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Lifestyle - Portrait

Leila Tarazi Fawaz, une étoile au firmament de Harvard

Première Libanaise à recevoir la médaille de la prestigieuse université, l’historienne s’est taillé une solide réputation sur la scène académique depuis quatre décennies.

Leila Tarazi Fawaz, une étoile au firmament de Harvard

Leila Tarazi Fawaz, première Libanaise à recevoir la médaille 2020 de Harvard. Photo George Ellmore

Leila Tarazi Fawaz est la première personne de nationalité libanaise à recevoir la médaille 2020 de Harvard. Elle avait également créé la surprise, en 2011, lorsqu’elle a été élue présidente du conseil de surveillance de la gouvernance de Harvard (Board of Overseers), la plus haute distinction des organismes directeurs de cette illustre université, et le plus grand de ses deux conseils d’administration. Qu’une femme, de surcroît libanaise, accède à une telle fonction à Harvard était une première.

Spécialiste de l’histoire sociale et politique du Moyen-Orient moderne, Mme Fawaz mène une carrière prestigieuse à la Tufts University, depuis quarante ans. Elle a débuté en tant que professeure, avant de diriger le département d’histoire, de 1994 à 1996. Elle est ensuite nommée doyenne de la faculté des arts et des sciences humaines. En 2001, elle fonde et dirige le Issam Farès Center for Eastern Mediterranean Studies pendant dix ans. Elle enseigne actuellement les relations internationales, et les défis auxquels le Moyen-Orient est confronté au XXIe siècle, à la Fletcher School of Law and Diplomacy.

La médaille 2020, qui lui est attribuée par la Harvard Alumni Association (HAA), association officielle qui regroupe tous les amis et anciens étudiants de Harvard de par le monde, est destinée à honorer son parcours et la qualité exceptionnelle des initiatives prises dans l’exercice de sa profession. « J’étais très surprise et émue quand on me l’a annoncé sur Zoom en raison de la crise du coronavirus, mais tous les pontes de Harvard étaient en ligne. La cérémonie de la remise de la médaille est donc reportée », a-t-elle déclaré à L’Orient-Le Jour lors d’une interview téléphonique. Ses nombreuses publications ont contribué à sa réputation aux États-Unis, mais aussi auprès d’un public international spécialiste ou féru d’histoire. « En Amérique, j’ai eu toute la reconnaissance que je pouvais espérer. Mais je regrette de ne pas avoir publié mes livres en arabe ou en français, car la reconnaissance de mon pays est importante pour moi. Or j’ai le sentiment qu’au Liban, très peu de personnes me connaissent professionnellement », confie-t-elle. Elle enchaîne en ayant une pensée chaleureuse pour les femmes libanaises « très engagées et dynamiques ». « Je mesure l’ampleur de leur tâche et je suis admirative du travail qu’elles accomplissent. Elles restent les meilleures opératrices de l’influence d’un pays, en exprimant leur volonté de construire l’avenir tel qu’elles l’entendent. Elles ont fait preuve de beaucoup de courage quand les choses allaient mal », ajoute-t-elle. Et d’enchaîner : « Je pense aussi à notre jeunesse, à sa valeur, et à l’importance du système éducatif. Beyrouth doit rester une ville cosmopolite au bouillonnement culturel et un refuge pour les intellectuels aspirant à la liberté. C’est ce qui a rendu le pays si spécial dès le début. Il faut que cela continue. L’éducation des jeunes dans ce sens est vitale pour le Liban. »


« A Land of Aching Hearts : the Middle East in the Great War », paru à la Harvard University Press, sélectionné comme choix académique exceptionnel en 2015.


Historienne promue chevalier

Installée aux États-Unis depuis le début des années soixante-dix, Leila Fawaz, née Tarazi, est mariée à un ancien champion de tennis, Karim Fawaz, gastro-entérologue affilié à la Cambridge Health Alliance, qui couvre les communautés de Cambridge, Somerville et Boston. Ancienne élève du Collège protestant, après l’obtention de son master en histoire de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), en 1972, elle part pour les États-Unis, s’inscrit à l’université de Harvard et décroche son doctorat en histoire. Spécialiste du Moyen-Orient moderne, Leila Fawaz a publié de nombreux ouvrages, dont A Land of Aching Hearts : the Middle East in the Great War (Une terre de souffrances : le Moyen-Orient durant la Grande Guerre), paru à la Harvard University Press. Ce livre, sélectionné comme choix académique exceptionnel en 2015, est considéré « indispensable pour appréhender l’histoire de la région et son évolution dans l’entre-deux-guerres ». Parmi ses autres publications figurent également Marchands et migrants à Beyrouth au XIXe siècle (Harvard University Press, 1983) ; État et société au Liban (Oxford Center for Lebanese Studies et Tufts University, 1991) ; Une occasion de guerre : conflit ethnique au Liban et à Damas en 1860, University of California Press, 1994 et Paysages transformés : essais sur la Palestine et le Moyen-Orient, coédité par Camille Mansour et l’Université américaine du Caire en 2009. Elle est aussi le coauteur de Modernité et culture : De la Méditerranée à l’océan Indien (Columbia University Press, 2002).

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Tous ses ouvrages ont été publiés en anglais. Pourtant, Fawaz n’est pas étrangère à la France. Elle a été professeure invitée à l’université de Provence et à l’École des hautes études en sciences politiques et sociales de Paris ; elle a siégé au comité scientifique de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme à l’Université d’Aix-Marseille. En raison de « son engagement personnel dans les relations universitaires franco-américaines », elle est promue par le président Nicolas Sarkozy chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, en 2012. Cette haute décoration honorifique lui a été remise à Harvard, par le consul général de France à Boston, Christophe Guilhou, en présence du vice-président de la Tufts University Peggy Newell ; du doyen de la Fletcher School et de William A. Graham, spécialiste ès Proche-Orient.

Plusieurs casquettes

Leila Tarazi Fawaz a accumulé les titres. En voici quelques-uns, au hasard : à Harvard, elle est membre du conseil de surveillance de 1996 à 2012 – y compris un mandat à titre de présidente. De 1990 à 1994, rédactrice en chef de The International Journal of Middle East Studies puis de la revue History and Society of the Modern Middle East (Histoire et société du Moyen-Orient moderne), publiée aux éditions Columbia University Press. Élue à la division professionnelle de l’American Historical Association, elle siégera également au comité de rédaction de l’American Historical Review. En 2000, elle reçoit le New Citizen Award de l’Institut international de Boston, qui est décerné aux immigrants qui ont apporté une contribution importante au sein de leurs communautés respectives. Elle a présidé le comité de l’association des diplômés de cette université de 2009 à 2016. En 2014, la Harvard Arab Alumni Association lui décerne un Lifetime Achievement Award, qui reconnaît « les réalisations des anciens étudiants dans la promotion du développement culturel, scientifique, social, économique ou politique dans la région arabe ».

La clé de la réussite de Leila Tarazi Fawaz a été aussi les conférences organisées au Centre Issam Farès à Tufts, attirant des milliers d’étudiants et de chercheurs, ainsi que des intervenants prestigieux, dont les anciens Premiers ministres britanniques Margaret Thatcher et Tony Blair ; l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, les anciens secrétaires d’État américains James Baker, Madeleine Albright, Colin Powell et Hillary Clinton ; et les ex-présidents George H.W. Bush et Bill Clinton.

Leila Tarazi Fawaz est la première personne de nationalité libanaise à recevoir la médaille 2020 de Harvard. Elle avait également créé la surprise, en 2011, lorsqu’elle a été élue présidente du conseil de surveillance de la gouvernance de Harvard (Board of Overseers), la plus haute distinction des organismes directeurs de cette illustre université, et le plus grand de ses deux...

commentaires (4)

Impressionnant et Bravo Madame, Si seulement elle pouvait s'adresser aux Libanais via les chaînes de télé et leur communiquer un peu de bon sens en leur donnant confiance en eux et leurs idées sans qu'ils ne suivent comme des moutons nos politiciens corrompus. Félicitations pour votre parcours.

Georges Zehil Daniele

16 h 46, le 01 juillet 2020

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Commentaires (4)

  • Impressionnant et Bravo Madame, Si seulement elle pouvait s'adresser aux Libanais via les chaînes de télé et leur communiquer un peu de bon sens en leur donnant confiance en eux et leurs idées sans qu'ils ne suivent comme des moutons nos politiciens corrompus. Félicitations pour votre parcours.

    Georges Zehil Daniele

    16 h 46, le 01 juillet 2020

  • UNE FEMME QUI FAIT HONNEUR A SON PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 49, le 30 juin 2020

  • Bravo!!!!

    NAUFAL SORAYA

    11 h 44, le 30 juin 2020

  • Chapeau Mme Fawaz , on est très fier de votre parcours unique

    Robert Moumdjian

    04 h 17, le 30 juin 2020

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