, ce n’est pas d’une heure que cet olibrius éclairé devra retarder sa montre… mais de 150 ans !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (3)
GABY NASR A SA FACON IL CHANTE LES QUATRES VERITES. CA NOUS FAIT RIRE. CA NOUS PEINE. ET LES LEGIONS DIABOLIQUES QUI ONT DETRUIT CE JADIS EN TOUTE CHOSE BEAU PAYS S,ACHARNENT MEME SUR LA CHAROGNE QUI Y RESTE ENCORE POUR LE MOMENT BARBARES ET SALES PREDATEURS.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 27, le 25 septembre 2020