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Économie - Taux de change

Début du déploiement de l’application « Sayrafa »

L’utilisation du logiciel ne devrait pas être généralisée avant la semaine prochaine.

Début du déploiement de l’application « Sayrafa »

Un bureau de change fermé à Antélias. Photo P.H.B.

Alors que le taux dollar/livre libanaise du marché noir continue d’échapper au contrôle des autorités, la Banque du Liban a officiellement annoncé hier dans un communiqué le lancement de « Sayrafa », une application qui fera office de terminal d’enregistrement des transactions pour les bureaux de change du pays. « La plateforme Sayrafa, pour le suivi des opérations de change entre le dollar américain et la livre effectuées par les agents de change entre en fonction aujourd’hui », a notamment annoncé le gouverneur de la BDL Riad Salamé, dans un contexte de grave crise économique et financière marquée par un effondrement de la monnaie nationale par rapport aux devises étrangères.

Selon une source proche de la profession, la BDL aurait également formé la nouvelle unité qu’elle prévoyait de mettre en place depuis début avril pour fixer le taux de change applicable au jour le jour, que ce soit pour certaines transactions bancaires spécifiques ou sur le marché des changes. Contactée, une source proche de l’institution bancaire a partiellement confirmé cette information, sans toutefois communiquer plus de détails.

Les contours de la circulaire n° 149
Le lancement de « Sayrafa » avait été annoncé le 11 juin par la BDL à travers la circulaire n° 5. Initialement programmé pour le 23 juin, sa date de lancement avait été repoussée au 26 suivant. L’application, dont la licence appartient à la Banque centrale, est directement distribuée par cette dernière aux agents de change agréés avec une tablette, pour un prix de 200 dollars l’unité, selon des sources liées à la filière – un montant que L’Orient-Le Jour n’a pas pu officiellement confirmer. L’application a été développée par la société Midclear S.A.L., intermédiaire de la BDL (qui en détient plus de 99 % des parts) notamment chargée des services de compensation et de fiducie. Une source au syndicat des agents de change a fait savoir qu’il faudra une bonne semaine pour que l’utilisation de l’application soit généralisée à tous les professionnels.

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Sayrafa permettra aussi aux agents de change de consulter le taux dollar/livre fixé le matin et applicable pour les transactions du jour. Celui-ci pourra être mis à jour en cours de journée en fonction des paramètres du marché. C’est une unité au sein de la BDL et rassemblant des représentants de cette dernière ainsi que des agents de change de catégorie A (qui peuvent importer et exporter des devises) qui sera chargée de définir ce taux. Cette unité semble avoir été inspirée par la circulaire n° 149 du 3 avril dernier, qui avait annoncé la création prochaine d’une instance similaire ainsi que d’une « plateforme électronique », opérée par la BDL et les banques et visant à diffuser quotidiennement le taux dollar/livre applicable pour les transactions qui ne prennent pas en compte la parité officielle de 1 507,5 livres. Certains banquiers s’interrogent toutefois sur l’entêtement de la BDL à vouloir « passer par les agents de change au lieu de compter sur les banques pour contrôler les transactions en dollars », alors que les premiers pourraient s’en charger de façon autrement plus fluide et transparente. L’un des banquiers interrogés fustige d’ailleurs le fait que les autorités et la BDL aient chargé le syndicat des agents de change de définir les modalités et les cas de figure auxquelles les Libanais de plus de 18 ans peuvent obtenir des dollars américains auprès des changeurs. Ces mesures, qui instituent des plafonds par transaction en fonction de leur objet et listent une série de justificatifs à fournir pour chacune d’entre elles ont d’ailleurs été critiquées aussi bien pour leur légitimité que pour leurs lacunes qui risquent d’alimenter un peu plus un marché noir de plus en plus débridé.

Hier, les taux avaient atteint des moyennes de 7 300 livres le dollar à l’achat et 7 600 à la vente, selon le site Lebaneselira.org, tandis que ceux imposés quotidiennement aux agents de change agréés étaient restés fixés entre 3 850 livres le dollar à l’achat et 3 900 à la vente, soit un niveau identique depuis le 18 juin. Le taux de conversion imposé par la BDL aux sociétés de transfert d’argent est, lui, toujours de 3 800 livres pour un dollar.

Déclaration de Abbas Ibrahim
Une autre source bancaire a fait état de « bruits de couloir » laissant supposer que la BDL pourrait augmenter en début de semaine prochaine le taux de conversion applicable par les banques pour les retraits en livres à partir de comptes en « dollars libanais » (information n’ayant pu être confirmée par L’Orient-Le Jour au moment de passer sous presse). Ces comptes sont ceux sur lesquels les banques appliquent d’importantes restrictions depuis que les premiers effets de la crise ont commencé à se manifester fin août dernier. Ils sont différents des comptes alimentés en « argent frais », des devises déposées dans des comptes spéciaux et sur lesquels aucune restriction n’est supposée s’appliquer. Le taux de conversion pour les dollars libanais est actuellement de 3 000 livres pour un dollar. Pour rappel, les restrictions bancaires imposées aux déposants libanais sont illégales tant que le Parlement ne les a pas entérinées.

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Toujours pas d’amélioration en vue sur le marché des changes

La dépréciation de la livre sur le marché a été évoquée avec véhémence jeudi par le chef du gouvernement Hassane Diab, qui a appelé le gouverneur de la BDL à « expliquer les raisons sous-jacentes » de cette situation et à « pointer du doigt ceux qui l’empêchent d’agir et ceux qui s’immiscent dans son travail ». Le gouverneur Salamé a répondu à cette injonction en déclarant sommairement dans le communiqué d’hier que « les taux du soi-disant marché noir annoncés dans les médias et sur les réseaux sociaux n’ont aucun lien avec la BDL » et que « les liquidités sont assurées » pour permettre aux agents agréés de respecter les taux imposés par leur syndicat. Enfin, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a assuré que plus de 150 agents de change légaux et illégaux avaient été appréhendés dans le cadre de la lutte contre la spéculation. Le responsable s’exprimait depuis le Grand Sérail aux côtés du gouverneur de la BDL et du ministre de l’Économie et du Commerce Raoul Nehmé. Ce dernier a annoncé un élargissement prochain de la liste de produits alimentaires de base subventionnés par la circulaire n° 557 de la BDL afin de limiter l’inflation et éviter les pénuries.

Alors que le taux dollar/livre libanaise du marché noir continue d’échapper au contrôle des autorités, la Banque du Liban a officiellement annoncé hier dans un communiqué le lancement de « Sayrafa », une application qui fera office de terminal d’enregistrement des transactions pour les bureaux de change du pays. « La plateforme Sayrafa, pour le suivi des opérations de...

commentaires (6)

Ni la BDL ni les banquiers ni les cambistes ne méritent la confiance de qui que ce soit. La BDL car elle donne des $ aux cambistes et non pas aux clients des banques. Les cambistes car ils font de l'argent avec cet argent... et les banquiers car ils ne rendent plus l'argent aux clients depuis l'été dernier... et tout simplement car rien n'empêche la livre libanaise de se dévaluer. L'offre et la demande tu parles!!!!! Il suffit de réduire l'offre. Qui peut empêcher ça?? Et en ne donnant pas les $$ aux clients ca crée nécessairement une forte demande.

Sybille S. Hneine

19 h 54, le 27 juin 2020

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Commentaires (6)

  • Ni la BDL ni les banquiers ni les cambistes ne méritent la confiance de qui que ce soit. La BDL car elle donne des $ aux cambistes et non pas aux clients des banques. Les cambistes car ils font de l'argent avec cet argent... et les banquiers car ils ne rendent plus l'argent aux clients depuis l'été dernier... et tout simplement car rien n'empêche la livre libanaise de se dévaluer. L'offre et la demande tu parles!!!!! Il suffit de réduire l'offre. Qui peut empêcher ça?? Et en ne donnant pas les $$ aux clients ca crée nécessairement une forte demande.

    Sybille S. Hneine

    19 h 54, le 27 juin 2020

  • La BDL a encore trouvé moyen d'arnaquer le peuple...

    NAUFAL SORAYA

    13 h 12, le 27 juin 2020

  • "... Certains banquiers s’interrogent toutefois sur l’entêtement de la BDL à vouloir « passer par les agents de change au lieu de compter sur les banques pour contrôler les transactions en dollars » ..." | Vraiment? Ils sont sérieux? Ils veulent continuer à nous voler nos dollars à 1507,5? Ça c’est la meilleure...

    Gros Gnon

    11 h 01, le 27 juin 2020

  • "... Contactée, une source proche de l’institution bancaire a partiellement confirmé cette information, sans toutefois communiquer plus de détails. ..." | tellement typique, et tellement écœurant...

    Gros Gnon

    10 h 46, le 27 juin 2020

  • Il est surprenant de constater que personne, parmi nos responsables, ne relève un phénomène persistant ... chaque fois que la livre Libanaise subit un cour de boutoir la livre syrienne , par un effet "balancier" en bénéficie .... les rayons de nos supermarchés se dépeuplent et ce sont ceux de nos "amis frères" (pour reprendre les termes d'un ancien tristement célèbre président de la république ) qui se remplissent. Après tout, ceux qui ne se sentent pas solidaires n'ont qu'à quitter le pays ...

    C…

    10 h 06, le 27 juin 2020

  • En attendant les prix de tous les produits des supermarchés montent en flèche ... alors continuez votre cinéma messieurs les soi disant responsables, ça va occuper vos journées pendant que la population se paupérise d’avantage de jour en jour

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 42, le 27 juin 2020

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