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Société - Université publique

Les professeurs titulaires de l’UL exhortent l’État à sauver l’université publique

Ils menacent d’une grève ouverte et mettent en garde contre les difficultés qui se dessinent pour la prochaine rentrée universitaire.

Les professeurs titulaires de l’UL exhortent l’État à sauver l’université publique

Les enseignants de l’Université libanaise, hier matin, lors de leur sit-in devant le siège administratif de l’université publique. Photo DR

Les professeurs de l’Université libanaise sont montés au créneau hier, face à l’effondrement économique et financier du pays. Lors d’un sit-in organisé par la Ligue des professeurs titulaires de l’UL devant le siège de l’institution, place du Musée, ils ont invité les autorités à préparer la seule université publique du pays à l’accueil d’étudiants issus du secteur privé, touchés par la crise. Ils ont aussi menacé d’escalade, voire de grève ouverte, si l’État n’accordait pas davantage d’attention à l’institution éducative, en terme de budget, d’équipements, de respect des droits des professeurs, mais aussi d’indépendance vis-à-vis de la classe politique. C’est dans ce cadre que se situe le cri d’alarme du président du comité exécutif de la Ligue des professeurs titulaires, Youssef Daher, qui dénonce la mauvaise gouvernance du pays comme de l’UL, met en garde contre l’aggravation des difficultés de l’université publique à la rentrée prochaine et interpelle les autorités avec « franchise » sur sept questions « graves » liées à sa survie, afin de les pousser à mettre en place « une cellule de crise ». Le tout dans un contexte d’effondrement de la valeur de la livre libanaise face aux devises étrangères. « Nous manifestons et frappons du poing sur la table aujourd’hui, pour la millième fois depuis le début du parcours de cette université, pour prendre sa défense et la protéger, souligne le Pr Daher. Car nous en sommes responsables et ne la laisserons jamais tomber, contrairement aux responsables qui ont abandonné la nation ». Il ne manque pas à cet égard de rappeler à la classe au pouvoir l’effondrement généralisé, la pauvreté qui sévit et les risques élevés de décrochage d’une jeunesse en grande difficulté.

Un budget réduit comme peau de chagrin

À L’Orient-Le Jour, Youssef Daher explique les raisons de cette escalade, mue par « la situation critique de l’UL ». Il tient d’abord à rappeler que sans un budget suffisant, l’université ne peut fonctionner. Le budget de l’UL, qui accueille aujourd’hui 82 000 étudiants, est le même depuis cinq ans, soit 400 milliards de LL par an. Cela représente désormais 50 millions de dollars, alors qu’avant la dépréciation de la monnaie nationale, ce chiffre représentait 280 millions de dollars. Et après les salaires, les loyers et le fonctionnement de l’université, il ne reste pratiquement plus grand chose pour payer le papier, l’encre des imprimantes, le mazout du générateur électrique ou la connexion internet. « Nous manquons de tout, aujourd’hui, dénonce le syndicaliste. Et cela risque d’être pire encore l’année prochaine, car nous prévoyons de recevoir plusieurs milliers d’étudiants qui n’ont plus les moyens d’assumer les frais de l’université privée. » C’est pourquoi il appelle l’État, plus particulièrement le ministère de l’Éducation, à s’organiser pour l’accueil de ces étudiants qui envisagent de se tourner vers l’université nationale. « Va-t-il les chasser et les pousser vers la criminalité ? demande-t-il. Sinon qu’a-t-il fait pour améliorer les capacités de l’UL en terme de salles, de laboratoires, d’équipements, d’embauche, de courant électrique, de capacité de bande passante... Qu’a-t-il fait pour prendre en charge les 50 % d’étudiants qui n’ont pas pu suivre l’enseignement à distance, faute de moyens ? »

Un salaire moyen de 10 millions de LL par an

Même la situation des enseignants laisse à désirer, révèle M. Daher. Si les titulaires (à plein temps ou vacataires) représentaient 80 % des professeurs durant les années 2000, ils ne constituent plus désormais que 15 % du corps professoral, la majorité étant contractuels payés à l’heure. « Une situation qui coûte à l’État un manque à gagner de 9 milliards de LL par an, car les titularisés sont tenus de payer les charges sociales », fait remarquer le syndicaliste. Précisons que sur 6 000 professeurs, seulement 700 sont donc titulaires à plein temps et 1 000 sont vacataires à plein temps. Tous les autres sont contractuels. Et puis avec la dépréciation de la livre, « le salaire moyen de 70 % des professeurs, qui plafonne à 10 millions de LL par an, ne vaut plus qu’un millier de dollars. Les enseignants ont pourtant redoublé d’efforts pour assurer l’enseignement à distance. Il ne leur reste plus que l’émigration », déplore-t-il. D’où cet appel des contractuels à être cadrés, depuis six ans déjà.

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Mais l’État tergiverse et « le dossier se perd » dans les dédales de l’administration et des calculs d’équilibre confessionnel. « Concernant ce dossier de titularisation, nous avons appris que 50 % des candidats étaient d’une seule communauté (chiites) et que les autres appartenaient à toutes les autres communautés réunies », révèle le syndicaliste. « Sauf que nous réclamons que les futurs titularisés soient sélectionnés uniquement sur base de leurs compétences et que l’UL soit indépendante de l’influence politique et confessionnelle », souligne-t-il.

Autre question épineuse, celle du conseil de l’université qui a été « liquidé en septembre dernier », faute de quorum durant trois réunions consécutives. « Sa réélection est aujourd’hui hypothéquée par le nombre important de doyens nommés par intérim, confie Youssef Daher. Sans oublier la relation conflictuelle entre le recteur de l’UL Fouad Ayoub, proche du mouvement Amal et le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Tarek Majzoub (indépendant), qui paralyse l’institution. »

« En 35 ans de carrière, je n’ai jamais vécu une telle situation économique ou logistique », affirme le président de la Ligue des professeurs titulaires de l’UL, qui fait état de son soutien au soulèvement populaire initié le 17 octobre 2019. « Le plus dur, conclut-il, c’est de constater qu’au Liban, l’éducation nationale n’est pas une priorité. »

Les professeurs de l’Université libanaise sont montés au créneau hier, face à l’effondrement économique et financier du pays. Lors d’un sit-in organisé par la Ligue des professeurs titulaires de l’UL devant le siège de l’institution, place du Musée, ils ont invité les autorités à préparer la seule université publique du pays à l’accueil d’étudiants issus du secteur...

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OU3A BAKHACHOUL TAWLE !

LA LIBRE EXPRESSION

06 h 56, le 08 juillet 2020

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  • OU3A BAKHACHOUL TAWLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 56, le 08 juillet 2020

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