Les boulangeries ont repris la distribution du pain libanais

Le président du syndicat des fabricants de pain libanais de Beyrouth et du Mont-Liban, Ali Ibrahim, a annoncé dimanche avoir repris la distribution du pain "conformément à la demande de plusieurs responsables", au lendemain de la ruée sur plusieurs boulangeries du Liban, où la crise économique et financière fait craindre une pénurie de farine et de pain.

"Conformément à la demande des responsables à tous les niveaux, les propriétaires de boulangeries ont livré le pain aux distributeurs afin qu'ils en distribuent sur l'ensemble du territoire", a déclaré M. Ibrahim, appelant néanmoins à trouver une solution à leur situation.

"Les boulangeries ne sont plus en mesure de distribuer le pain, au vu de la situation économique et des coûts devenus extrêmement élevés par rapport au tarif du dollar américain" qui s'est envolé face à la livre libanaise, a-t-il ajouté, exprimant l'espoir que "le problème du coût de distribution sera réglé demain car les boulangeries ne sont pas en mesure de supporter d'autres pertes". "Nous demandons que les prix et le poids soient revus en fonction de la réalité" de la situation, a-t-il conclu.

Selon notre correspondante Hoda Chedid, le Premier ministre Hassane Diab a suivi ce dossier et multiplié les contacts pour le régler. Il a ainsi demandé au ministre de l'Economie, Raoul Nehmé, et au directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, de trouver des solutions pour ne pas alourdir le fardeau des Libanais et pour réduire les pertes des boulangeries.

Dans ce cadre, des équipes de la Direction de la protection du consommateur ont mené une série d'inspections dans des supermarchés sur l'ensemble du territoire, sur ordre de M. Nehmé, pour contrôler les prix du pain et de l'ensemble des denrées alimentaires.

Depuis plusieurs mois, les boulangeries du Liban mettent régulièrement les autorités en garde contre "les graves crises qui touchent le secteur", en raison notamment de la pénurie de mazout et de l'augmentation du prix des matières premières, dans un contexte de hausse du dollar face à la livre libanaise et de la crise économique et financière. Pour tenter de trouver une voie médiane entre les boulangers et les citoyens, le ministère de l’Économie a légèrement augmenté le prix du paquet de pain et diminué son poids réglementaire, mais cette augmentation a été jugée insuffisante par les boulangers qui ont appelé l’État à subventionner les matières premières entrant dans la fabrication du pain.

Samedi, M. Nehmé avait affirmé qu'il n'y avait "pas de pénurie de pain". En début de semaine, ce dernier avait accru les inquiétudes de l’opinion publique en proposant de modifier les modalités d’attribution de la subvention sur le taux livre/dollar dont bénéficient depuis octobre dernier les importateurs de farine et de carburant (essence et mazout, plus particulièrement).