De longues files se sont formées samedi devant plusieurs boulangeries du Liban, alors que la crise actuelle que traverse le pays fait craindre une pénurie de farine et de pain. Des craintes balayées par le ministre de l'Economie, Raoul Nehmé, qui a affirmé qu'il n'y avait "pas de pénurie de pain".
Le centre de contrôle du trafic routier (TMC) a notamment indiqué qu'en raison de l'affluence de citoyens dans les boulangeries situées au niveau de Kahalé, sur l'autoroute reliant Beyrouth à la Békaa, le trafic était très dense.
Des photos circulant sur les réseaux sociaux, partagées notamment par le groupe d'activistes "Vous puez" (Tol3et Rihetkoum), montrent des embouteillages devant de nombreux points de vente de pain, notamment devant une boulangerie Chamsine de la Békaa. Ces activistes dénoncent "les files de la honte" devant les boulangeries, identiques selon eux aux "files de la honte" qui se forment devant les bureaux de change pour obtenir des quantités limitées de dollars, accusant les dirigeants de "massacrer les droits du peuple" libanais. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), de longes files d'attente ont également été signalées devant les boulangeries à Saïda, au Liban-Sud. Des manifestants en colère contre cette situation sont ensuite descendus dans la rue, bloquant la place Elia, l'un des hauts-lieu de la contestation contre le pouvoir, rapporte notre correspondant au Liban-sud, Mountasser Abdallah.
Même scènes dans le Hermel, où plusieurs boulangeries ont fermé leurs portes en raison d'une pénurie de farine. Selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, les habitants privilégient l'achat de pain auprès des boulangers ayant leur propre four plutôt que dans les supermarchés, où les prix sont plus élevés, ce qui a causé les files devant certains établissements.
"Nous avons de grandes réserves de farine et de blé, et par conséquent, il n'y a pas de pénurie de pain. Nous appelons les citoyens à ne pas se ruer sur les boulangeries", a écrit toutefois le ministre de l'Economie sur Twitter. Le président du syndicat des boulangers a prévenu de son côté que le secteur "ne pouvait plus continuer à travailler à l'ombre de la chute de la livre qui pourrait atteindre les 8.000 LL contre le dollar". Il a appelé, dans des déclarations à la télévision, à "résoudre la crise afin que les gens n'aient pas à faire la queue pour acheter leur pain".
Réagissant à la situation, le Premier ministre, Hassane Diab, a chargé le ministre de l'Economie, et le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, de "trouver rapidement des solutions qui ne constituent pas un fardeau supplémentaire pour les Libanais et qui limitent les pertes des boulangeries", rapporte l'Ani.
Depuis plusieurs mois, les boulangeries du Liban mettent régulièrement les autorités en garde contre "les graves crises qui touchent le secteur", en raison notamment de la pénurie de mazout et de l'augmentation du prix des matières premières, dans un contexte de hausse du dollar face à la livre libanaise et de la crise économique et financière.
Pour tenter de trouver une voie médiane entre les boulangers et les citoyens, le ministère de l'Economie a légèrement augmenté les prix du paquet de pain et diminué leur poids réglementaire, mais cette augmentation a été jugée insuffisante par les boulangers qui ont appelé l'Etat à subventionner les matières premières entrant dans la fabrication du pain.
Le ministre de l’Économie et du Commerce, Raoul Nehmé, a accru les inquiétudes de l’opinion publique en début de semaine en proposant de modifier les modalités d’attribution de la subvention sur le taux livre/dollar dont bénéficient depuis octobre dernier les importateurs de farine et de carburant (essence et mazout, plus particulièrement).
commentaires (6)
un jour pas de pain un jour pas de mazout ou de fuel ou de benzine.ce st peut etre des rumeurs mais c'est la chienlit
GHORRA-RAAD
06 h 34, le 29 juin 2020