
Amani Danhach. Des partisans du CPL ont obtenu de la société qui l’emploie à Dubaï de prendre des mesures à son encontre. Photo tirée de sa page Facebook
La chasse aux sorcières s’étend désormais hors du territoire. Les partisans du Courant patriotique libre (CPL, composante essentielle du pouvoir en place), ont pu obtenir d’une société émiratie d’hôtellerie qu’elle annule le titre de résidence d’une activiste libanaise, Amani Danhach – alias Ammounz – très suivie sur les réseaux sociaux à cause de ses vidéos satiriques contre le pouvoir, notamment le président Michel Aoun et le chef du CPL Gebran Bassil. Les partisans du CPL ne se contentent donc plus de poursuivre, à travers des campagnes sur les réseaux sociaux et des plaintes en justice, ceux qui critiquent leur camp intra muros. Ils ciblent maintenant leurs détracteurs qui s’expriment à partir de pays où ils ont émigré pour fuir les conditions socio-économiques lamentables dans lesquelles les a plongés l’incurie de la classe au pouvoir. Amani Danhach en a fait tout récemment les frais.
Dès le début du mouvement de contestation, cette Tripolitaine de 32 ans, installée à Dubaï (Émirats arabes unis) depuis 2010, manifeste sa rancœur avec rage mais aussi avec humour contre tous les dirigeants du pays. Son humour est marqué parfois par des mots familiers, un peu à l’excès selon certains.
Dans toutes les vidéos qu’elle diffuse notamment sur Instagram et Facebook, Ammounz s’emploie à jeter de manière acide leurs quatre vérités aux politiciens qu’elle juge incompétents sans distinction aucune. Mais plus particulièrement, elle lance des critiques incisives et virulentes à l’adresse du chef de l’État Michel Aoun, lesquelles suscitent de violentes réactions auprès des jeunes affiliés au CPL dont M. Aoun est le fondateur. Une partisane du courant aouniste, Nahla Abi-Khalil, a révélé vendredi sur les réseaux sociaux avoir adressé un courrier électronique à l’entreprise d’hôtellerie (TOH) auprès de laquelle travaille Amani Danhach à Dubaï, pour l’exhorter à prendre des mesures contre son employée, au motif qu’elle profère des insultes contre le président de la République. En parallèle, elle a également invité le ministère émirati de l’Intérieur à expulser la jeune activiste des Émirats arabes unis. Le mail envoyé a été assorti d’une violente campagne menée par de nombreux partisans du CPL, convertis pour l’occasion en une armée électronique offensive. « Nous voulons le plus grand nombre de retweets (du mail) pour faire parvenir nos voix à l’État qui accueille cette mesquine ayant porté atteinte à la tête de la pyramide (Michel Aoun) », poste sur Twitter un jeune aouniste. Un autre la qualifie de « putain », et un autre encore l’accuse de « propager du poison ». En réaction contre ces attaques et la démarche de Mme Abi-Khalil, de nombreux activistes du mouvement du 17 octobre ont enclenché une campagne hashtag baptisée « Nous sommes tous Ammounz ».
Volonté pernicieuse
Contactée par L’Orient-Le Jour, Amani Danhach affirme qu’elle avait de fait été remerciée par son entreprise il y a déjà six mois, suite à une réduction du travail dans le secteur hôtelier, provoquée par la propagation du Covid-19. La société avait néanmoins accepté de prolonger son permis de séjour pour lui donner l’opportunité de trouver un autre emploi. Mais en raison du mail reçu, ladite société s’est empressée de requérir l’annulation du titre de résidence, contraignant ainsi la jeune femme à quitter le territoire dans un délai maximal de trois semaines. Heureusement, grâce à des personnes qui lui ont manifesté leur solidarité et leur appui, la jeune femme a pu trouver en quelques jours un nouveau poste auprès d’une autre société.
En réponse à la question de savoir si dans ses vidéos, elle n’y va pas un peu fort, d’autant qu’elle y tourne en dérision l’âge avancé du chef de l’État, Amani Danhach affirme avoir « un grand respect pour les personnes âgées ».
« C’est plutôt le président Aoun qui ne respecte pas son âge », affirme-t-elle, soulignant qu’ « il devrait prendre sa retraite ». Il faut dire qu’Ammounz n’y va pas de main morte en critiquant M. Aoun. « Allez donc dormir », l’invite-t-elle dans une de ses vidéos. Elle note toutefois que sa cible n’est pas uniquement le chef de l’État, mais tous les dirigeants responsables de son départ il y a plus de dix ans et de la prolongation de son exil. « Si le ton avec lequel je m’exprime est désinvolte, il n’en manifeste pas moins une rancune justifiée contre les gouvernants », relève-t-elle avec amertume, soulignant qu’elle avait quitté le Liban à contrecœur pour pouvoir subvenir aux besoins de ses parents, tandis que « les gouvernants continuaient à conclure leurs marchés, faisant fi de l’intérêt des citoyens ».
Pas grave,,,, sur la voie de l'enfer, menés par notre leader suprême et sa muse barbue, il faut bien souffrir les agacements des illuminés extrêmes et extrémistes...
23 h 33, le 25 septembre 2020