
Le président de l'Université américaine de Beyrouth, Fadlo Khuri, lors d'un entretien avec l'AFP, à Beyrouth, le 23 juin 2020. Photo AFP / JOSEPH EID
Le président de l'Université et de l'Hôpital américains de Beyrouth (AUB et AUBMC), Fadlo Khuri, a affirmé lundi que le licenciement la semaine dernière de centaines d'employés de ces institutions, au moment où le Liban connaît une crise économique et financière sans précédent, "aurait pu et dû être mieux géré". Dans un communiqué, le responsable académique a répondu aux critiques ayant entouré l'annonce des licenciements, notamment en ce qui concerne le déploiement massif de forces de sécurité au moment de ces annonces. Annoncés il y a un peu plus d’un mois par le président de l’AUB, les licenciements tant appréhendés au sein de l’établissement ont été mis à exécution le 17 juillet. Une décision qui est quand même tombée comme un couperet sur des centaines d'employés qui ont donné libre cours à leur détresse et leur peur de l’avenir.
Dans ce texte, Fadlo Khuri précise que 650 salariés ont été licenciés et que 200 contrats ayant expiré ne seront pas renouvelés. "La semaine dernière a été exceptionnellement difficile", a-t-il concédé. Il a souligné que ces mesures avaient été étudiées pendant plusieurs mois, en collaboration avec le syndicat des employés de l'AUB, "afin que les opérations ne soient pas mises en péril et que l'AUB reste abordable". Il a ajouté qu'un "filet de sécurité sociale" avait été mis en place, comprenant notamment des compensations financières et le paiement des frais d'inscription à l'Université des enfants des personnes licenciées. Affirmant "comprendre le terrible impact" de ces départs pendant la crise actuelle, il a fait savoir qu'une série de mesures avaient déjà été prises avant de devoir se résoudre à mettre en place le plan de départs. M. Khuri a notamment cité des coupes budgétaires autant sur le campus qu'au centre médical, la recherche de fonds supplémentaires, la fermeture de départements peu performants, l'annulation de tous les voyages prévus et la suspension de certains travaux de construction. Il a ajouté que, dans ce cadre, plusieurs enseignants ainsi que des membres hauts placés de l'administration avaient reversé "10 à 20 % de leurs salaires" à l'université depuis des mois. "J'ai moi-même versé 25 % de mon salaire mensuel depuis la mi-novembre 2019", a-t-il écrit.
Menaces extérieures
"La majorité des licenciements ont été réalisés dans notre centre médical pour plusieurs raisons et touchent également des membres de l'équipe de direction", a ajouté le président de l'AUB, qui a précisé que plusieurs départements du Centre médical étaient en sureffectif.
"La manière dont nous avons mené ces départs, surtout à l'AUBMC, aurait pu et dû être mieux gérée, ce qui aurait permis d'éviter certaines confusions et douleurs", a par ailleurs reconnu Fadlo Khuri. Il a dans ce contexte expliqué que la présence de l'armée et des Forces de sécurité intérieure autour des bâtiments au moment de l'annonce des licenciements avait été rendue nécessaire par "de graves menaces extérieures reçues au cours de la semaine précédente". "La sécurité du personnel, des patients, des étudiants et du public est et restera notre priorité", a-t-il indiqué, reconnaissant toutefois que cette présence sécuritaire aurait également "pu être mieux gérée".
"Où vais-je trouver un autre boulot ?"
Sur le terrain, une manifestation a été organisée en milieu de journée, devant l'entrée de l'université, à l'appel notamment du syndicat des enseignants. Des centaines de personnes se sont rassemblées afin de dénoncer ces licenciements "injustes" selon eux. Certaines pancartes brandies par les manifestants réclamaient que des mesures soient prises au niveau du leadership de l'AUB, déplorant le fait qu'ils se retrouvent sans emploi alors qu'ils ont des familles ou parents à charge.
Interrogée par notre journaliste sur les lieux, Claude Assaf, Fatmé Masri, originaire de Tarik el-Jdidé, regrette qu'après douze ans de service aux urgences de l'AUBMC, elle se retrouve sans emploi et appelle l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, à agir face aux licenciements. Sa mère, qui se trouve à ses côtés, ironise sur le fait que désormais "c'est à elle de prendre soin" de sa fille.
"Dans la situation actuelle, où vais-je trouver un autre boulot ?", s'interroge de son côté Mohammad Daou, qui faisait partie de l'équipe d'entretien des bâtiments
Entre les retards de paiement de l’État, l’explosion des coûts et la baisse de l’activité, le secteur hospitalier privé, déjà sous pression en raison de la lutte contre la pandémie de coronavirus, est l'un des très nombreux secteurs touchés par la pire crise économique et financière de l'histoire moderne du pays, au même titre que celui de l'enseignement.
Le président de l'Université et de l'Hôpital américains de Beyrouth (AUB et AUBMC), Fadlo Khuri, a affirmé lundi que le licenciement la semaine dernière de centaines d'employés de ces institutions, au moment où le Liban connaît une crise économique et financière sans précédent, "aurait pu et dû être mieux géré". Dans un communiqué, le responsable académique a répondu aux...
commentaires (7)
Nobody should doubt the good intentions of President Khouri As he had no choice but act, contrary to our politicians who are sitting idle on the money stolen from the people . Maybe he should have chosen for forced retirement the people who in the first place were imposed on him by Berri , Hariri , Joumblatt. Et al.
Robert Moumdjian
05 h 08, le 23 juillet 2020