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Moyen-Orient - Éclairage

Ce qui pousse la jeunesse israélienne à descendre dans la rue

À Jérusalem, les manifestants réclament la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Ce qui pousse la jeunesse israélienne à descendre dans la rue

Des manifestants antigouvernementaux lors d’une manifestation dans le parc Charles Clore, à Tel-Aviv, le 18 juillet 2020. Photo AFP

Fuite des cerveaux, morosité ambiante, désarroi… Comme en Occident, ou plus encore dans la région, la jeunesse israélienne a peu d’illusions quant aux opportunités qui s’offrent à elle dans un pays perçu par une partie de ses habitants comme précaire sur le plan sécuritaire autant qu’économique. Dans les pages du quotidien Haaretz, l’un des militants les plus en vue dans le pays, Amir Haskel, qualifiait récemment cette jeunesse de « terriblement apathique ».

Les frustrations n’ont pas mené à des mouvements de rue massifs depuis 2011, quand des sit-in rassemblaient jusqu’à 500 000 personnes sur les places de Tel-Aviv afin de dénoncer les inégalités socio-économiques, précisément à la même période de l’année.

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Depuis plusieurs semaines pourtant, un nouvel élan de contestation né dans le sillage de l’épidémie secoue la jeunesse israélienne qui se rassemble par milliers à Jérusalem ou à Tel-Aviv. Leur colère est politique : elle est dirigée contre une classe dirigeante jugée corrompue et discréditée pour son inaction. Leur inquiétude est économique : elle est exacerbée par une économie en berne et une courbe du chômage exponentielle dépassant récemment la barre symbolique des 20 %, en raison de la crise du coronavirus. Leur cible de prédilection : Benjamin Netanyahu, l’homme aux commandes du pays depuis un nombre record d’années, 15 au total depuis 1996. Un Israélien de 30 ans avait donc 6 ans lorsque M. Netanyahu a commencé à dominer le paysage politique. Autant dire qu’une large partie de la jeunesse du pays ne connaît pas d’alternative au Premier ministre actuel.

Des manifestants antigouvernementaux lors d’une manifestation dans le parc Charles Clore, à Tel-Aviv, le 18 juillet 2020. Photo AFP

« Le Yerida »

Le mouvement poursuit une gronde amorcée en mars : chaque samedi, des individus sortaient de leur confinement, en voiture ou à pied, un drapeau noir en main, afin de désapprouver le gouvernement d’union nationale alors en gestation entre les deux anciens rivaux, Benjamin Netanyahu et Benny Gantz. Tout comme les protestations du « black flags » de mars, celles d’aujourd’hui sont de plus en plus animées par les jeunes. Selon une source citée par le Haaretz, ces derniers composent 25 % des manifestants rassemblés devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem début juillet ; 50 % le 11 juillet ; et une majorité écrasante le samedi 18 juillet. Ce sentiment de frustration est exacerbé par la fermeture des frontières en raison de la pandémie. Le passeport israélien, qui d’ordinaire ouvre la voie à de nombreux pays, a permis à une frange croissante de la jeunesse israélienne d’émigrer ou d’envisager l’émigration au cours des dernières années. C’est le « Yerida », par opposition à l’« Aalyia », la montée ou immigration en Israël. Mais depuis que la pandémie a bouleversé les possibilités de déplacements à l’international, les portes se sont refermées devant cette jeunesse habituée à pouvoir se projeter dans un ailleurs facile. De New Delhi à Alger, la pandémie a contribué à casser les mouvements de protestations. Mais, en Israël, elle aura au contraire contribué à catalyser un mécontentement préexistant.

Les charges de corruption pesant contre Benjamin Netanyahu, sa gestion de la crise sanitaire, ou encore son bilan économique comptent parmi les principaux points de focalisation de la contestation. Derrière, c’est également l’ensemble du nouveau gouvernement qui est pointé du doigt. Alors que l’économie s’effondrait, le gouvernement se déchirait sur la question d’une possible annexion express d’une partie de la Cisjordanie avant l’échéance autoproclamée du 1er juillet. L’annonce du plan de sauvetage de 90 milliards de shekels (22,5 milliards d’euros) lancé par le Premier ministre le 12 juillet n’est pas parvenue à étouffer le mouvement. Jusqu’à récemment, le gouvernement pouvait mettre en avant sa gestion de la crise sanitaire, jugée réactive et efficace. Mais avec une augmentation frôlant les 2 000 nouveaux cas certains jours, la reprise à la hausse des chiffres de l’épidémie suite aux mesures de déconfinement a ébranlé ce bilan. Selon un récent sondage publié par la chaîne de télévision israélienne Channel 13, 61 % des Israéliens désapprouvent la gestion de la crise par Benjamin Netanyahu.

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Certaines manifestations ont mené à des affrontements violents avec la police. Les arrestations de militants, comme celle d’Amir Haskel, ont créé la polémique et parfois poussé certains à se mobiliser. « J’ai soudain compris que nous avions atteint le stade de la détention politique », témoigne un jeune cité dans le quotidien Haaretz. Mais, comme couramment lors de manifestations spontanées, les observateurs font état du manque de leadership des manifestants. Une reprise économique, des réformes plus alléchantes de la part du gouvernement, ou encore la rentrée universitaire à la fin de l’été pourraient accélérer un essoufflement du mouvement. En attendant, le Premier ministre mise sur une vieille stratégie : monter une partie de l’opinion contre les manifestants en les accusant de banditisme ou encore tenter de courtiser la frange populaire des manifestants afin de rediriger les demandes…

Fuite des cerveaux, morosité ambiante, désarroi… Comme en Occident, ou plus encore dans la région, la jeunesse israélienne a peu d’illusions quant aux opportunités qui s’offrent à elle dans un pays perçu par une partie de ses habitants comme précaire sur le plan sécuritaire autant qu’économique. Dans les pages du quotidien Haaretz, l’un des militants les plus en vue dans le...

commentaires (2)

Ce qui pousse la jeunesse israélienne à descendre dans la rue. Ce sont les mêmes raisons qui poussent les jeunes de tous les pays démocratiques et libres , à y descendre. Ce n’est pas une exception. Les jeunes du monde entier quittent leur villages et parents . En Occident, ils quittent leurs villages pour aller vivre à 5 ou 7 heures de trajet en train ou avion. C’est aussi des voyages. Des exils. La différence entre les jeunes arabes et les autres ( israéliens inclus): Les jeunes arabes manifestants finissent en prison ou tabassés. La corruption des politiciens est partout. On le sait surtout au liban non? . Les révoltes aussi. C’est un phénomène antique qui n’a rien de nouveau, excepté pour de jeunes rédacteurs qui n’ont connu aucune révolte des décennies précédentes. Bonne journée

LE FRANCOPHONE

07 h 37, le 22 juillet 2020

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Commentaires (2)

  • Ce qui pousse la jeunesse israélienne à descendre dans la rue. Ce sont les mêmes raisons qui poussent les jeunes de tous les pays démocratiques et libres , à y descendre. Ce n’est pas une exception. Les jeunes du monde entier quittent leur villages et parents . En Occident, ils quittent leurs villages pour aller vivre à 5 ou 7 heures de trajet en train ou avion. C’est aussi des voyages. Des exils. La différence entre les jeunes arabes et les autres ( israéliens inclus): Les jeunes arabes manifestants finissent en prison ou tabassés. La corruption des politiciens est partout. On le sait surtout au liban non? . Les révoltes aussi. C’est un phénomène antique qui n’a rien de nouveau, excepté pour de jeunes rédacteurs qui n’ont connu aucune révolte des décennies précédentes. Bonne journée

    LE FRANCOPHONE

    07 h 37, le 22 juillet 2020

  • Je tombe des cieux je n'arrive pas a croire que les sionistes sont arrivés à ce point la....''.'.

    Eleni Caridopoulou

    00 h 21, le 22 juillet 2020

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