Rechercher
Rechercher

Politique - Liban-Syrie

Derrière le plan pour le retour des réfugiés, une tentative de normalisation ?

Le gouvernement doit examiner demain une proposition de feuille de route élaborée par le ministère des Affaires sociales.

Derrière le plan pour le retour des réfugiés, une tentative de normalisation ?

À Ersal, le 28 juin 2018, des réfugiés syriens attendant le départ du convoi qui les ramènera chez eux. Photo d’archives AFP

Le Conseil des ministres prévu demain mardi à Baabda sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun, abordera plusieurs questions épineuses, dont un plan gouvernemental exposant la politique à suivre dans la perspective d’un retour des réfugiés syriens chez eux. Le texte est élaboré par le ministère des Affaires sociales et préconise « une collaboration avec le régime syrien ». En mettant sur les rails ce plan, le Liban officiel tente d’adresser un message fort à la communauté internationale, pour réaffirmer son attachement à un retour des réfugiés syriens chez eux, le plus rapidement possible, indépendamment d’une solution politique à la crise syrienne. D’autant que celle-ci tarde à venir et que le Liban traverse la pire crise économique de son histoire moderne.

Mais dans les milieux hostiles au pouvoir en place, la réunion de mardi suscite une certaine inquiétude, tant l’on craint que le texte proposé ne serve d’instrument pour un rétablissement du dialogue avec le régime de Bachar el-Assad. Si cette hypothèse venait à se confirmer, il faudrait s’attendre à une relance du houleux débat autour d’une normalisation des rapports libano-syriens, sous prétexte de coordination avec le régime Assad pour résoudre la crise des réfugiés. Une option que l’opposition continue de rejeter et qui risque, si le Liban s’aventure à la concrétiser, de l’exposer aux sanctions prévues dans le cadre de la loi américaine César du 17 juin, qui impose des sanctions au régime de Bachar el-Assad et à toute personne ou entité coopérant avec lui.

Préconiser un rétablissement des relations avec Damas n’est pas, évidemment, passer à l’acte. Mais au sein du gouvernement, certains croient toujours qu’un dialogue avec la Syrie est incontournable pour un règlement du dossier des réfugiés. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Kassem Abi Ali, coordinateur du programme gouvernemental de réponse à la crise syrienne au sein du ministère des Affaires sociales, estime ainsi « naturel » de coordonner avec le régime syrien dans le cadre de cette affaire, « dans la mesure où c’est l’État syrien qui est responsable de ses citoyens ». « Nous ne voulons pas nous noyer dans des débats à caractère politique. Ce qui nous importe le plus, c’est le retour des réfugiés en Syrie », lance-t-il.

Pour mémoire

Moallem : La Syrie prête à coopérer avec le Liban pour faire face à la loi César


Prié d’exposer les grandes lignes du plan, Kassem Abi Ali commence par préciser que le texte soumis à l’examen du Conseil des ministres n’est autre qu’une version amendée du plan élaboré par le ministère d’État pour les Affaires des réfugiés sous le gouvernement de Saad Hariri. « Notre projet est conforme aux lois internationales en vigueur. Il est principalement axé sur le droit des réfugiés à préserver leur liberté », explique-t-il, avant d’ajouter : « Le plan prévoit un retour échelonné des réfugiés syriens et préconise la collaboration avec le régime syrien. » Ne souhaitant pas entrer dans ce qu’il estime être « les détails techniques » du plan, M. Abi Ali insiste sur la nécessité d’assurer les conditions de retour des réfugiés dans les plus brefs délais. « C’est pour cette raison que nous avons accompli notre devoir en mettant sur pied un projet pour résoudre le problème de la présence massive des Syriens au Liban. Et c’est une première », conclut-il.

« Un texte politique »
Ce que les milieux gouvernementaux perçoivent comme un accomplissement à mettre à l’actif du ministre des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafié, ne semble toutefois pas satisfaire les experts en matière de politiques publiques et des réfugiés. Ziad el-Sayegh, l’un de ces experts qui a eu la possibilité de prendre connaissance du plan, note d’ores et déjà ce qu’il qualifie de failles significatives dans le projet du ministère. « Le plan ne répond pas à certaines questions fondamentales, telles que le nombre de réfugiés résidant au Liban », s’alarme-t-il, interrogé par L’Orient-Le Jour. Le projet Moucharrafié évoque le chiffre de 1,5 million de réfugiés, alors que le Haut-Commissariat pour les réfugiés s’en tient à près de 980 000, note-t-il.

Sur un autre registre, M. Sayegh explique que « tout plan portant sur une question aussi épineuse que celle des réfugiés devrait comprendre deux volets, l’un consacré à la gestion de la crise et l’autre à celle du processus de retour ». Or, poursuit l’expert, « en ce qui concerne la gestion de la crise, l’État a terriblement manqué à ses responsabilités en ne fournissant pas de chiffres exacts sur le nombre de Syriens présents au Liban ». « De plus, le plan ne distingue pas entre les réfugiés et les travailleurs syriens, leurs conditions étant différentes. Il ne définit pas, en outre, le rôle des autorités locales, en l’occurrence les municipalités, dans la gestion de la crise des réfugiés », précise M. Sayegh, indiquant que le plan de Ramzi Moucharrafié occulte aussi le protocole de coopération entre l’État libanais et le Haut-Commissariat pour les réfugiés ».

Dans le Commerce du Levant

Les enjeux de la loi César


Ziad el-Sayegh souligne également que des centaines de réfugiés syriens peuvent d’ores et déjà rentrer dans certaines régions contrôlées par le Hezbollah, telles que Zabadani, le Qalamoun et le Qalamoun-Ouest. « Mais pour le moment, personne n’en parle, pour des motifs politiques », souligne-t-il. Déplorant le fait que le plan « ne respecte pas les critères scientifiques », il souligne que le texte ne prévoit pas non plus une phase transitoire durant laquelle des centres d’hébergement devraient être établis en zones frontalières.

Autant de points qui incitent M. Sayegh à estimer que le plan « n’est qu’un texte politique visant à exercer des pressions dans le sens d’une normalisation des relations libano-syriennes, et non à régler, réellement, la question des réfugiés ».

Le Conseil des ministres prévu demain mardi à Baabda sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun, abordera plusieurs questions épineuses, dont un plan gouvernemental exposant la politique à suivre dans la perspective d’un retour des réfugiés syriens chez eux. Le texte est élaboré par le ministère des Affaires sociales et préconise « une collaboration avec le...

commentaires (7)

Des dizaines de milliers de jeunes femmes parmi les réfugiés syriens font un enfant tous les neuf mois . Des machines à pondre incontrôlées par les ONG qui les encouragent à rester au Liban sans toutefois les initier à mettre des limites au taux de natalité . c'est ce qui explique les discordances dans le nombre exact des réfugiés implantés au Liban depuis 2010.

Hitti arlette

16 h 51, le 13 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Des dizaines de milliers de jeunes femmes parmi les réfugiés syriens font un enfant tous les neuf mois . Des machines à pondre incontrôlées par les ONG qui les encouragent à rester au Liban sans toutefois les initier à mettre des limites au taux de natalité . c'est ce qui explique les discordances dans le nombre exact des réfugiés implantés au Liban depuis 2010.

    Hitti arlette

    16 h 51, le 13 juillet 2020

  • La Syrie ne les veut pas alors ces pauvres gens ils sont contents au Liban au lieu du tyran Bashar el Assad

    Eleni Caridopoulou

    12 h 47, le 13 juillet 2020

  • Pourquoi le Président et le Gouvernement ne demandent pas officiellement à la Syrie de notifier le Liban, de sa décision ferme et définitive de rapatrier ses propres citoyens réfugiés au Liban du fait de la guerre civile sur le sol syrien, ainsi que des modalités d'un tel retour ??? A la lumière de cette réponse, le Gouvernement libanais mettra alors en place un plan détaillé en coordination avec les instances politiques internationales, et les organisations humanitaires chargées de ce dossier !!!

    Salim Dahdah

    11 h 33, le 13 juillet 2020

  • Quand "ils" sortiront pour de bon de notre Liban !?! "ils" sont la depuis 2011 deja!! Raz le bol de tout ça!!

    Marie Claude

    11 h 18, le 13 juillet 2020

  • Les syriens ont un pays. Il est temps pour eux de le prendre en charge et de se prendre en charge. Pourquoi donner des aides sur le sol libanais et pas sur le sol syrien? Si les ONG ont vraiment l'intention d'aider les réfugiés, pourquoi les maintenir en mode survie au Liban? Et puis les libanais ont déjà fait une très grande part dans la solidarité. Qui pense à eux? Il est temps pour nous de nous consacrer à notre propre survie. Et à notre pays.

    Sybille S. Hneine

    09 h 28, le 13 juillet 2020

  • "" Derrière le plan pour le retour des réfugiés "" dites vous ? Non c'est DEVANT ce plan, en manchette dirait on comme les gesticulations repetitives dans le meme but : associer la syrie a l'iran-malgre les iraniens- a notre demission et alienation. Quant aux syriens concernes en 1er , ils s'en foutent royalement de nos plans.... ne font meme pas mine d'en avoir un eux-memes. VIVE LE NATIONALISME LIBANAIS !

    Gaby SIOUFI

    08 h 47, le 13 juillet 2020

  • Ziad El-Sayegh un expert. Comment devient-on un expert en refugiés? Il est certain que les refugiés syriens n'ont aucun rapport avec le hezbollah mais bien plutôt avec les organisations humanitaires qui les encouragent à rester au Liban avec des aides juteuses.

    Massabki Alice

    08 h 43, le 13 juillet 2020

Retour en haut