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Moyen-Orient - Syrie

La livre turque en passe de remplacer la livre syrienne dans les zones de l’opposition

Les provinces rebelles espèrent ainsi ne plus subir de plein fouet la dégringolade de la monnaie locale.

La livre turque en passe de remplacer la livre syrienne dans les zones de l’opposition

Un jeune Syrien payant en livre turque dans une épicerie de Jinderes, près de Afrine, le 10 juin 2020. Photo AFP

Quand Farid a vu hier les prix de l’essence affichés en livre turque dans une station proche de chez lui, il a poussé un ouf de soulagement. « La livre syrienne est morte et enterrée à nos yeux. On ne pouvait plus rester dans cette situation », raconte ce jeune journaliste, déplacé dans le nord-ouest de la province d’Idleb. Alors que la livre syrienne poursuit sa chute mortifère, le dollar s’affichant récemment à 3 000 LS sur le marché parallèle – contre un taux de change officiel actuellement de 700 livres pour un dollar –, les zones sous contrôle de l’opposition ont commencé à adopter la monnaie turque pour tenter de remédier à l’inflation. La région espère ainsi ne plus subir de plein fouet les fluctuations émanant des zones du régime et renforcer son autonomie.

« C’est une espèce d’intégration inévitable vu le peu de liens qui restent entre ce territoire et le reste de la Syrie », estime Bayram Balci, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul. Une nouvelle bien accueillie par la population de la province d’Alep, sous contrôle turc, ainsi que par celle d’Idleb, dominée par le groupe jihadiste Hay’at Tahrir al-Cham (HTC). « C’était une demande générale de la population. Un ouvrier qui gagne 1 000 livres syriennes par jour pouvait s’acheter il y a un mois cinq rabtet (sacs) de pain, aujourd’hui sa paie ne vaut plus qu’une rabta. On espère vraiment que la livre turque va stabiliser l’économie locale et augmenter le pouvoir d’achat des gens », raconte Mohammad, un professeur dans un camp de déplacés près de Sarmada. La livre syrienne a chuté d’environ 105 % depuis le début du mois de mai et de près de 360 % depuis juin 2019. Cette situation a entraîné une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité tels que le pain, la nourriture, l’approvisionnement en eau... du jamais-vu, même au plus fort de la guerre.

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La mesure a été annoncée mardi dernier par le président du gouvernement provisoire syrien, Abd al-Rahman Moustafa. « Pour protéger l’épargne des citoyens en raison de la dépréciation rapide de la livre syrienne, nous avons intensifié nos négociations avec les autorités turques compétentes et avons franchi la première étape du processus de lancement de petits billets en livres turques, indispensables au quotidien, dans le nord de la Syrie », a-t-il tweeté. « La Turquie était de toute façon prête à le faire, mais je parierais que l’effondrement économique récent de la Syrie a accéléré la transition vers la livre turque », a commenté sur Twitter Charles Lister, du Middle East Institute. Des photos circulant sur les réseaux sociaux montraient des bureaux de poste et de change recevant des petites coupures, notamment à Afrine, Aazaz, al-Rai, Jarablos ou encore al-Bab. « Avant, il n’y avait pas de petite monnaie. Cette introduction va faciliter les échanges commerciaux du quotidien et nous n’aurons plus de mauvaise surprise lorsqu’il faudra acheter du pain ou du poulet », raconte Farid.

Envolée des prix

Dans la région nord tombée dans l’escarcelle turque, la monnaie du pays voisin est déjà présente depuis quelques années, notamment dans différents secteurs, comme les hôpitaux ou les postes de police, gérés en partenariat avec Ankara. Avec ces nouvelles mesures, des magasins ont commencé à fixer leurs prix en livres turques, et les habitants peuvent désormais payer l’électricité ou leur abonnement internet avec cette monnaie. Tarek*, un infirmier d’un centre hospitalier d’al-Bab, est payé en livres turques depuis trois ans déjà, et reçoit donc un salaire mensuel de 850 LT (127 dollars). « C’est peu mais c’est évidemment bien mieux que d’autres. Je ne craignais pas l’envolée des prix à cause de la chute de la livre syrienne comme la plupart de mes compatriotes », raconte-t-il. En comparaison, le salaire mensuel d’un employé ou d’un fonctionnaire dans les zones gouvernementales ne dépasse pas les 30 dollars. À Idleb, le gouvernement du salut (HTC) a annoncé le 11 juin dernier que les salaires de ses fonctionnaires seraient payés en livres turques. « Pour l’instant, on ne ressent pas encore le changement comme au Nord, mais on espère que ça passera bien parce qu’on est épuisé de travailler pour rien », confie Fateh, un journaliste d’Idleb. « Je ne vois pas ça comme une “turquification” de la région. Il n’y a pas d’autres choix possible pour venir en aide aux habitants les plus pauvres », poursuit Mohammad.

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Pour le régime syrien, cette décision est non seulement un affront, puisque ces régions risquent de lui échapper définitivement, mais constitue aussi un risque de voir chuter encore plus bas son économie déjà moribonde. Plus de 1,8 million de personnes habitant dans le Nord syrien sous contrôle turc, suivis de 3 millions d’autres à Idleb, vont progressivement cesser d’utiliser la livre syrienne, ce qui réduira davantage sa valeur. De quoi faire craindre une nouvelle vague de protestations, qui a déjà commencé notamment à Deraa et à Soueida, dans le sud du pays. L’effondrement de la monnaie locale s’est accéléré à cause de la mauvaise gestion du gouvernement syrien rongé par la corruption, sur fond de querelle entre Bachar el-Assad et son cousin milliardaire Rami Makhlouf, et de lutte d’influence entre Russes et Iraniens. La crise du système bancaire libanais a également impacté en Syrie de nombreux particuliers et entreprises qui y détiennent des comptes. La semaine prochaine, les sanctions américaines seront, en outre, encore renforcées avec la mise en œuvre de la loi César.

*Le prénom a été modifié

Quand Farid a vu hier les prix de l’essence affichés en livre turque dans une station proche de chez lui, il a poussé un ouf de soulagement. « La livre syrienne est morte et enterrée à nos yeux. On ne pouvait plus rester dans cette situation », raconte ce jeune journaliste, déplacé dans le nord-ouest de la province d’Idleb. Alors que la livre syrienne poursuit sa chute...

commentaires (6)

LA LIVRE TURQUE AURA LE MEME SORT QUE LA LIVRE SYRIENNE. UN PAYS EN DECOMPOSITION GRACE A L,APPRENTI MINI SULTAN ERDO L,OTTOMAN.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 42, le 15 juin 2020

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Commentaires (6)

  • LA LIVRE TURQUE AURA LE MEME SORT QUE LA LIVRE SYRIENNE. UN PAYS EN DECOMPOSITION GRACE A L,APPRENTI MINI SULTAN ERDO L,OTTOMAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 15 juin 2020

  • La seule voie pour ce pays est la chute du pantin dictateur et la sortie de l'orbitre Perse, les Russes commencent a le sentir ils se debarasseront de la metastase avant qu'elle ne les frappe a leur tour

    Liban Libre

    13 h 39, le 15 juin 2020

  • La souveraineté d'un pays c'est quand son territoire utilise uniquement sa monnaie et servi uniquement par sa propre armée et sa propre police, tout le reste c'est accessoire. Ce qui est aussi, malheureusement, le cas du Liban.

    DAMMOUS Hanna

    13 h 07, le 15 juin 2020

  • Holà eux ils ont de la chance la livre turc en encore potable mais chez nous ils veulent faire tomber notre monaie à zéro et faire rentrer la monaie iranienne avec leur système. Ils feront tout pour sortir Dr Salamé et mettrons un de leur subalterne et on faillit d arriver sans l’intervention de Mr Berry que nous remercions Que Dieu préserve notre si beau Pays Albert. F A H D

    Albert Fahd

    08 h 24, le 15 juin 2020

  • Descente aux enfers de la Syrie ....il ne reste plus aux zones sous controle gouvernemental qu a adopter la monnaie iranienne.....

    HABIBI FRANCAIS

    04 h 50, le 15 juin 2020

  • "... La livre syrienne a chuté d’environ 105 % ..." | c’est possible ça, mathématiquement?

    Gros Gnon

    02 h 09, le 15 juin 2020

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