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Nos Lecteurs ont la Parole

Le discours que j’aurais aimé entendre

Je vous demande pardon.

Je m’incline devant les victimes de l’horreur commise à Beyrouth le 4 août 2020. Je m’incline devant les victimes de la tyrannie, de l’incompétence et de la corruption du pouvoir. Au nom de mon pays, je vous demande pardon. Pardon pour avoir échappé à la mort sans toutefois être capable de rester en vie. Pardon pour la jeunesse sacrifiée. Pardon pour ne pas trouver des mots assez forts pour dénoncer ce crime contre l’humanité. Pardon pour avoir cru dans mon pays. Pardon pour avoir toléré l’intolérable, supporté l’insupportable, soutenu l’insoutenable, pour finir par payer collectivement et individuellement un tribut excessivement lourd. Pardon pour avoir espéré, pour avoir donné de l’espérance, pour avoir cru pouvoir renverser la table. Pardon pour avoir contribué à fabriquer un monstre. Ce n’est pas l’État qui est coupable. L’État n’est qu’une abstraction. L’État ce n’est que des hommes. Ce sont les hommes qui sont coupables. Le Liban est malade de ses dirigeants pas de son État. Le Liban est malade de son peuple pas de sa nation. L’État et la nation ne sont que des fantômes. Ces drames indicibles sont la manifestation d’un mal qui vit au cœur de notre système et qui ronge les hommes, la société et les institutions : l’irresponsabilité des responsables, la perte du sens des mots, la négation de l’autre, l’exubérance dans le mensonge, le refus de la différence, l’impossibilité de vivre ensemble, l’apathie qu’on confond avec la résilience, la violence des armes et de l’argent, la corruption de la mémoire, de la justice, des institutions et du choix politique.

Au nom de ceux qui sont partis, au nom de tous les miraculés de la vie, nous devons trouver la force et la volonté de ne jamais oublier l’horreur perpétrée ici, de nous souvenir toujours de nos morts et de nos blessés, de ne plus jamais tolérer de tels carnages, qui font injure à l’intelligence et aux valeurs essentielles de l’humanité.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Je vous demande pardon. Je m’incline devant les victimes de l’horreur commise à Beyrouth le 4 août 2020. Je m’incline devant les victimes de la tyrannie, de l’incompétence et de la corruption du pouvoir. Au nom de mon pays, je vous demande pardon. Pardon pour avoir échappé à la mort sans toutefois être capable de rester en vie. Pardon pour la jeunesse sacrifiée. Pardon...

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