Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a annoncé dimanche que le mouvement Amal ne participera pas au prochain cabinet "sur ces bases" au lendemain d'un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron sur le noeud du portefeuille des Finances qui semble bloquer la formation du gouvernement.
"Le problème n'est pas avec les Français. Il s'agit d'un problème interne et intérieur", indique un communiqué publié dans la journée par le bureau de presse de M. Berry. "L'idée d'un gouvernement de spécialistes sans loyauté partisane, sans appartenance parlementaire, mais avec des vetos sur des portefeuilles ministériels, en misant sur des forces étrangères et sans concertation a été lancée", poursuit le texte. "Nous avons informé le Premier ministre désigné de notre volonté de ne pas participer à un gouvernement sur ces bases, et nous avons exprimé notre disposition à coopérer au maximum pour assurer la stabilité du Liban et ses finances, pour appliquer les réformes et sauver notre économie", a souligné M. Berry.
Samedi, Emmanuel Macron s'était entretenu par téléphone avec M. Berry. Selon le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire d'Amal, le président de la Chambre a indiqué au président français que le portefeuille des Finances devait comme dans le passé être attribué à un représentant de la communauté chiite. Selon des informations de la chaîne locale LBCI, le président français aurait indiqué au leader du mouvement Amal qu'un gouvernement pouvait être formé sans le président de la Chambre et ainsi, sans le tandem chiite. M. Berry aurait alors répondu : "Si vous pouvez former le cabinet sans nous, alors faites-le". Sollicité par la chaîne NBN, proche d'Amal, le président de la Chambre n'a pas souhaité faire de commentaire.Selon LBCI, le tandem chiite ne participera pas au prochain gouvernement s'il ne nommait pas ses ministres et s'il n'obtenait pas le ministère des Finances.
De son côté, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a affirmé dans la journée être en faveur d'une rotation des portefeuilles.
Lors d'une visite du chef de l'Etat français à Beyrouth le 1er septembre dernier, les responsables libanais se sont engagés à former un gouvernement de "mission" composé de techniciens dans les quinze jours, une échéance qui se rapproche ainsi à grands pas.
Adib lundi à Baabda
Selon notre correspondante Hoda Chedid, le PM désigné Moustapha Adib doit se rendre à Baabda pour présenter une mouture du cabinet.
"Si Moustapha Adib venait à proposer un cabinet sans l'accord d'Amal et du Hezbollah et que le président venait à signer le décret de formation, alors les députés du tandem chiite se retireront de la séance parlementaire avant le vote de confiance au gouvernement, faisant sauter la représentativité de ce vote", a écrit sur Twitter le journaliste Salem Zahran, réputé proche du tandem chiite, et de s'interroger : "Le président Aoun va-t-il prendre son temps pour signer le décret ou transférer le dossier dans l'arène du Parlement ?"
La "feuille de route " fixée par la France comporte une série de mesures visant à lutter contre la corruption endémique dans le pays et à restaurer la situation financière catastrophique du Liban, plongé dans la plus grave crise de son histoire depuis la guerre civile de 1975-1990. Une aide internationale de plusieurs milliards de dollars a été promise au Liban en 2018, mais ces fonds restent bloqués dans l'attente d'un plan crédible de réformes structurelles. Le futur ministre des Finances jouera un rôle clef dans la préparation de ce plan de réforme, en particulier concernant le volet de la restructuration du secteur financier, alors que le cours de la livre est en chute libre, plongeant de nombreux Libanais dans la pauvreté.
commentaires (29)
Est ce que nabih berry a compris que c’est une des demandes du peuple Libanais de he pas etre representé au sein du gouvernement ainsi que son allié-enemies jibran basil. Nous l’espérons de tout coeur. Mais avec berry, nous ne jamais confiants . Malin comme il est, il nous reserve constamment de mauvaises surprises. Il y en a une qui se profile déjà à l’horizon, comme ne pas assurer le quorum requis lors de la séance de confiance au parlement. En fait, il y en marre de lui, de ses acolytes et de leurs manoeuvres diaboliques. Tout cela ne présage risen de bon. Mais gardons espoir.
Hoda Touma
12 h 29, le 14 septembre 2020