
Des soldats libanais déployés, mardi 22 septembre 2020, dans la localité de Aïn Qana, au Liban-Sud, où une explosion a eu lieu plus tôt dans la journée dans un bâtiment du Hezbollah. AFP / Mahmoud ZAYYAT
Une forte explosion s'est produite mardi après-midi dans le village de Aïn Qana, au Liban-Sud, provoquant un incendie et d'épaisses volutes de fumée noire. Selon les premiers éléments relayés par plusieurs agences de presse et journalistes, la déflagration a eu lieu dans un bâtiment appartenant au Hezbollah, mais il n'était toujours pas clair s'il s'agissait d'un entrepôt d'armes ou de la maison d'un cadre du parti. Le Hezbollah n'a pas encore officiellement commenté l'incident tandis qu'un porte-parole de l'armée israélienne a affirmé à l'AFP "ne pas commenter les informations de médias étrangers". Contactés par L'Orient-Le Jour, des responsables du Hezbollah étaient injoignables.
Un habitant du village d'Aïn Qana a évoqué une maison faisant office de "centre du Hezbollah", précisant que des membres du mouvement chiite armé ont bouclé le secteur. "Tout le village a été secoué", a-t-il dit à AFP, rapportant des dommages matériels dans le périmètre de l'explosion. Un photographe de l'AFP a également évoqué un cordon sécuritaire érigé par les membres du Hezbollah. Selon les "informations préliminaires" de source militaire, il s'agit d'un "site du Hezbollah" où "se trouvaient des munitions". L'armée libanaise a indiqué dans un communiqué avoir dépêché des forces sur les lieux de la déflagration et "amorcé une enquête sur les causes de l'explosion". Une source proche du parti pro-iranien a évoqué un "accident" et indiqué à l'AFP qu'il s'agissait bien "d'un site du Hezbollah" mais "pas d'un entrepôt" d'armes du parti.
Une source au sein des services de sécurité, citée par l'agence Reuters, a pour sa part indiqué qu'une cache d'armes appartenant au Hezbollah a été détruite par l'explosion à la suite d'une erreur de manipulation. La déflagration a fait plusieurs blessés, ont précisé plusieurs sources au sein des services de sécurité, sans pouvoir fournir un bilan précis.
Reuters/Stringer
Selon notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah, l'explosion s'est produite dans une maison appartenant à un membre du Hezbollah. Selon lui, il n'était pas clair pour le moment si la maison était habitée. La déflagration s'étant produite dans un quartier résidentiel, une vingtaine d'habitations ont été endommagées, toujours selon notre correspondant.
L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a de son côté rapporté que l'explosion, "aux causes inconnues, a coïncidé avec le survol de l'aviation ennemie, qui depuis ce matin n'a pas quitté le ciel" de la région où se trouve Aïn Qana, en allusion à Israël.
Reuters/Aziz Taher
Des médias locaux relatant une version "non officielle du Hezbollah" ont évoqué la présence sur le site de mines et obus datant de la guerre entre Israël et le parti chiite en 2006, récupérés par des ONG dans les champs voisins en vue de les neutraliser.
Le journaliste Salem Zahran, proche du 8 Mars, a lui aussi souligné sur son compte Twitter que l'explosion était due à un incendie dans un centre où étaient stockées d'anciennes munitions remontant à la guerre.
حريق #عين_قانا ناتج عن انفجار مركز لتجميع قذائف مخلفات الحرب ولا سقوط لضحايا او جرحى و الاضرار مادية فقط.. pic.twitter.com/G9o2kJfmhp
— سالم زهران (@salemzahran05) September 22, 2020
D'après la directrice du centre de recherches Carnegie à Beyrouth, Maha Yahya, la déflagration a été entendue jusqu'à la ville de Saïda, située à plusieurs kilomètres de cette bourgade.
Plusieurs images partagées sur Twitter montrent une épaisse fumée noire et des débris jonchant le lieu où la déflagration s'est produite.
لا تفاصيل حول الانفجار في الجنوب. وهذه صور متداولة pic.twitter.com/oHQV4GDF87
— Salman Andary (@salmanonline) September 22, 2020
Cette explosion survient dans un contexte tendu au Liban, encore traumatisé par la double déflagration du 4 août, qui a ravagé le port de Beyrouth, faisant plus de 190 morts et 6.500 blessés. Ce jour-là, un incendie s'était déclaré dans un hangar au port de Beyrouth où étaient stockés 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, sans mesures de sécurité, provoquant une gigantesque explosion. Le 10 septembre, un nouvel incendie s'était déclaré dans le même port, avant d'être maîtrisé le lendemain après avoir provoqué une forte fumée toxique qui avait recouvert la ville et provoqué un vent de panique parmi les riverains encore traumatisés par la catastrophe du 4 août.
Ce matin également, un incendie, de moindre ampleur, s'est déclaré dans le périmètre du port de Tripoli, avant d'être maîtrisé. Et un autre s'est déclaré dans l'après-midi dans un entrepôt de peintures dans le quartier d'Ouzaï, dans la banlieue sud de Beyrouth, sans faire de blessés.
Ne serait-ce pas des obus de la seconde guerre mondiale ? hahahahaha
07 h 41, le 23 septembre 2020