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Politique - Décryptage

La possibilité d’un report de la réunion de Baabda semble privilégiée

Si les chefs de file politiques ne se réunissent pas aujourd’hui pour consolider la paix civile et créer un filet de sécurité pour éviter d’éventuels dérapages sécuritaires dans une période aussi difficile, quand le jugeront-ils opportun ? Dans tous les pays du monde, lorsque la situation est aussi grave, loyalistes et opposants se retrouvent et mettent leurs conflits en sourdine. Dans tous les pays du monde... sauf au Liban, où la crise économique et financière sans précédent semble pousser les différents leaders à vouloir marquer des points sur leurs adversaires politiques au lieu de songer aux intérêts de la population. La réunion élargie prévue jeudi à Baabda constitue en principe – si elle n’est pas reportée, ce qui semble de plus en plus probable après la décision, par les anciens Premiers ministres, de ne pas participer à la réunion de jeudi – une initiative élémentaire prise par le chef de l’État pour faire participer toutes les parties qui composent le tissu national libanais à la consolidation de la paix civile interne. Le choix des personnalités invitées a été élargi au maximum pour couvrir toutes les composantes politiques, les anciens présidents de la République et les anciens Premiers ministres, ainsi que les chefs de parti et des blocs parlementaires, soit au total une vingtaine de personnalités-clés du paysage politique et confessionnel libanais.

L’idée trottait depuis quelque temps déjà dans l’esprit du chef de l’État. Mais après le semi-échec de la réunion économique de Baabda le 6 mai dernier, qui avait été boycottée par les chefs de file sunnites – à l’exception de l’ancien ministre Fayçal Karamé –, par le chef du PSP Walid Joumblatt, celui des Marada Sleimane Frangié et celui des Kataëb Samy Gemayel (seul Samir Geagea pour les FL y avait assisté sur les trois partis chrétiens opposés au CPL), le président Aoun voulait éviter de rééditer le même scénario. C’est pourquoi il a sollicité l’aide du président de la Chambre Nabih Berry, ce dernier ayant de bonnes relations avec les parties politiques opposées au gouvernement de Hassane Diab.

De fait, Nabih Berry n’a ménagé aucun effort pour assurer une présence maximale à la réunion de jeudi. Il a ainsi longuement reçu l’ancien président du Conseil Saad Hariri pour le convaincre d’y assister, ainsi que Walid Joumblatt, allant même jusqu’à parrainer une réunion de réconciliation entre ce dernier et le chef du Parti démocratique Talal Arslane, les relations entre eux ayant été perturbées par l’affaire dite de Qabr Chmoun l’été dernier. Il a aussi reçu Sleimane Frangié. Selon les sources de Aïn el-Tiné, Berry a cherché à convaincre ses différents interlocuteurs d’assister à la réunion de Baabda car il est convaincu que l’heure est grave et qu’il est impératif d’assurer un minimum d’entente nationale pour permettre au Liban de surmonter cette période difficile. Selon les mêmes sources, il estimerait ainsi de son devoir d’essayer de rassembler les différents chefs de file dans le cadre d’une réunion de dialogue national, indépendamment des divergences politiques et même des conflits entre une bonne partie d’entre eux et le chef de l’État et son camp. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a aussi sollicité l’aide du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui s’est rendu à plusieurs reprises chez Saad Hariri pour le convaincre d’assister à la réunion de jeudi.

Apparemment, la mission de Berry et Ibrahim semble plus difficile que prévu. Si le leader druze Walid Joumblatt s’est laissé convaincre, estimant que la situation est réellement très grave et qu’il faut absolument resserrer les rangs internes dans un contexte aussi explosif, Frangié et surtout Saad Hariri se montraient plus hésitants. Le chef des Marada a ainsi rappelé au président de la Chambre ses nombreux griefs contre le chef du CPL Gebran Bassil et contre le chef de l’État lui-même, auquel il a tendu à plusieurs reprises la main sans jamais obtenir de réponse. Malgré cela, il n’a pas totalement fermé la porte à une possibilité de se rendre à la réunion à la dernière minute, en déclarant à la presse que s’il le fait ce sera parce que Nabih Berry le lui demande.

En revanche, avec Saad Hariri, la situation était plus compliquée. Si l’ancien président du Conseil a envoyé à plusieurs reprises par le biais d’intermédiaires des messages positifs au chef de l’État, il n’a pas caché que le conflit entre lui et le chef du CPL, qu’il a qualifié dans certaines déclarations « de président de l’ombre », est très profond.

Hier soir, le suspense a pris fin avec l’annonce des anciens Premiers ministres, dont Saad Hariri, de ne pas participer à la réunion de jeudi. Fouad Siniora et Tammam Salam avaient déjà exprimé leur refus catégorique de se rendre à Baabda pour, disent-ils, ne pas renflouer le président de la République et son mandat. Selon les sources précitées, il ne s’agissait pas, avant l’annonce d’hier soir, pour cheikh Saad, comme certains médias l’ont dit, de réclamer en contrepartie son retour à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Tout simplement parce que les conditions d’un tel retour ne sont pas remplies. Toujours selon les mêmes sources, dans la crise actuelle, il n’est pas question pour Saad Hariri de revenir à la présidence du Conseil qu’il avait lui-même abandonnée pour répondre à la demande populaire. Mais il s’agissait pour lui de bien peser sa décision, sachant que sa popularité au sein de la communauté sunnite est sur la sellette depuis l’arrivée sur la scène de son frère Baha’.L’annonce de la décision d’un boycott de la réunion par les anciens Premiers ministres pourrait désormais pousser le président de la République à la reporter pour respecter l’équilibre entre les différentes communautés. Les sources proches du palais de Baabda n’écartent pas cette possibilité, tout en affirmant que si cela devait être le cas, le chef de l’État aurait eu le mérite de tenter de rassembler les différents protagonistes.

Si les chefs de file politiques ne se réunissent pas aujourd’hui pour consolider la paix civile et créer un filet de sécurité pour éviter d’éventuels dérapages sécuritaires dans une période aussi difficile, quand le jugeront-ils opportun ? Dans tous les pays du monde, lorsque la situation est aussi grave, loyalistes et opposants se retrouvent et mettent leurs conflits en sourdine....

commentaires (7)

Ce président n’a jamais œuvrer pour le rassemblement et à l’unité de ce pays. Il a toujours eu des méthodes mercantiles aux dépens des libanais qui triment et qui n’ont pas le strict minimum pour vivre dignement. Comment faire confiance à un personnage aussi versatile et absent lorsqu’il s’agit de l’intérêt du pays et devient omniprésent et omnipotent quand il s’agit des intérêts de certains qui ne veulent pas le bien de notre nation? Dans un autre pays, cela faisait longtemps qu’il aurait dégagé.

Sissi zayyat

12 h 52, le 24 juin 2020

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Commentaires (7)

  • Ce président n’a jamais œuvrer pour le rassemblement et à l’unité de ce pays. Il a toujours eu des méthodes mercantiles aux dépens des libanais qui triment et qui n’ont pas le strict minimum pour vivre dignement. Comment faire confiance à un personnage aussi versatile et absent lorsqu’il s’agit de l’intérêt du pays et devient omniprésent et omnipotent quand il s’agit des intérêts de certains qui ne veulent pas le bien de notre nation? Dans un autre pays, cela faisait longtemps qu’il aurait dégagé.

    Sissi zayyat

    12 h 52, le 24 juin 2020

  • En voulant réunir autour de lui les principaux leaders politiques libanais, le président du syndicat de faillite du pays. Michel Aoun, cherchait a recouvrir un semblant de légitimité. Sa tentative a heureusement lamentablement échouée. L'effondrement total inéluctable du pays conduira probablement a sa chute ainsi qu'a celle de l'association de malfaiteurs qui a pillé l'Etat. Mais il sera trop-tard.

    Tabet Ibrahim

    10 h 48, le 23 juin 2020

  • Pourquoi reunir tous ceux qui ont assassiné le pays? Pour celebrer un requiem? Perte de temps ou gain de temps.

    Massabki Alice

    10 h 08, le 23 juin 2020

  • il est precisement inutile de prendre leurs avis-ou de leur imposer le sien - aux "invites" malgre eux de baabda. il leur suffira de cesser chacun de son cote de donner instructions a leurs voyous respectifs DANS L'INTERET DU LIBAN . POURQUOI LES REUNIR POUR EN ARRIVER A CELA ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 46, le 23 juin 2020

  • Toutes analyse de Mme Haddad a pour but de renforcer l'image du chef de l'état et de son gendre. Les partis politiques créent des incidents afin qu'ils les ressoudent eux-mêmes et justifient leurs existences. Ceci inclus aussi notre Président de la République et le chef du CPL. Triste est ce pays qui vit sous le joug d'une classe politique qui l'a détruit financièrement et socialement!

    Hanna Philipe

    09 h 30, le 23 juin 2020

  • Foutage de gueule. Le dérapage sécuritaire est causé par les mêmes partis qui organisent ce genre de palabres. Reprenons le cours des événements et on verra qui ont créé des rues parallèles. La manifestation d’époque à baabda « de soutien » face aux manifestants Les slogans et mobylettes en provenance de la banlieue sud. Les Tee-shirts noirs qui ont battu des femmes et enfants tout en brûlant des tentes au centre-ville. Les voyous qui ont tiré à la mitraillette sur les manifestants et sont encore impunis.. Alors STOP à la désinformation... Le dérapage « Toléré apparemment, provient essentiellement des partis qui veulent organiser ce genre de réunions!!! Où sont les milliers millards de dollars détournés des caisses de l’état ? On attend tjrs les gars!!!! .

    LE FRANCOPHONE

    07 h 41, le 23 juin 2020

  • Une initiative élémentaire du chef de l’État pour la consolidation de la paix civile interne serait de rencontrer en tête à tête le tandem chiite. Les autres peuvent rester chez eux à la maison.

    Zovighian Michel

    04 h 56, le 23 juin 2020

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