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Moyen-Orient - syrie

En pleine crise économique, Assad sacrifie le Premier ministre Khamis

Le successeur par intérim est l’actuel ministre des Ressources en eau, Hussein Arnous.


En pleine crise économique, Assad sacrifie le Premier ministre Khamis

Le Premier ministre syrien Imad Khamis. AFP / STR

Les coulisses du pouvoir syrien continuent de réserver leur lot de surprises. Le Premier ministre Imad Khamis, 58 ans, a été limogé jeudi par le président syrien Bachar el-Assad, et cède ainsi sa place au ministre des Ressources en eau Hussein Arnous, du moins jusqu’aux élections législatives qui doivent normalement avoir lieu le 19 juillet prochain. En poste depuis 2016, cet ingénieur originaire de la banlieue de Damas est aujourd’hui remercié par le président dans un contexte de grandes tensions au sein de l’élite politico-financière et de crise économique sans précédent, même au plus fort de la guerre. Quelques jours plus tôt au Parlement, des députés avaient critiqué le Premier ministre et appelé à ne « pas renouveler la confiance au gouvernement », signe annonciateur de l’actuel remaniement. Avant son accession au poste, il avait été sanctionné par l’Union européenne lorsqu’il détenait le portefeuille de l’Électricité pour avoir réprimé les manifestations antigouvernementales en coupant le courant dans les zones où elles avaient eu lieu. En février dernier, Imad Khamis déclarait que 90 % des décisions de son gouvernement ont été de « bonnes décisions », alors qu’il est extrêmement impopulaire et perçu comme corrompu par la rue. Ses détracteurs l’accusent d’avoir privatisé la majeure partie du secteur public au profit des Russes, et ce dans divers domaines.

Dans un régime où les pouvoirs se concentrent entre les mains d’un même clan familial, le Premier ministre a toujours joué un rôle de façade et servi d’agneau sacrificiel au plus fort des crises. Le régime a pour habitude de procéder à ce jeu de chaises musicales, puisque Imad Khamis a été le sixième Premier ministre à servir sous Bachar el-Assad, qui dirige le pays depuis 2000. Le décret présidentiel intervient deux semaines après l’effondrement de la livre syrienne au niveau le plus bas de son histoire, (3 000 L pour 1 dollar) et de manifestations dans les zones sous contrôle du régime. Le climat socio-politique et économique désastreux est décrié au sein même de la base du régime syrien.

« Éclater au grand jour »
La dévaluation de la livre a eu des conséquences sur les commerces et provoqué une pénurie de certains produits alimentaires, alors que 80 % de la population vit au-dessos du seuil de pauvreté. Les manifestations qui ont eu lieu à Soueida et à Deraa (Sud), contre la hausse des prix mais aussi et surtout contre le régime Assad reflètent l’épuisement de la population et son agacement face à l’incapacité des autorités à prendre le taureau par les cornes. Les récentes bisbilles au sein du palais, avec la disgrâce du cousin milliardaire de Bachar, Rami Makhlouf, ont mis à nu les fragilités d’un clan moins soudé qu’il n’y paraît, sous fond de rivalités entre la Russie et l’Iran, alliés du régime. « La situation économique est tellement catastrophique en Syrie qu’elle ne peut plus durer. C’est le début d’un grand changement à cause des désaccords à l’intérieur du clan au pouvoir et des différends entre la Russie et l’Iran qui vont éclater au grand jour », assurait récemment un homme d’affaires syro-libanais.

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Guerres d’influence sur les ruines syriennes

Mi-avril, une série d’articles émanant d’organes de presse russes critiquaient ouvertement le gouvernement syrien pour sa mauvaise gestion de l’économie, accusant le Premier ministre Khamis de corruption. Un article de l’agence fédérale de presse a notamment accusé l’homme d’être directement impliqué dans le pillage de produits pétroliers, et de vente de pétrole iranien à la Turquie, par l’intermédiaire du fils du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Le quotidien russe La Pravda a également fait part des mêmes allégations contre Imad Khamis.

Au vu de la dégradation de la conjoncture économique et des reproches de part et d’autre, le Premier ministre sortant a servi de fusible. Puisqu’il ne peut lui-même endosser la responsabilité de la situation, Bachar el-Assad a choisi un bouc émissaire pour tenter de calmer la grogne générale. Les autorités syriennes accusent les pays occidentaux d’être responsables, à travers les sanctions, de la crise monétaire actuelle. L’entrée en vigueur de la loi américaine dite César, qui vise à sanctionner toute entité ou pays qui fait affaire avec le gouvernement syrien, devrait aggraver la vie de la population et mettre le régime dans une position des plus intenables.

Les coulisses du pouvoir syrien continuent de réserver leur lot de surprises. Le Premier ministre Imad Khamis, 58 ans, a été limogé jeudi par le président syrien Bachar el-Assad, et cède ainsi sa place au ministre des Ressources en eau Hussein Arnous, du moins jusqu’aux élections législatives qui doivent normalement avoir lieu le 19 juillet prochain. En poste depuis 2016, cet...

commentaires (4)

Peut-être que le Hezb voudra, par solidarité, cloner les conditions économiques des régimes syriens et iraniens chez nous... Il ne manquera plus alors, que la privatisation des avoirs de l’Etat, qui seront volés, avec l’argent volé... Qui peut faire mieux??

LeRougeEtLeNoir

08 h 16, le 12 juin 2020

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Commentaires (4)

  • Peut-être que le Hezb voudra, par solidarité, cloner les conditions économiques des régimes syriens et iraniens chez nous... Il ne manquera plus alors, que la privatisation des avoirs de l’Etat, qui seront volés, avec l’argent volé... Qui peut faire mieux??

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 16, le 12 juin 2020

  • Les plus grands genocides de l histoire ont tous une fin tragique bien meritee...Bashar ne sera pas l exception...Dieu est grand.....

    HABIBI FRANCAIS

    05 h 36, le 12 juin 2020

  • La seule vraie solution pour la Syrie serait que Poutine sacrifie assad , avec la Caesar law en place il n'y a aucune autre solution..l'axe iranien est l'axe de la faillite, de la faim et des slogans creux. A mediter

    Liban Libre

    01 h 05, le 12 juin 2020

  • Un pion du pouvoir qui va, sans doute? disparaitre sous peu. Comme tant d'autres qui connaissent les coulisses et les secrets du pouvoir. Faut être malade mentalement pour accepter des postes de ministres ou premier ministre dans ce pays !!!

    LE FRANCOPHONE

    20 h 02, le 11 juin 2020

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