
Une femme allume une bougie à Hamra, le 3 juillet 2020, quelques heures après qu'un homme se soit suicidé par balle sur les lieux, par désespoir face à la crise socio-économique qui frappe le Liban. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Au lendemain de deux suicides qui ont choqué le Liban et provoqué la colère de la rue contre une classe politique incapable de faire face à la crise économique inédite à laquelle est confronté le pays, un troisième suicide a eu lieu samedi dans le Sud du pays, un homme ayant mis fin à ses jours par désespoir, selon plusieurs médias locaux.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la victime de 82 ans, identifiée par ses initiales, Kh. A. I., a été retrouvée sans vie à son domicile situé à Hoch, à Tyr. Près de son corps se trouvait un pistolet. Les Forces de sécurité intérieure ont ouvert une enquête pour déterminer les causes de la mort. Selon les chaînes LBCI et NBN, il s'agit d'un "suicide en raison des conditions de vie difficiles" et de "la cherté de vie".
Vendredi, deux suicides ont choqué le pays. A la rue Hamra, à Beyrouth, qui d'habitude grouille de passants, un homme de 61 ans originaire du Hermel, dans la Békaa, s'est tué d'un coup de feu sur un trottoir de la rue. Une copie d'un casier judiciaire vierge, appartenant au sexagénaire, ainsi qu'une note ont été trouvés sur les lieux du drame. "Je ne suis pas un mécréant, c’est la faim qui est une mécréante". C’est cette phrase tirée d’une célèbre chanson de Ziad Rahbani qu’avait écrite et mise en évidence sur sa poitrine le sexagénaire. Des Libanais en colère sont venus rendre hommage à la victime, sur les lieux du drame, vendredi après-midi.
Dans le sud du pays, le jour-même, dans la localité de Jadra située à proximité de Saïda, un chauffeur de camionnette de 37 ans s'est donné la mort. L'homme souffrait de difficultés financières, a indiqué le chef de la municipalité, Joseph al-Azzi. Samedi, plusieurs de ses collègues, qui souffrent également de la crise, ont manifesté à Saïda afin de rendre hommage à la victime et crier leur colère, rapporte notre correspondant, Mountasser Abdallah. Les chauffeurs se sont rassemblés en matinée sous le pont Awwali, dans le nord de Saïda. Ils ont ensuite organisé un sit-in devant la mosquée Zaatari, avant de se rendre sur la place Elia, haut-lieu de la révolte populaire contre la classe politique, déclenchée le 17 octobre 2019. Ils ont brièvement bloqué la circulation avant que l'armée n'intervienne pour rouvrir la route.
Des chauffeurs de bus manifestant à Saïda, au Liban-sud, le 4 juillet 2020, contre les conditions socio-économiques difficiles. Photo Mountasser Abdallah
En outre, plusieurs manifestants se sont rassemblés samedi à Mazraat Yachouh sous le slogan "le peuple en est au suicide". Les protestataires ont dénoncé les politiques économiques et monétaires du pays et ont accusé le gouvernement libanais d'être responsable de la situation actuelle. Ils ont stigmatisé toute la classe dirigeante et réclamé son départ, rapporte la chaîne LBCI. Toujours selon la chaîne, qui rapporte les propos des manifestants, des forces de l'ordre s'en sont pris aux protestataires et l'un deux a été transporté à l'hôpital.
En outre, à Tripoli, une marche a été organisée dans les rues de la ville du Nord. Les participants à la marche ont lancé des slogans dénonçant la corruption, la cherté de vie, la pauvreté et la hausse des prix. Plus tôt dans la soirée de samedi, une manifestation a eu lieu de la région de Abra jusqu'à la place Elia, à Saïda sous le slogan "partez nous ne vous voulons pas". "Non au suicide, à la famine et au désespoir", ont lancé les protestataires.
Londres, Paris, New York
Sur les réseaux sociaux des milieux de la contestation populaire, des appels à des rassemblements dimanche après-midi à Londres, Paris et New York ont été lancés, à l'initiative du collectif "Meghterbin Mejtemiin".
Le Liban continue de s'enfoncer dans sa pire crise économique et financière depuis 1990, alors que le gouvernement du Premier ministre Hassane Diab semble incapable d'engager les réformes réclamées par la rue et la communauté internationale pour redresser un pays miné par la corruption. La débâcle économique sans précédent, qui dure depuis près d'un an, s'est accompagnée d'une chute vertigineuse de la livre libanaise dans un pays où 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté et plus de 35% de la population active est au chômage. La crise a été l'un des catalyseurs en octobre d'un soulèvement inédit contre l'intégralité de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence.
commentaires (6)
JE CORRIGE : MA HARAM HAL 3ALAM ILLE 3AM TENTEHER ? WLEK 7ELLOU 3AN TEEZOU BAA LAL CHA3B EL LEBNENE OU ROUHOU 3A MEET JHENNAM. RAWHA BALA RAJ3A. KENNOU FLEN WELA FLEYTEN. MEMES CLIQUES.
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 02, le 05 juillet 2020