Rechercher
Rechercher

Société - Covid-19

Nous sommes en course avec la pandémie, avertit Hamad Hassan

Soixante-quinze nouvelles contaminations ont été enregistrées hier, dont 63 localement et 12 parmi les voyageurs rentrés au Liban.

Nous sommes en course avec la pandémie, avertit Hamad Hassan

La population est appelée à assumer ses responsabilités. Photo Reuters/Aziz Taher

Le gouvernement semble avoir démissionné de son rôle dans la lutte contre le Covid-19, comme d’ailleurs dans tous les autres dossiers politico-socio-économiques. Alors qu’au tout début de l’épidémie, lorsque les cas étaient encore limités, il a pris des mesures fermes et strictes pour la juguler, remportant le défi haut la main, le voilà aujourd’hui presque apathique devant une pandémie qui ne cesse de gagner du terrain, plusieurs dizaines de cas étant signalés au quotidien depuis au moins dix jours, avec un nombre croissant de contaminations dont l’origine est inconnue. Plus encore, les décisions émises par la commission nationale chargée de lutte contre le Covid-19 ne sont pas prises en considération par les ministères concernés, malgré les mises en garde répétées des experts.

Certes la population a son rôle à jouer en respectant les gestes barrières, principalement le port du masque, même en tissu, qui a prouvé son efficacité pour limiter la transmission du virus. Mais le gouvernement doit aussi assumer ses responsabilités et faire preuve de plus de réactivité. Pourquoi cette inertie ? La crise économique justifierait-elle qu’on porte un coup aussi fatal à tous les efforts et sacrifices faits tout au long de la période du confinement – et du déconfinement ? Faudrait-il que le scénario italien se reproduise au Liban pour que le gouvernement se décide enfin à réagir ?

Lire aussi

Covid-19 : quelle stratégie de sortie pour le Liban ?

« Les décisions de l’allègement des mesures de la mobilisation générale et du déconfinement ont été prises sur base des résultats positifs enregistrés durant le confinement, mais aussi parce que nos hôpitaux publics ont été équipés et sont devenus prêts à accueillir les cas », explique à L’Orient-Le Jour le ministre de la Santé Hamad Hassan. Toutefois, « la crise économique qui sévit dans le pays et dans le monde, et le besoin des Libanais de l’étranger de rentrer dans le pays, surtout que leurs proches ont des difficultés à leur transférer de l’argent, nous ont poussés à rouvrir, sachant que tous les pays du monde ont levé le confinement », ajoute-t-il.

« Nous aurions aimé que le déconfinement se fasse sur une plus longue période et que la population continue à avoir peur de la pandémie, mais le stress vécu durant le confinement et la soif de vivre l’a poussé à agir sans aucun respect des gestes barrières. »

M. Hassan affirme qu’on « ne peut pas revenir en arrière et fermer le pays à nouveau », mais « les gens doivent agir avec responsabilité ». « Les chiffres sont alarmants, martèle-t-il. Nous sommes aux portes de la phase quatre. » Il assure que son ministère déploie tous les efforts pour contenir la pandémie, mais « la population doit nous aider en respectant les mesures de prévention ». « Le port du masque est un devoir national », insiste-t-il, soulignant que le pays est toujours dans la première vague de l’épidémie.

« Nous n’allons pas refermer le pays, mais cela ne signifie pas pour autant que c’est une faiblesse et que les voyageurs ne doivent pas respecter les directives », avance M. Hassan, qui avait, rappelons-le, accusé récemment les personnes arrivant au Liban et ne respectant pas la quarantaine obligatoire d’être la cause de l’explosion des cas. « Nous sommes en course avec la pandémie », met-il encore en garde.

« Martyr du Liban »
Hier, 75 nouveaux cas ont été détectés, dont 63 localement et 12 parmi les voyageurs arrivés à Beyrouth. Parmi les cas locaux, 12 ont été enregistrés dans le caza de Beyrouth, 8 à Baabda, 6 à Aley, 5 à Tripoli, 3 à Marjeyoun, 2 à Nabatiyé, 2 à Jbeil, 1 dans le Chouf et 1 à Baalbeck, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Quatre cas ont été enregistrés dans chacun des cazas du Metn, de Zahlé, de Saïda et de Tyr. Il reste à déterminer l’origine de 7 autres cas.

Au total, 2 977 cas ont été signalés au Liban depuis l’apparition de la pandémie en février, au nombre desquels 1 577 guérisons et 41 décès. Actuellement, 1 359 personnes sont toujours positives, sachant que 80 d’entre elles sont hospitalisées dont 16 aux soins intensifs.

Lire aussi

Un nouveau contrat social pour une nouvelle ère

La lutte contre la pandémie a été l’un des principaux dossiers débattus hier en Conseil des ministres, mais les décisions prises ne sont pas à la hauteur de la crise sanitaire. Le Premier ministre Hassane Diab a évoqué la recrudescence des cas. « Aujourd’hui, nous passons par la deuxième vague de coronavirus et il est clair que le nombre de nouvelles contaminations est plus important que lors de la première vague, a-t-il déploré. Nous n’avons toujours pas atteint le pic de cette deuxième vague. Nous craignons que le non-respect par les Libanais des mesures de prévention ne provoque une forte augmentation des cas, nous poussant à perdre nos bien-aimés, comme nous avons perdu hier le médecin Louaï Ismaïl, que nous considérons comme le martyr du devoir. » Lors de son intervention devant les membres du cabinet, le président Michel Aoun a demandé que Louaï Ismaïl soit reconnu comme un « martyr du Liban », une demande adoptée par le gouvernement, qui a également « décidé de considérer les membres du corps médical, médecins, infirmiers, secouristes, volontaires et tous les autres soignants qui décèdent des suites du coronavirus comme des martyrs du devoir ». Le cabinet explique que ces victimes se verront décerner « les décorations convenables, en vertu de la loi ».

Le cabinet Diab a également décidé de faciliter l’arrivée au Liban de chargements de matériel médical appartenant à l’organisation Médecins sans frontières, nécessaire pour lutter contre le coronavirus, et de les exempter des frais de douanes.

Isolement obligatoire
M. Hassan a pour sa part annoncé que les voyageurs qui viennent de pays où ils n’ont pas pu passer le test PCR de dépistage au coronavirus ou dont les résultats semblent douteux seront obligés de s’isoler pendant 24 heures à leur charge, dans un hôtel qui aura été sélectionné en accord avec le ministère du Tourisme.

Il a souligné que le tarif sera « étudié » et ne devrait pas dépasser les 150 000 livres libanaises la nuit. Il a par ailleurs annoncé que le ministère avait approuvé la signature d’un contrat d’« exception » avec une vingtaine de médecins, qui seront chargés de s’occuper du suivi sur le terrain de l’évolution de l’épidémie, notamment dans les hôpitaux, dispensaires et centres de soins. M. Hassan a précisé également que le gouvernement avait approuvé un transfert de 30 milliards de livres libanaises du budget de l’État pour 2020 pour le secteur des soins au sein du ministère de la Santé.

De son côté, le ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi a réitéré son appel aux Libanais afin qu’ils « renforcent l’application des mesures de prévention », et ce « afin de préserver la santé publique ». À cette fin, le ministre a appelé « tous les secteurs professionnels, commerces, cafés, restaurants et hôtels à se conformer à toutes les mesures de santé publique et à s’assurer que leurs employés comme leurs clients portent un masque de protection et respectent la distanciation sociale », a précisé le bureau de presse du ministre, dans un communiqué. M. Fahmi a en outre rappelé « l’interdiction de servir des narguilés dans les lieux clos, sous peine de sanctions ». « Nous demandons à tous de faire preuve de la plus grande vigilance pendant cette phase très délicate et de se conformer aux consignes de prévention », conclut le communiqué, qui affirme que le ministère est désireux d’éviter d’avoir à faire appliquer de nouveau les mesures de la mobilisation générale.

Enfin, le directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, Firas Abiad, a démenti et qualifié de « fake news » les informations selon lesquelles il aurait contracté le virus en accompagnant un de ses enfants lors d’une excursion scolaire, et se serait soumis à une quarantaine. Affirmant n’avoir pas le temps pour de telles activités, il a ajouté qu’il aurait de toute façon « porté un masque et respecté la distanciation sociale, comme tout bon citoyen ».

Le gouvernement semble avoir démissionné de son rôle dans la lutte contre le Covid-19, comme d’ailleurs dans tous les autres dossiers politico-socio-économiques. Alors qu’au tout début de l’épidémie, lorsque les cas étaient encore limités, il a pris des mesures fermes et strictes pour la juguler, remportant le défi haut la main, le voilà aujourd’hui presque apathique devant une...

commentaires (3)

AMBRASSADES INTERDITES COMME DANS LA PHOTO MEME SI ON PORTE UN MASQUE. LA DISTANCIATION EST PLUS IMPORTANTE. ON PEUT S,ENVOYER DES BAISERS A DISTANCE ET EXPRIMER SES SENTIMENTS SANS ACCOLADES.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 51, le 22 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • AMBRASSADES INTERDITES COMME DANS LA PHOTO MEME SI ON PORTE UN MASQUE. LA DISTANCIATION EST PLUS IMPORTANTE. ON PEUT S,ENVOYER DES BAISERS A DISTANCE ET EXPRIMER SES SENTIMENTS SANS ACCOLADES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 51, le 22 juillet 2020

  • Combien d'amendes de cinq millions ont été faites à ce jour ? Une dame venant de France, récemment a assisté à la première communion de son enfant à l'église, et contacté nombres de gens de son village, s'est avérée positive pour le virus. On attend la suite du feuilleton. Mais quel est l'organisme chargé de faire les amendes ?

    Esber

    19 h 18, le 22 juillet 2020

  • Il n'en disait pas tant quand il était à califourchon, sans masque, sur les épaules d'un de ses admirateurs collés autour, sans masques....

    Christine KHALIL

    11 h 42, le 22 juillet 2020

Retour en haut