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La France et le pluralisme libanais

Tout le monde le sait… C’est l’évidence même. Une personne nommée à un poste de responsabilité peut faire la différence dans l’exercice de ses fonctions dépendamment de ses compétences, de ses qualités et son envergure personnelles, de son attachement à des principes et des valeurs humanistes… Cela revient à placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Dans le cas spécifique du Liban, toutefois, un bémol est apporté le plus souvent à ce principe le plus élémentaire. Mais dans le contexte présent, à l’ombre de la cascade de crises sans précédent auxquelles est confronté le pays, il y a urgence ; il n’y a plus de place pour le jeu politique traditionnel, pour les calculs partisans réducteurs ou encore les grands projets géostratégiques transnationaux qui font fi des réalités et des impératifs de la scène locale.

Aujourd’hui, du fait de la constante attitude belliqueuse et des aventures guerrières sans fin de la milice télécommandée par Téhéran, le pays est confronté aux défis de l’application des réformes qui se font toujours attendre, de la relance d’une économie en panne, du redressement du secteur bancaire, de la reconstruction des vieux quartiers de Beyrouth détruits par l’explosion du 4 août – en préservant, à l’identique, leur patrimoine architectural – de la résorption du marasme social, du règlement des énormes difficultés qui menacent l’enseignement privé, au niveau aussi bien scolaire qu’universitaire…

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. La prochaine équipe ministérielle devrait se fixer pour objectif de plancher sur une feuille de route claire, nette et précise, bien ciblée, en se démarquant dans ses déclarations d’intention des lieux communs et de la prose vide de sens si chère à cette partie du monde… Ce dont le Liban a besoin en toute priorité, c’est un « gouvernement de mission », comme le soulignent les sources de l’Élysée. Un gouvernement qui empêche, d’abord, le navire de couler. C’est après que l’on s’occupera de sa décoration d’intérieur et de la répartition des tâches au sein de son équipage…

En marge de la visite – que l’on espère salvatrice – d’Emmanuel Macron, il serait peut-être utile d’insister sur l’importance d’établir une nette distinction, entre, d’une part, la nécessité de modifier profondément les pratiques du pouvoir en vue d’une bonne gouvernance et, d’autre part, l’opportunité dans la situation actuelle d’envisager une refonte du système politique et du « pacte national » qui régit le pluralisme libanais et les fragiles équilibres socioculturels et communautaires qui caractérisent l’entité libanaise depuis des siècles.

La première démarche – insuffler un nouvel esprit dans la gestion de la chose publique – devrait être au cœur de la feuille de route du nouveau gouvernement. Elle devrait être surtout la finalité du forcing effectué par le président Macron, et à travers lui sans doute la communauté internationale et certains pays arabes, quitte à stimuler quelque peu un tel renouveau en agitant sérieusement le spectre de sanctions sévères contre les obstructionnistes qui entravent les réformes requises au niveau des services vitaux.

Quant à la seconde démarche portant sur le système politique en place et les équilibres fragiles entre les composantes du tissu social libanais, elle nécessite, elle, un dialogue franc, transparent et en profondeur qui ne peut être entamé et entretenu que sur le moyen ou le long terme et surtout dans une atmosphère sereine et calme, dans un climat de paix civile. Un tel dialogue ne peut aboutir à un résultat sérieux et durable si l’une des parties prenantes est un para-État milicien surarmé, bénéficiant d’un appui multiforme et illimité de la part d’une puissance étrangère à laquelle il est totalement soumis de par sa doctrine politique.

Précipiter les choses à l’ombre de la conjoncture présente, confondre et mélanger ces deux démarches, tomber dans le piège de l’amalgame entre ces deux approches, reviendrait à effectuer un très dangereux faux pas en mettant en péril ce qui a fait au fil des siècles – et qui doit continuer de faire – la richesse socioculturelle, la spécificité et la raison d’être du Liban dans cette partie du monde. Le terme « pacte politique », évoqué par le chef de l’Élysée lors de sa première visite, n’a sans doute pas la même signification et la même portée à Paris et à Beyrouth…

La France, plus que tout autre pays, connaît de près et a « vécu » sur le terrain cette complexité libanaise. Elle a accompagné et encadré à travers l’histoire la sauvegarde du pluralisme libanais, plus particulièrement sous l’Empire ottoman. La célébration, aujourd’hui même, du centenaire de la proclamation du Grand Liban offre à Emmanuel Macron l’opportunité historique de renouveler l’engagement constant de la France à préserver les particularismes pluriels de ce « pays-message » tant de fois loué par feu Jean-Paul II.

Tout le monde le sait… C’est l’évidence même. Une personne nommée à un poste de responsabilité peut faire la différence dans l’exercice de ses fonctions dépendamment de ses compétences, de ses qualités et son envergure personnelles, de son attachement à des principes et des valeurs humanistes… Cela revient à placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.Dans le cas...

commentaires (4)

"La France place ses pions...." bahh , si vous préférez ceux déjà en place. Elle s'en passerait bien cette belle démocratie pro-Arabe et cela il devient urgent de modérer. Le moment de choisir son camp est venu car ceux qui sont à l"origine du chaos Libanais l'exportent partout ailleurs et je me garderai bien de courir derrière toutes sortes de drapeaux Palestiniens - ainsi le pensent d'ailleurs aussi un nombre non négligeant de Palestiniens baillonnés par leurs propres "leaders" à l'intérieuret à l'extérieur de territoires rendus, qu'en ont-ils fait ? Cela suffit, cette compassion sélective tellement indécente quand le silence du calvaire des autres populations Arabes rend sourd.

Lillie Beth

12 h 11, le 01 septembre 2020

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Commentaires (4)

  • "La France place ses pions...." bahh , si vous préférez ceux déjà en place. Elle s'en passerait bien cette belle démocratie pro-Arabe et cela il devient urgent de modérer. Le moment de choisir son camp est venu car ceux qui sont à l"origine du chaos Libanais l'exportent partout ailleurs et je me garderai bien de courir derrière toutes sortes de drapeaux Palestiniens - ainsi le pensent d'ailleurs aussi un nombre non négligeant de Palestiniens baillonnés par leurs propres "leaders" à l'intérieuret à l'extérieur de territoires rendus, qu'en ont-ils fait ? Cela suffit, cette compassion sélective tellement indécente quand le silence du calvaire des autres populations Arabes rend sourd.

    Lillie Beth

    12 h 11, le 01 septembre 2020

  • OLJ, RESPECTEZ LES AVIS DES INTERNAUTES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 24, le 01 septembre 2020

  • MONSIEUR TOUMA DES MARCHANDAGES ET BOYCOTTAGES PREVUS SANS AUCUN DOUTE L,EQUIPE QUI SERA IMPOSEE A ADIB N,AURA RIEN A ENVIER A CELLE DE DIAB. EN DEUX MOTS : 3AM I GHAYROU LA AYOUB OU 3AM I LABSOU TYEBOU BEL MA2LOUB...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 09, le 01 septembre 2020

  • la France ,amie du Liban ,aurait elle le droit de ne pas l 'etre? place aussi ses pions avant , peut etre , de grands chambardements? J.P

    Petmezakis Jacqueline

    10 h 20, le 01 septembre 2020

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