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Économie - Liban

La BDL augmente le taux de change imposé aux sociétés de transfert d’argent

Le syndicat des agents de change a annoncé, suite à une réunion au Grand Sérail, un accord sur une injection du billet vert sur le marché en quantité « suffisante pour répondre aux besoins essentiels des Libanais », tout en aidant les autorités à neutraliser le marché noir.

La BDL augmente le taux de change imposé aux sociétés de transfert d’argent

La monnaie nationale se négociait vendredi matin dans une fourchette située entre 5 000 à l’achat et 5 300 livres à la vente pour un dollar, selon le site lebaneselira.org. Photo P.H.B

La Banque du Liban a augmenté vendredi le taux de change livre/dollar imposé aux sociétés de transfert d’argent, à 3 840 livres pour un dollar contre 3 200 livres depuis plusieurs semaines. Ces entreprises sont obligées depuis avril de convertir dans la monnaie nationale les montants transférés à leurs clients au taux fixé par la Banque centrale, et de leur revendre les devises reçues à ce même taux.
La BDL a également annoncé que les agents de change de catégorie A, qui peuvent importer et exporter des devises, pourraient accéder aux dollars commandés à la BDL via ces sociétés de transferts d’argent dans les 48 heures, alors que cette transaction se fait généralement via les comptes de ces sociétés à l’étranger, selon la procédure habituellement en vigueur. Le taux a également été fixé à 3 840 livres pour ces opérations.

Plusieurs facteurs liés au dévissage de la livre
Ces deux décisions surviennent au lendemain d’une réunion entre la Banque centrale et les acteurs de la filière, qui réclamaient un ajustement de ce taux alors que la livre s’est brutalement dépréciée par rapport au dollar sur le marché noir. Une situation que le gouvernement a abordée au cours d’une réunion dédiée aujourd’hui à ce dossier. Selon une source bancaire, les principaux acteurs de la professions déploraient en effet une baisse de leurs volumes de transactions en raison de la différence entre le taux livre/dollar qui leur est imposé et celui du marché noir, qui a sérieusement dévissé cette semaine.

La monnaie nationale se négociait vendredi matin dans une fourchette située entre 5 000 à l’achat et 5 300 livres à la vente pour un dollar, selon le site lebaneselira.org, soit plus de 1 000 livres de plus que celui qui était pratiqué lorsque les agents de change ont rouvert leurs portes le 3 juin après un mois de grève. Ce taux a en outre marqué un bond d’environ 300 livres par rapport à la fourchette moyenne appliquée jeudi soir et qui avait déjà creusé un écart considérable avec celle imposée par le syndicat des changeurs agréés - 3 890 livres le dollar acheté par l’agent contre 3 940 livres pour le taux à la vente, une fourchette mise à jour quotidiennement mais qui n’a plus bougé depuis samedi dernier.

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Le taux livre/dollar atteint de nouveaux sommets

Certains experts attribuent la volatilité du taux livre/dollar chez les agents de change à des comportements spéculatifs encouragés par la raréfaction du dollar sur le marché - la BDL et les banques ne fournissant presque plus de dollars sur le marché et la fermeture de frontières du pays ayant littéralement coupé toute entrée de devises via les touristes - et certaines décisions de la BDL, dont celle concernant les sociétés de transferts d’argent. D’autres facteurs, comme le fait que la demande de dollar est très importante, voire presque incompressible dans un pays qui dépend des importations et dont beaucoup de familles envoient leurs enfants étudier à l’étranger, rend difficile toute intervention sur le marché sans injection de liquidités. L’existence d’une demande de la part de ressortissants syriens, dont le pays est lourdement sanctionné par les États-Unis, est également à prendre en compte dans l’équation. Selon les sources de L’Orient-Le Jour, la livre syrienne s’échangeait ce matin à 5 000 livres pour un dollar, contre 2 300 livres la semaine dernière. L’entrée en vigueur le 17 juin aux États-Unis de la loi César, visant à sanctionner tout gouvernement, toute entité ou toute personne qui aiderait le régime syrien, a aggravé la situation.

Reprise de la contestation
Un interventionnisme drastiquement limité depuis août dernier quand ont commencé à apparaître les signes de la grave crise économique et financière que traverse le pays, et qui sont en grande partie liés à son surendettement ainsi qu’aux lacunes de son modèle économique et de sa gouvernance, jamais traités par les autorités. Ces dernières ont été contestées pendant des mois par des manifestants mobilisés depuis le 17 octobre dernier. Temporairement mise en veille par le confinement lié au Covid-19, la contestation a repris ces derniers jours mais sans encore atteindre l’intensité de ses débuts.

Jeudi soir, plusieurs axes routiers du pays ont été bloqués par des manifestants venus protester contre la dépréciation de la livre et, ce matin, des rumeurs concernant la possibilité d’un remplacement du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, en poste depuis 27 ans, ont circulé dans la presse et les réseaux sociaux. Des rumeurs indirectement contredites par le Premier ministre, Hassane Diab, qui a demandé au gouverneur ainsi qu’au parquet financier d’œuvrer pour faire baisser le taux livre/dollar sur le marché secondaire.

Le syndicat des agents de change a annoncé vendredi suite à la réunion au Sérail un accord sur une injection du billets verts sur le marché en quantité « suffisante pour répondre aux besoins essentiels des Libanais », tout en aidant les autorités à neutraliser le marché noir.

Le syndicat, puis la BDL, ont enfin annoncé toute une série de mesures destinées à limiter et tracer les transactions en devises effectuées en dehors du secteur bancaire. La Banque centrale a notamment fait part du lancement prochain de l’application « Sayrafa » sur laquelle seront enregistrées les transactions effectuées par les changeurs et qui diffusera les variations du taux livre/dollar, qui évolue en fonction du marché.

D’après la Banque du Liban, le montant des dépôts bancaires a baissé de 14,5%, passant de 172,5 milliards de dollars fin août 2019 à 147,5 milliards de dollars fin avril dernier. Malgré les restrictions imposées par les banques sur les mouvements de capitaux en devises étrangères, sur les 11,3 milliards de dollars sortis du système bancaire depuis le début de 2020, 7 milliards l’ont été en livres libanaises et 4,3 milliards en devises étrangères. Cela porte la dollarisation des dépôts bancaires à 78,9 %, son niveau le plus élevé depuis 13 ans.

La Banque du Liban a augmenté vendredi le taux de change livre/dollar imposé aux sociétés de transfert d’argent, à 3 840 livres pour un dollar contre 3 200 livres depuis plusieurs semaines. Ces entreprises sont obligées depuis avril de convertir dans la monnaie nationale les montants transférés à leurs clients au taux fixé par la Banque centrale, et de leur revendre les devises...

commentaires (2)

ET COMMENT SONT SORTIS CES MILLIARDS DE DEPOTS MALGRE LE CONTROLE DE CAPITAUX IMPOSE ? LE CLIENTELISME ET LA COMBINE REMUNERES SANS AUCUN DOUTE.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 56, le 12 juin 2020

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Commentaires (2)

  • ET COMMENT SONT SORTIS CES MILLIARDS DE DEPOTS MALGRE LE CONTROLE DE CAPITAUX IMPOSE ? LE CLIENTELISME ET LA COMBINE REMUNERES SANS AUCUN DOUTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 56, le 12 juin 2020

  • reculer pour mieux sauter

    youssef barada

    16 h 01, le 12 juin 2020

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