Le président libanais Michel Aoun a affirmé mercredi, lors de la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, que le Liban "se débat dans une crise sans précédent", reconnaissant que la situation était devenue "complètement ingérable" après la double explosion du 4 août au port de Beyrouth qui a tué plus de 190 personnes et blessé 6.500 autres.
"Le Liban se débat dans une crise sans précédent. Il est victime des accumulations d’erreurs de gestion, d’une récession économique et financière sévère à laquelle est venue s’ajouter l’épidémie de Covid-19 qui a totalement bloqué la roue de l’économie. Le tout couronné par la catastrophe de l'explosion du port de Beyrouth qui a frappé le pays à tous les niveaux, rendant la situation complètement ingérable", a déclaré M. Aoun, lors d'un discours prononcé par visioconférence en raison de la pandémie du coronavirus.
"Beyrouth renaîtra de ses blessures"
Dans la foulée de la double explosion du 4 août, le gouvernement de Hassane Diab a démissionné. Un nouveau président du Conseil, Moustapha Adib, a été désigné, mais les responsables politiques tardent à se mettre d'accord sur la formation d'un nouveau gouvernement malgré la promesse faite le 1er septembre au président français Emmanuel Macron, venu à deux reprises à Beyrouth, de régler cette question en 15 jours.
Assurant que "Beyrouth renaîtra de ses blessures tout comme elle l’a fait tant de fois au cours de l’Histoire", le président Aoun a indiqué qu'après la double explosion du 4 août "les dégâts matériels sont sans précédent, sans compter que le port de Beyrouth, point de passage essentiel de l'activité économique du Liban, est presque totalement détruit". "Près de deux cent mille logements sont endommagés, dont certains sont inhabitables et trois cent mille personnes se retrouvent sans-abri à l'approche de l'hiver. À cela s'ajoutent de graves dommages subis par les infrastructures du pays dont le réseau électrique et les réseaux d'eau", a-t-il ajouté.
"Ces répercussions ne vont pas affecter seulement l'activité économique du Liban mais également peser sur le taux de pauvreté qui s'élevait à 45% avant l’explosion selon l'évaluation de la Banque mondiale. Celle-ci estime aujourd’hui la perte économique résultant de la tragédie du port à environ 3,5 milliards de dollars, les dommages matériels à environ 4,5 milliards de dollars et les besoins de reconstruction urgentes à environ 2 milliards de dollars", a noté le chef de l'Etat.
Reconstruction
Affirmant que "la prochaine étape est celle de la reconstruction", M. Aoun a indiqué que "l’unité des urgences va prendre en charge la restauration des logements et des commerces partiellement endommagés". "Cependant, la grosse difficulté réside au niveau des quartiers totalement détruits qui nécessitent une aide indispensable de la communauté internationale", a-t-il ajouté proposant que chaque pays prenne en charge une zone spécifique pour la reconstruction des quartiers dévastés. "Sans doute la solution la plus pratique consisterait à diviser les quartiers dévastés en multiples zones. Ainsi chaque pays souhaitant apporter son aide pourrait prendre en charge une zone spécifique et entreprendre directement la reconstruction", a-t-il expliqué.
En ce qui concerne l'enquête locale en cours sur le drame, M. Aoun a indiqué que "dès le premier jour de l’explosion, nous avons demandé une assistance technique internationale à la fois pour obtenir les images satellites de l’instant de l’explosion mais également pour connaître l'itinéraire et l’historique du navire chargé de nitrate d'ammonium depuis son affrètement jusqu'à son arrivée au port de Beyrouth". "Nous attendons toujours les informations quant au mystère entourant le navire ainsi que les images satellites pour lever toute ambiguïté sur cette partie de l'enquête", a-t-il noté. Le chef de l'Etat avait refusé une enquête internationale, au grand dam de la population, affirmant qu'une telle démarche "diluerait la vérité".
Réformes
Au sujet des réformes que la communauté international réclame, M. Aoun s'est contenté de dire : "le Liban s'est engagé auprès de la communauté internationale à mettre en œuvre un ensemble de réformes administratives, financières et économiques visant à faciliter le processus de redressement auquel tout le monde aspire".
Sur un autre plan, le chef de l'Etat libanais a une nouvelle fois appelé la communauté internationale à "intensifier les efforts afin de permettre un retour sûr et digne des déplacés syriens dans leur pays". "Jusqu'à ce que ce but soit atteint, et selon le principe de partage des charges et des responsabilités entre les États, le Liban (demande aux pays donateurs) de doubler leurs contributions financières et de les remettre directement aux institutions gouvernementales et aux communautés d'accueil libanaises, selon le plan établi par le Liban en coopération avec les Nations unies", a dit le président.
Pour finir, M. Aoun a salué la décision du Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Il a aussi réaffirmé l'attachement du Liban "à la résolution 1701 des Nations unies dans toutes ses composantes", qui a mis un terme à la guerre de juillet 2006 entre le Liban et Israël. "Le Liban réitère sa demande à la communauté internationale d'obliger Israël à s'acquitter pleinement de ses obligations et de mettre fin à sa violation de la souveraineté libanaise sur terre, mer et dans les airs et notamment d’arrêter d’utiliser l'espace aérien libanais pour frapper les territoires syriens (...)", a-t-il ajouté.
"Le Liban confirme son plein droit à ses eaux territoriales, à ses richesses naturelles en pétrole et en gaz, ainsi que son attachement à l'ensemble de ses frontières maritimes conformément au droit international et attend avec intérêt le rôle des Nations unies et des pays amis pour asseoir de façon définitive ces droits, en particulier la médiation des États-Unis afin de mener les négociations nécessaires pour délimiter de façon définitive les frontières maritimes conformément au droit international qui préserve la souveraineté et les ressources libanaises", a par ailleurs déclaré le président Aoun. La question des ressources en hydrocarbures offshore fait l'objet d'un litige entre le Liban et Israël, notamment au sujet de la délimitation des frontières maritimes entre les deux pays. Washington tente de résoudre ce différend par les voies diplomatiques.
commentaires (11)
Il a aussi réaffirmé l'attachement du Liban "à la résolution 1701 des Nations unies dans toutes ses composantes", Ah oui? Et le desarmement du Hezbollah? Il ne fait pas parti de la resolution? Non mais .....
IMB a SPO
17 h 47, le 24 septembre 2020