L’Université américaine de Beyrouth (AUB) compte licencier 22 à 25 % de son personnel pour pouvoir tenir le coup face à la crise économique sans précédent qui touche le Liban. C’est ce qu’a annoncé le président de l’institution, Fadlo Khuri, lors d’une rencontre samedi après-midi avec un groupe de journalistes, dont L’Orient-Le Jour.
M. Khuri a indiqué avoir informé le président Michel Aoun de cette décision sans précédent, lors d’un entretien avec le chef de l’État vendredi. Il a rappelé dans ce cadre qu’au cours des trois années écoulées, il avait mis en garde, conjointement avec le recteur de l’Université Saint-Joseph Salim Daccache, le président libanais ainsi que les deux chefs de gouvernement, Hassane Diab et son prédécesseur Saad Hariri, contre la détérioration de la situation économique qui touche de plein fouet leurs institutions, les appelant à maintes reprises à intervenir. Après l’État, l’AUB avec ses 6 500 salariés est le plus gros employeur du Liban, a assuré M. Khuri.
Les emplois supprimés sont surtout des postes administratifs, aussi bien à l’université qu’à l’hôpital qui lui est rattaché (AUH). Le projet de construction d’un nouvel hôpital va également être gelé. « La construction du nouvel établissement hospitalier avait été pensée en misant sur l’arrivée de patients du monde arabe, ce qui malheureusement dans la situation actuelle est peu probable. La construction sera donc gelée pour le moment et le terrain qui lui était consacré sera temporairement transformé en parking », a expliqué M. Khuri.
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Le président de l’AUB a parallèlement présenté un plan social qui sera adopté parallèlement aux licenciements, dans un pays où la Sécurité sociale et l’assurance-vieillesse sont quasi inexistantes. « Les personnes congédiées seront indemnisées, en plus des douze à dix-huit mois de salaire prévus. Leurs enfants, actuellement à l’AUB, poursuivront leurs études gratuitement et seront prioritaires en matière d’emploi. Côté soins de santé, des cliniques externes relevant de l’université leurs seront spécialement dédiées », a-t-il annoncé.
Le président a également indiqué que toute la famille de l’AUB devra contribuer pour que l’université puisse franchir cette étape difficile que traverse aussi bien le Liban que l’institution. Ainsi, enseignants et employés sont encouragés à contribuer à hauteur de 10 à 15 % de leur salaire, à titre de solidarité. Ce pourcentage sera prélevé sur tous les salaires de plus de 150 000 dollars par an.
L’Université américaine de Beyrouth, à travers un plan actuellement en cours d’études, devra en outre assurer pour les cinq ans à venir quelque 30 % de ses revenus à partir de ressources extérieures au Liban. Dans les 10 ans à venir, ce pourcentage devrait s’élever à 60 %.
Fadlo Khuri a rappelé les sombres années de la guerre, quand en 1975 l’AUB avait fait face à de graves problèmes économiques, rapidement réglés grâce à l’intervention du Premier ministre de l’époque, Rachid Karamé, qui avait remis au prestigieux établissement 18 millions de livres libanaises pour le sauver de la fermeture.
Mettant l’accent sur le fait que l’AUB est là pour rester, M. Khuri a rappelé que « Daniel Bliss avait fondé l’AUB en 1866 après deux guerres civiles, la guerre de Sécession aux États-Unis et la guerre de 1860 au Liban ». « L’Université a été mise en place pour encourager le dialogue, la convivialité et l’acceptation de l’autre », a-t-il affirmé.
Pour Fadlo Khuri, la richesse du Liban « demeure sans nul doute dans ses habitants, leur éducation et leur savoir-faire ». « Ce n’est pas avec le pétrole, qui n’a pas encore été trouvé au large des côtes libanaises ou avec les gros intérêts qui avaient été octroyés aux déposants par les banques, que l’on construit un pays, mais avec ses habitants », a-t-il martelé, avant d’ajouter qu’il est « plus que jamais nécessaire d’établir une économie productive, pensée et mise en œuvre par les Libanais, qui devraient rester sur place, alors que le pays est surtout connu pour l’exportation de ses cerveaux ».
commentaires (10)
Ils sont entrain d’atteindre leur but après des années de pillages pour acheter des armes et tenir le pays. Ce sont les secteurs culturels et cultuels qu’ils visaient en premier. Plus le peuple est abruti et mieux on le domine. Ce pays était le fief de la culture et de l’éducation, on y venait du monde arabe et perse pour suivre des hautes études. Ils veulent le réduire à un fief d’obscurantistes pour mieux le dominer. l’exécution est en marche grâce à tous les politiciens qui ne voyaient à l’horizon que les chiffres sur leurs comptes bancaires. C’est nauséabond
Sissi zayyat
15 h 04, le 15 juin 2020