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Culture - Cinéma

Jad Orphée Chami : La révolution du 17 octobre m’a réconcilié avec le Liban

C’est à seulement 21 ans que ce compositeur et artiste-chercheur libano-canadien a été nommé (auprès de grands comme Howard Shore) à l’IRIS pour la meilleure musique originale du film « Antigone » au Gala Québec Cinéma.

Jad Orphée Chami : La révolution du 17 octobre m’a réconcilié avec le Liban

Jad Orphée Chami, un compositeur curieux de tout. Photo DR

Né au Liban, Jad Orphée Chami estime être privilégié d’avoir des parents qui n’accordaient d’importance ni aux classes sociales ni à la religion, mais aux vraies valeurs humaines et humanistes. « Des parents qui m’ont protégé, dit-il, de toutes les dissensions politiques et sociales et m’ont aidé à voler librement. » Chami se choisit très jeune son nom d’Orphée, le demi-dieu qui reçut une lyre de sept cordes d’Apollon et qui en a rajouta deux autres. Après des études de piano au Conservatoire national du Liban, le jeune homme s’envole pour le Canada où il va poursuivre son baccalauréat ès beaux-arts en musique à l’Université de Concordia. Ce qui lui fait découvrir par la suite l’histoire orale dans le cadre de ses études musicales. En 2018, il apprend par un ami que la scénariste/réalisatrice canadienne Sophie Deraspe tenait des auditions pour son film Antigone. L’étudiant a tout juste 18 ans. N’ayant jamais joué dans sa vie, il s’y présente pourtant en avouant à la réalisatrice qu’il ne veut pas vraiment auditionner pour un rôle dans son film, mais plutôt en composer la musique. « Je me suis alors incrusté au tournage après lui avoir remis un extrait de ma composition », se souvient le jeune homme. L’œuvre traite de la crise identitaire que traversent les principaux personnages – des immigrants au Québec – ainsi que des préjugés raciaux auxquels ils sont confrontés dans leurs rapports avec la police et avec la violence de toutes sortes. Un sujet qui interpelle très vite le jeune Libanais qui avait quitté son pays en 2015. Sophie Deraspe l’informe qu’elle souhaite collaborer avec lui à la création de la trame sonore du film, qu’elle enrichira par la suite de pièces de hip-hop et d’airs folkloriques algériens du grand compositeur canadien Jean Massicotte. Entouré des membres du quatuor à cordes Andara, Jad Orphée Chami enregistre le thème mélodique d’Antigone dans l’une des salles de répétition de l’Université Concordia, composition inspirée de la mélodie des chœurs grecs. Cette version contemporaine d’Antigone l’inspire réellement, lui qui est épris de mythologie. Cette identité multiple due à l’émigration, il la recréera, entière, en plongeant dans son domaine de prédilection. Le reste de l’aventure se déroule rapidement : le film est choisi pour représenter le Canada aux oscars et récemment par le Gala Québec qui récompense l’industrie du cinéma québécois. Outre l’expérience cinématographique, le jeune artiste a composé des œuvres pour un film d’animation et une pièce de théâtre documentaire. « J’aime travailler sur plusieurs fronts car je suis curieux de tout », dit-il.

Jad Orphée Chami, un compositeur curieux de tout. Photo DR

Venu récemment au Liban, avant le confinement, Chami retrouve un potentiel humain et artistique grâce à la révolution, lui qui avait quitté son pays en colère. Il renoue des liens, déterminé à mettre son grain de sel, rien qu’une petite contribution. Il entend approfondir le sujet de sa recherche de maîtrise avec pour thème « Les disparus ». « Par le moyen de l’art, je peux mettre en scène ces récits et histoires douloureuses. Pour pouvoir mener à bien ce projet, il vient d’entamer un cursus de deuxième cycle à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris : « Je n’aimerais pas voir mon pays pourrir, et je peux vous dire que c’est la révolution qui m’a aidé à voir plus clair en moi. Elle m’a également réconcilié avec le Liban. »


Né au Liban, Jad Orphée Chami estime être privilégié d’avoir des parents qui n’accordaient d’importance ni aux classes sociales ni à la religion, mais aux vraies valeurs humaines et humanistes. « Des parents qui m’ont protégé, dit-il, de toutes les dissensions politiques et sociales et m’ont aidé à voler librement. » Chami se choisit très jeune son nom...

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