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Moyen-Orient - Syrie

Moscou rallume à petit feu le front d’Idleb

Les nouvelles tensions interviennent quelques jours à peine après la visite à Damas du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Moscou rallume à petit feu le front d’Idleb

Des manifestations anti-Assad, hier, à Idleb. Omar Haj Kadour/AFP

Le bras de fer se poursuit entre la Russie et la Turquie dans la province d’Idleb, enserrant une fois de plus ses habitants dans un étau. Malgré un accord de cessez-le-feu, les deux parties sont à couteaux tirés. Moscou, allié du régime syrien, mène depuis mercredi une série de raids sur la région, notamment à Cheikh Youssef, à l’ouest de la ville d’Idleb. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a répertorié plusieurs survols d’avions et de drones russes dans la zone, signes d’une démonstration de force de la part de Moscou. L’armée loyaliste a quant à elle effectué plusieurs tirs de roquettes au cours des derniers jours, sans faire de victimes, vers Jabal al-Zawiya, Sfuhen et Kansafra. Des groupes de l’opposition ont tenté une percée vers le château de Mirza, au nord-ouest de Hama, où sont stationnées des forces russes et syriennes. Le 5 mars dernier, un accord de trêve avait été négocié par Moscou et la Turquie, parrain de certains groupes rebelles. Cette entente a permis de stopper net une offensive meurtrière du pouvoir syrien, démarrée en décembre et qui a fait près d’un million de déplacés selon l’ONU. Mais depuis le mois de juin, le régime de Damas et son allié n’ont cessé de violer cette trêve, faisant craindre l’imminence d’une offensive plus large. Car l’accord russo-turc repose sur un équilibre fragile souvent au bord de l’implosion. Il prévoit notamment des patrouilles conjointes le long de l’autoroute M4, un axe crucial pour Damas qui traverse la région d’Idleb pour relier Alep à Lattaquié.

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Ces nouvelles tensions interviennent quelques jours à peine après la visite à Damas du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et du vice-Premier ministre russe Iouri Borissov, venus discuter de la coopération économique entre les deux alliés. Lors d’une conférence de presse lundi, M. Lavrov est apparu confiant dans les progrès sur le terrain, estimant que la coordination dans la zone de désescalade d’Idleb est « le domaine le plus important des efforts conjoints russo-turcs ». « Nous avons finalement des accords clairs précisant la répartition des responsabilités (à Idleb), suggérant une séparation entre l’opposition raisonnable et les terroristes, la libération de l’autoroute M4 et la création d’un couloir de sécurité autour de cette autoroute. Il y a toutes les raisons de croire que nous achèverons ce travail », a-t-il affirmé.

« L’accord turco / russe est en quelque sorte à moitié solide et ces frappes de Moscou ne sont qu’une façon de dire que leurs forces sont toujours prêtes et aux aguets », explique Nawar Oliver, chercheur au centre Omran basé à Istanbul.

« Les gens sont épuisés »

Pourtant, la Turquie ne semble pas avoir baissé la garde puisque des renforts humains et matériel continuent d’affluer dans toute la province. Selon des estimations non officielles, quelque 20 000 soldats turcs seraient postés dans la zone et trois systèmes de défense aérienne ont été installés à Jabal al-Zawiya. Jeudi, Ankara a fermement rejeté la requête de la Ligue arabe, qui l’appelle à ne plus interférer dans les affaires intérieures arabes et à retirer ses forces des théâtres de conflits. Pas question pour la Turquie en effet d’abandonner le Nord syrien où elle n’a cessé de gagner en influence ces dernières années.

Mais depuis de nombreux mois, les civils à Idleb tiennent l’armée turque et les factions de l’opposition qui lui sont affiliées pour responsables de la perte de vastes zones vers lesquelles les forces du régime et les milices iraniennes ont avancé. Hier, dans le centre-ville, des manifestants se sont d’ailleurs regroupés pour dénoncer les attaques des Russes et du régime, et ont demandé le soutien inconditionnel de la Turquie. « Les gens sont épuisés. Entre la situation économique déplorable, la montée du coronavirus et les menaces de Damas, comment peuvent-ils espérer rentrer un jour chez eux ou même entrevoir un peu de répit ? » déplore Ahmad N., un journaliste sur place. La veille, l’armée turque a distribué des tracts aux civils, notamment à Jéricho, dans le sud-ouest du gouvernorat, pour les rassurer sur ses intentions. Ankara prévient qu’en cas d’attaque du camp adverse, il fera rempart, mais aussi qu’il ne permettra pas une avancée au-delà de la ville stratégique de Saraqeb dont le régime et ses alliés se sont emparés le 1er mars dernier. Ce déploiement important des Turcs vise à dissuader toute attaque d’envergure qui provoquerait un exode massif de la population vers leurs frontières, ce qu’Ankara, qui accueille déjà plus de 3 millions et demi de réfugiés syriens, craint plus que tout. « Hier, les raids russes étaient tous proches de camps de déplacés qui s’entassent comme du bétail. Leur situation est dramatique. Ils observent le ballet incessant des avions et n’ont nulle part où aller », témoigne via WhatsApp Aref, un activiste et humanitaire de la région. Pour éviter l’escalade, la Turquie doit faire en sorte que les groupes radicaux, notamment Hay’at Tahrir al-Cham (HTC), qui domine la province et rejette l’accord entre Moscou et Ankara, ne s’emploient pas à y mettre fin en ciblant les patrouilles turco-russes sur l’autoroute Alep-Lattaquié (M4). Or des attaques continuent d’être menées contre des positions du régime, le groupe salafiste Ansar al-Islam ayant par exemple tiré hier sur des forces loyalistes postées à Sahl el-Ghab dans la province nord de Hama.

Syrie : la défense antiaérienne activée face à un raid imputé à Israël

La défense antiaérienne a été activée en Syrie dans la nuit de jeudi à vendredi pour contrer une « agression aérienne » imputée à Israël dans les environs d’Alep, grande métropole du Nord, a rapporté l’agence de presse officielle SANA. Depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, Israël a mené des centaines de raids contre les forces du régime, mais aussi contre celles de ses alliés, l’Iran et le Hezbollah. « À 01h30 (22h30 GMT), l’ennemi sioniste a mené une agression aérienne, visant les environs de la ville d’Alep avec des salves de missiles », rapporte l’agence SANA qui cite une « source militaire ». La source n’identifie pas la ou les positions prises pour cibles, mais affirme que les batteries de la défense antiaérienne ont été activées et ont « abattu la plupart » des missiles.

Ces dernières semaines, plusieurs raids similaires souvent imputés à l’État hébreu ont visé des positions au sud de Damas, dans le centre syrien ou encore dans l’extrême est près de la frontière avec l’Irak, faisant parfois des morts parmi les combattants pro-iraniens ou les soldats du régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’armée israélienne fournit rarement des informations sur ses opérations en Syrie, mais avait indiqué avoir frappé le 3 août, avec des avions de chasse, des hélicoptères d’attaque et d’autres avions de guerre, des cibles militaires dans le sud de la Syrie.

Le bras de fer se poursuit entre la Russie et la Turquie dans la province d’Idleb, enserrant une fois de plus ses habitants dans un étau. Malgré un accord de cessez-le-feu, les deux parties sont à couteaux tirés. Moscou, allié du régime syrien, mène depuis mercredi une série de raids sur la région, notamment à Cheikh Youssef, à l’ouest de la ville d’Idleb. L’Observatoire syrien...

commentaires (1)

Tant que la Turquie provoque l’exode des syriens de leur pays, les européens doivent être clairs sur ce sujet. Les migrants resterons en Turquie sans aucune aide internationale pour la Turquie responsable de leur exode. Il ne faut pas payer les erreurs d’erdogan et sa mégalomanie il devrait assumer seul ses erreurs stratégiques. Tant que ça n’est pas dit, il continuera à hausser le ton et à pointer son doigt menaçant alors qu’il est dans de très sales draps économiquement et au niveau interne. Il est fort de la faiblesse de ses interlocuteurs européens et internationaux. Ça nous rappelle quelqu’un en 1938.

Sissi zayyat

12 h 38, le 12 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • Tant que la Turquie provoque l’exode des syriens de leur pays, les européens doivent être clairs sur ce sujet. Les migrants resterons en Turquie sans aucune aide internationale pour la Turquie responsable de leur exode. Il ne faut pas payer les erreurs d’erdogan et sa mégalomanie il devrait assumer seul ses erreurs stratégiques. Tant que ça n’est pas dit, il continuera à hausser le ton et à pointer son doigt menaçant alors qu’il est dans de très sales draps économiquement et au niveau interne. Il est fort de la faiblesse de ses interlocuteurs européens et internationaux. Ça nous rappelle quelqu’un en 1938.

    Sissi zayyat

    12 h 38, le 12 septembre 2020

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