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Culture - Initiative / Musique

Charming Liars : Il était impensable de rester les bras croisés alors que le Liban se noie

Le groupe de rock alternatif basé à Los Angeles et adoubé par Elton John s’engage pour Beyrouth en lançant « Circles », une reprise du tube de Post Malone, dont les recettes des ventes et du streaming seront reversées à la Croix-Rouge libanaise, Impact Lebanon, l’hôpital Saint-Georges et Lebanon of Tomorrow. Karnig Manoukian, Libanais membre du groupe, raconte à « L’Orient-Le Jour » ce projet.

Charming Liars : Il était impensable de rester les bras croisés alors que le Liban se noie

Le groupe de rock alternatif basé à Los Angeles, Charming Liars. Photo DR

Karnig, vous êtes originaire du Liban. Quel souvenir gardez-vous du pays ?

Je suis né et j’ai grandi en Angleterre, mais je ne détiens qu’un passeport libanais puisque mes deux parents sont nés et ont passé une grande partie de leur vie au Liban, avant leur émigration. Comme tous les expatriés, j’avais l’habitude d’aller à Beyrouth où vivent des amis et des proches plusieurs fois par an. Je suis profondément attaché au pays, notamment les quartiers les plus impactés par l’explosion du 4 août. Ces rues que je parcourais quotidiennement lors de mes séjours au Liban, c’est un énorme choc de les voir dans cet état aujourd’hui. Même de loin, et même s’il m’est difficile de comprendre les rouages de la politique libanaise, je n’ai pas arrêté de suivre les évènements qui secouent le Liban depuis bientôt un an, en l’occurrence la crise économique et la pauvreté qui s’abattent sur la population. La seule consolation aujourd’hui, quoique très mince, c’est que le monde a finalement les yeux rivés sur Beyrouth. Il aura fallu une catastrophe d’une telle ampleur pour qu’on se rende enfin compte que tous les défis auxquels les libanais font face depuis des années, c’est triste. Au vu de la situation désastreuse du pays, il nous était impensable, en tant que Charming Liars, de ne rien faire et de rester les bras croisés alors que des vies entières sont chamboulées et que le Liban se noie. Voilà pourquoi, simplement, on a pensé monter cette initiative pour apporter à notre manière notre pierre à l’édifice du soutien à Beyrouth.


La pochette de « Circles » par Charming Liars.


C’est un projet qui s’est mis en place très rapidement…

En fait, comme je le disais, je ne prétends pas m’y connaître en politique libanaise. De tout temps, ma famille avait choisi de se tenir à distance de ces conflits-là. Sauf qu’aujourd’hui, la crise que traverse le Liban se joue au-delà de la politique, au sens strict du terme. C’est une crise humanitaire sans pareille. Le Liban a besoin d’autant de support que possible, déjà d’un point de vue financier, afin d’aider la population à se remettre sur pied ou au moins à survivre, alors qu’elle a tout perdu. En tant que musiciens, notre façon de nous exprimer à travers le spectre de notre art, et c’est ainsi, spontanément, qu’on s’est dit avec le deux autres membres du groupe qu’on ne pouvait pas continuer à sortir des chansons comme si de rien n’était. On ne pouvait pas passer outre ce drame. Lancer un titre et en reverser les recettes des ventes et du streaming à Beyrouth était pour nous le choix le plus évident. Et aussi une manière de sensibiliser notre public à ce qui se passe au Liban en ce moment.

Pourquoi avoir choisi le titre « Circles » de Post Malone ?

Avec le début de la pandémie du Covid-19, nous avons été contraints de mettre notre tournée en suspens, ce qui était frustrant pour un groupe qui passe la majeure partie de son année sur scène. Il n’était pas question qu’on arrête de faire de la musique ; alors, à l’époque, nous nous étions lancé le pari de sortir une chanson tous les mois et d’explorer aussi la possibilité de faire des reprises de tubes contemporains. Circles, de Post Malone, figurait parmi la liste des morceaux incontournables et extrêmement populaires que nous avions envie de reprendre. Le 1er août, à quelques jours de l’explosion de Beyrouth, nous étions en studio à enregistrer Circles dont nous avions modifié les sonorités enfin de la réinventer à notre sauce, en une sorte de ballade. Lorsque le drame du 4 août a eu lieu, nous avons ressenti l’urgence d’agir rapidement. Ce titre-là, que ce soit dans son texte ou son ambiance sonore, résonnait tellement bien avec ces évènements que nous n’avons pas réfléchi à deux fois avant de le publier pour Beyrouth. Nous sommes extrêmement touchés et fascinés par l’écho que ce titre a pu trouver, mais aussi le fait que notre projet a encouragé plein de monde à monter des initiatives pareilles. Si bien que nous avons même décidé de prolonger ce projet en lançant une gamme de merchandising (avec la pochette de ce single) dont, aussi, les revenus de la vente seront reversés à la Croix-Rouge libanaise, Impact Lebanon, l’hôpital Saint-Georges et Lebanon of Tomorrow.

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Comment s’est fait la sélection des ONG que vous soutenez à travers cette initiative ?

Honnêtement, je crois que toutes les contributions se valent tant qu’elles vont dans des canaux de confiance. Pour notre part, nous avons opté pour la Croix-Rouge libanaise parce que c’est une institution qui ne peut que rassurer une partie de notre public qui n’est pas forcément familier avec les ONG libanaises. Nous avons également suivi le travail fabuleux que fournit sans arrêt Impact Lebanon depuis le 4 août, avec une infinie transparence. Il était évident qu’on inclut cette ONG dans notre projet. Pour l’hôpital Saint-Georges, c’est plus personnel. Ma mère a grandi dans le quartier de l’hôpital, et lorsqu’elle a appris que celui-ci avait été très impacté par l’explosion, elle m’a encouragé à le soutenir à travers notre projet. Quant à Lebanon of Tomorrow, c’est une ONG qui se bat sur plusieurs fronts et à laquelle j’ai été introduit par mon cousin le musicien Guy Manoukian qui en est le fondateur.


Elton John a adoubé les Charming Liars et leur initiative caritative. Capture d\'écran Twitter


La légende Elton John a même appuyé votre projet sur ses réseaux sociaux…

Nous avons la chance d’être suivis par Elton John depuis nos débuts ; il fait même passer nos chansons dans son émission radio Rocket Hour. Ce qui est fascinant, c’est qu’il est à la fois une légende vivante, et un être humain d’une générosité et d’une sensibilité infinies. Souvent, on lui envoie un titre sur lequel on travaille, et il revient vers nous avec les conseils les plus honnêtes et les plus précieux. Il est aussi connu pour ses engagements auprès d’innombrables causes. C’est ainsi qu’on a pensé le contacter au moment où l’on montait notre initiative. Instinctivement, il nous a apporté un soutien infaillible grâce auquel des milliers de personnes ont afflué sur nos réseaux sociaux pour aider le Liban…

Karnig, vous êtes originaire du Liban. Quel souvenir gardez-vous du pays ?Je suis né et j’ai grandi en Angleterre, mais je ne détiens qu’un passeport libanais puisque mes deux parents sont nés et ont passé une grande partie de leur vie au Liban, avant leur émigration. Comme tous les expatriés, j’avais l’habitude d’aller à Beyrouth où vivent des amis et des proches plusieurs...

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