
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, est attendu en principe ce soir à Beyrouth. Photo d’archives L’OLJ
Le Liban se prépare à accueillir incessamment le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, pour une visite de deux jours. Une visite hautement attendue, car le ministre français des Affaires étrangères doit révéler les détails de l’aide française aux écoles privées du pays à programme français, mais aussi aux écoles chrétiennes, qui traversent une crise aiguë. La preuve que la France se tient aux côtés des Libanais et qu’elle poursuit son soutien à l’enseignement francophone. Le ministre français des Affaires étrangères doit surtout réitérer aux autorités la nécessité de conduire les réformes attendues. Le ton promet d’être ferme. Car il y a urgence extrême et le pays ne peut plus attendre.
Alors que la crise économique et financière s’aggrave irrémédiablement, plombée par la pandémie de coronavirus, aucune réforme n’a été initiée par le cabinet de Hassane Diab qui dirige le pays depuis six mois. Le Groupe international de soutien (GIS) au Liban, réuni en décembre dernier sous la houlette de la France, avait pourtant conditionné toute aide financière à une série de réformes urgentes, parmi lesquelles des coupes dans les dépenses publiques, une restructuration de la dette de l’État qui s’élève à 170 % du PIB, l’assainissement de secteurs-clés, comme celui de l’électricité, des banques, de la fonction publique… Rien d’étonnant dans ce cadre qu’aucune avancée n’ait été enregistrée dans les négociations entre le Liban et le Fonds monétaire international (FMI) pour le déblocage d’une assistance financière.
On n’a plus le luxe d’attendre
La visite libanaise de Jean-Yves Le Drian repose sur « trois points-clés », révèle à L’Orient-Le Jour une source diplomatique. Le chef du Quai d’Orsay va d’abord « réitérer son message de fermeté aux autorités libanaises », et insister une nouvelle fois « sur la nécessité, voire l’urgence de mettre en place des réformes », car « on n’a plus le luxe d’attendre ». Ce même message qu’il a lancé au Sénat français, le 8 juillet dernier, lors d’une séance de questions au gouvernement, ponctué de craintes « de violences » et qui s’était conclu par son désormais célèbre, « Mais aidez-nous à vous aider, bon sang ! ».
Car « les réformes, structurelles, financières, bancaires, de gouvernance, de transparence des marchés publics, de contrôle des capitaux, d’indépendance de la justice, de nomination des autorités de régulation »… sont non seulement « réclamées par les Libanais », mais sont « les prérequis » pour un plan d’action du FMI. Et pour la France, « la meilleure voie de sortie du Liban de l’ornière passe par une négociation avec le FMI », qui exige des réformes structurelles et de gouvernance. Sauf que pour l’instant, ces réformes sont bloquées. Un blocage « propre aux autorités du pays », assure la source. « Or même si le contexte régional est difficile, des réformes comme celles d’EDL ou des banques n’ont pas besoin d’un déblocage régional. »
Toutes les parties libanaises, sans exception
Pour ce faire, « Jean-Yves Le Drian rencontrera les trois pôles du pouvoir » : le chef de l’État Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Hassan Diab. Le ministre français verra aussi « son homologue Nassif Hitti, auquel il transmettra le même message ». Si « aucune rencontre n’est prévue avec des représentants des partis politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition », le chef de la diplomatie française « se réunira par contre avec le chef de l’Église maronite, le cardinal Béchara Raï », qui multiplie les appels en faveur de la neutralité du Liban et espère une résolution du Conseil de sécurité sur la question.
La France est d’ailleurs en phase avec ces appels. « Elle n’a jamais cessé, depuis la déclaration de Baabda du moins (initiée en 2012 par le président Michel Sleiman, NDLR), d’appeler à la dissociation du Liban des conflits régionaux et des problèmes des pays voisins, et d’insister sur cette position nécessaire de neutralité, d’indépendance du Liban et de recouvrement de sa souveraineté », souligne la source diplomatique. Rappelons à ce titre le tweet de l’ambassadeur de France Bruno Foucher, le 17 juillet, qui lors d’une marche à Dimane avec le patriarche Raï avait fait état de son « regret de l’isolement du Liban en raison de son absence de neutralité » et lancé « un appel à ce que la nation se ressaisisse ». Jean-Yves Le Drian aura, de plus, quelques moments « avec la société civile au sens large, de différents secteurs ».
À côté de « ce message de fermeté » que Jean-Yves Le Drian adressera « à toutes les parties libanaises, sans exception », afin que les responsables libanais prennent leurs responsabilités, « la France a aussi la volonté de montrer qu’elle reste aux côtés du peuple libanais qui souffre ». Le chef du Quai d’Orsay « visitera donc plusieurs projets humanitaires que la France soutient au Liban ». Il lancera enfin son troisième message aux écoles du réseau francophone. Un message de soutien à l’enseignement du français au Liban. « C’est depuis une école, où il se rendra, que M. Le Drian fera état du soutien de la France aux écoles du réseau francophone », conclut la source diplomatique.
Les commentaires en disent long sur le dégoût de voir notre pays partir à la dérive, encore plus maintenant qu'avant. Est-ce si difficile de mettre derrière les barreaux tous ceux qui le méritent? De prendre une décision ferme pour arrêter ce pillage de tout ce que nous avons oeuvré à récolter afin d'assurer un avenir correct à nos enfants au sein de leur pays qu'ils aiment tant? Ce rêve de revoir le Liban se redresser, nous le voyons partir à la dérive lui aussi.
19 h 07, le 22 juillet 2020