Lorsque depuis une bonne trentaine d’années, on est assis sur une quincaillerie militaire qui vaut son pesant de caviar iranien, lorsqu’on plastronne dans les médias en assurant contrôler chaque aiguille dans tout ce que le Liban compte comme bottes de foin, lorsque pour se donner une envergure régionale on envoie ses combattants au casse-pipe, qui en Syrie, qui en Irak, voire au Yémen, tout en sirotant son thé tapi bien au frais au fond de sa grotte, lorsqu’enfin on a toute la valetaille télévisée pendue en direct à la moindre diphtongue s’échappant de son orifice buccal… Eh bien ! faut pas s’étonner ensuite de se faire porter le chapeau de la béchamel au nitrate d’ammonium.
Près de trois générations de Libanais ont fini par piger que la salivation guerrière du gauleiter persan, sur fond de cymbales et trompettes, a depuis lulure cessé d’exciter le vulgaire, animer sa chair de poule et défriser son poil intime. Que son laïus martial pompé du jargon des mollahs, index levé, sourcils froncés et gueule allongée pour impressionner les manants ne fait plus frétiller que les lécheurs profondément atteints. On a beau le presser d’intégrer la sphère politique et s’en contenter, rien n’y fait. Autant lui demander de s’inscrire à la Ligue des droits de l’homme ou d’aller en week-end initiatique avec le dalaï-lama.
Depuis que notre monnaie de singe locale s’est cassé la gueule, réussissant du même coup à enfanter le désormais célèbre « dollar macaque », plus une semaine ne passe sans qu’il vienne nous ânonner la liste des ennemis à abattre, dans une jactance où il est question en vrac et en apnée : de tranchées, de barricades, de lignes rouges, de guerre civile, de résistance et de bataille du destin. Ouf !
Sans oublier évidemment la stratégie du cache-sexe. Et pour le coup, le patron du parti barbu a tiré le jackpot : Istiz Nabeuh et le Basileus. Que ces deux barbons ne puissent se blairer n’a pour lui aucune espèce d’importance, tant qu’ils continuent d’assurer le boulot. Le premier fait semblant d’exiger des réformes, tout en vérifiant que ses sous-fifres ministériels freinent des quatre fers pour les torpiller et complaire au parti des mille et une barbes. Son nouveau dada aujourd’hui, c’est de nous ramener le Mollasson du Futur à la tête d’un nouveau cabinet de bras cassés ; le second botte en touche et reprend le disque rayé de la corruption. Il a listé tous les responsables de la déconfiture politique dont il s’est naturellement extrait, étant peu porté à l’autocritique. Pour l’heure, seul le Sayyed Barbu trouve encore grâce à ses yeux. C’est fou ce que la trouille peut rendre courtois ! Avec les Iraniens maison en poche, il espère ainsi huiler la mécanique qui lui permettra de gravir les marches du Château dès le départ de beau-papa.
Du balai, les jaloux ! Il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage. Après tout, Hassan Nasrallah n’est rien d’autre qu’un Michel Aoun qui a réussi…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Merci, merci et du fond d'un cœur meurtri par ceux sirotant leur tisane dans leur grotte: un très grand Merci
Wlek Sanferlou
19 h 34, le 25 août 2020