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Économie - Liban

Le gouvernement annonce une série de mesures pour stabiliser la livre libanaise

La BDL injectera des billets verts sur le marché et s'est accordée avec les changeurs sur un tarif de 3 940 LL pour un dollar.

Le gouvernement annonce une série de mesures pour stabiliser la livre libanaise

Le gouvernement libanais, réuni le 12 juin 2020 au palais de Baabda, présidé par le chef de l'Etat, Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement libanais a annoncé vendredi, à l'issue d'un Conseil des ministres exceptionnel, une série de mesures à mettre en place pour stabiliser la livre libanaise, venant s'ajouter à la décision d'injecter des dollars sur le marché, prise lors d'une première réunion gouvernementale organisée dans la matinée. Ces mesures ont été prises au lendemain d'une nouvelle chute spectaculaire de la livre libanaise face au dollar, qui a provoqué des manifestations de colère dans tout le pays.

S'exprimant à l'issue de la réunion du Conseil à Baabda, la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, a précisé les détails de ce plan, annonçant notamment la création d'une cellule de crise qui aura pour mission de suivre de près les développements des situations financière et monétaire et de faire appliquer les différentes décisions prises par le parties concernées. Elle a souligné que cette cellule se réunira deux fois par semaine. Au cours de ces réunions, prévues au ministère des Finances, le gouverneur de la BDL devra présenter un rapport détaillé de la situation, qui sera alors présenté en résumé au Premier ministre. Cette cellule sera présidée par le ministre des des Finances, Ghazi Wazni, et composée des ministres de l'Economie, Raoul Nehmé, du développement administratif, Damien Kattar, de l'Information, Manal Abdel Samad, du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, du président de l'Association des banques du Liban, Salim Sfeir, du président du syndicat des agents de change, Mahmoud Mrad, et du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim. Cette cellule de crise se réunira une première fois lundi, selon une source ministérielle citée par notre correspondante à Baabda Hoda Chédid.

Mesures renforcées
Le gouvernement a par ailleurs demandé aux forces de sécurité de renforcer leurs mesures contre les personnes qui "manipulent" le taux de la livre libanaise. Celles-ci devraient être immédiatement déférées devant la justice, qui aura le droit de demander une saisie des devises mises en cause dans d'éventuelles opérations suspectes. La ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a en outre été chargée de définir les mesures spécifiques à prendre dans le cadre de poursuites. La ministre de la Justice a par ailleurs été chargée de demander au procureur général près la cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate, de définir les sanctions à imposer en cas de diffusion de fausses informations ou de rumeurs mensongères qui "portent atteinte à la confiance dans la monnaie nationale".

"Toute mesure qui n'est pas mise en application sera suivie de mesures encore plus sévères", a mis en garde la ministre de l'Information. Et de souligner que si certaines parties ne respectent pas les engagements pris, le gouvernement leur en fera assumer la responsabilité. "Le cabinet n'a pas discuté d'une éventuelle destitution du gouverneur de la BDL, et ne le fera pas", a encore affirmé Mme Abdel Samad. Commentant par ailleurs la décision prise en début de journée, concernant l'injection de dollars sur le marché, la ministre a souligné que "seule, cette mesure ne résoudra pas la crise". En plus de cette injection de devises, la BDL et les changeurs s'étaient accordés plus tôt aujourd'hui sur un tarif officiel de 3 940 LL pour un dollar.

De la tonte au rasoir

De la tonte au rasoir

Les changeurs qui ne respectent pas les mesures annoncées risquent de perdre leur licence. Leur bureau pourrait être également mis sous scellés et les devises utilisées dans des opérations suspectes saisies.

La livre a perdu 70% de sa valeur depuis octobre dernier atteignant de nouveaux sommets, une dégringolade vertigineuse qui a alimenté le mouvement de contestation et la remise en cause des élites accusées de corruption. Officiellement, la livre est indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1 507 livres pour un dollar, mais depuis octobre 2019 elle poursuit sa chute dans les bureaux de change. La monnaie nationale se négociait vendredi matin dans une fourchette située entre 5 000 à l’achat et 5 300 livres à la vente pour un dollar, selon le site lebaneselira.org, soit plus de 1 000 livres environ de plus que celui qui était pratiqué lorsque les agents de change ont rouvert leurs portes le 3 juin après un mois de grève. Jeudi, des informations ont circulé sur des transactions pour lesquelles le taux de change aurait été de 7 000 LL pour un dollar.

"Le dollar a commencé à baisser"
Le président libanais a, lui, estimé que le gouvernement, la BDL et les banques partageaient la responsabilité de la crise financière et devaient donc en supporter le coût. De son côté, le Premier ministre, Hassane Diab, a affirmé lors de la réunion que "le pays ne peut plus supporter de pressions supplémentaires", selon des propos rapportés par la ministre Abdel Samad. Il a estimé qu'il fallait prendre des mesures extrêmes pour arrêter les personnes ou parties qui attisent les tensions et pour "renforcer l'immunité du gouvernement et de l'Etat". Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a affirmé que "ce qui s'est passé jeudi n'est pas innocent", accusant certaines parties d'"attiser les tensions sur les réseaux sociaux". Il a annoncé que des enquêtes étaient en cours à ce sujet.

Le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a de son côté souligné que le dollar "avait déjà commencé à baisser et baisserait encore plus".

Pendant la réunion, les discussions ont entre autres tourné, selon une source ministérielle citée par notre correspondante à Baabda, autour de la question de l'enquête concernant les comptes de la BDL. A ce sujet, le ministre des Finances a affirmé que les procédures administratives liées à cette enquête étaient désormais terminées et que les deux sociétés chargées de l'enquête commenceraient leur mission la semaine prochaine. Les ministres ont en outre convenu que la "sécurité financière" du pays était aussi importante que la situation sécuritaire générale.

Injection de dollars
Plus tôt dans la journée, lors d'une première réunion gouvernementale au Sérail, il avait été décidé que la BDL injecte des dollars sur le marché. Des annonces similaires avaient été faites fin mai par les autorités, mais elles sont restées sans suite.

"La BDL a commencé à injecter des dollars. La situation est positive", a déclaré le ministre de l'Industrie Imad Hobballah, affilié au Hezbollah, à l'issue de la réunion matinale, à laquelle avaient exceptionnellement participé Riad Salamé, Salim Sfeir et certains des membres du conseil d'administration de l'association, sur insistance du Premier ministre, ainsi que des représentants du syndicat des agents de change.

"Il y a une volonté du gouvernement de soutenir la livre. Nous nous sommes accordés pour injecter des dollars sur le marché pour répondre aux besoins nécessaires des Libanais", a déclaré de son côté le vice-président des agents de change Mahmoud Halawé, ajoutant que les forces de sécurité allaient renforcer leur lutte contre le marché noir. Selon des sources ministérielles citées par notre correspondante Hoda Chedid, Hassane Diab a demandé à M. Salamé d'inonder massivement le marché de dollars afin d'enrayer la hausse vertigineuse de la devise américaine.

Concrètement, la Banque du Liban et les changeurs se sont accordés sur un tarif de 3 940 LL pour un dollar, et M. Salamé s'est engagé à fournir des dollars aux changeurs. "Le gouverneur de la BDL nous a assuré qu'il avait des quantités de dollars suffisantes pour répondre aux besoins des Libanais et, de notre côté, nous allons rationaliser la vente du billet vert", a souligné M. Halawé, appelant les Libanais à faire confiance aux changeurs détenteurs de licences "car alimenter le marché noir provoquerait la disparition du dollar du pays".

Dans la matinée, le syndicat des bureaux de change avait fixé l'achat d'un dollar à 3 890 livres, contre un plafond à la vente de 3 940 livres, un taux officieux inchangé depuis samedi, mais pratiquement inaccessible puisque le billet vert est quasiment introuvable.

Diab : Jouer avec le gagne-pain des Libanais est interdit
Lors de la séance matinale du gouvernement, le Premier ministre a prévenu que "le citoyen libanais est une ligne rouge". "Il est interdit de s'en prendre à la dignité de vie. Je l'ai déjà dit, jouer avec le gagne-pain des gens est interdit, et nous ne le permettrons sous aucun prétexte", a déclaré M. Diab.

Selon LBCI, la ministre de la Justice a violemment critiqué Riad Salamé, le tenant pour responsable de la situation. "Nous n'avons pas pris des responsabilités pour conclure des ententes ou défendre les responsables de cette crise (...) Vous êtes le responsable car vous êtes chargé de la santé monétaire du pays", a-t-elle déclaré selon la chaîne locale, faisant également porter la responsabilité de la situation aux gouvernements précédents et aux banques.

Le gouvernement libanais a annoncé vendredi, à l'issue d'un Conseil des ministres exceptionnel, une série de mesures à mettre en place pour stabiliser la livre libanaise, venant s'ajouter à la décision d'injecter des dollars sur le marché, prise lors d'une première réunion gouvernementale organisée dans la matinée. Ces mesures ont été prises au lendemain d'une nouvelle chute...

commentaires (10)

L’anesthésie ne prend plus nous avons développé une résistance. BANDE DE PANTINS.

Sissi zayyat

13 h 52, le 13 juin 2020

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Commentaires (10)

  • L’anesthésie ne prend plus nous avons développé une résistance. BANDE DE PANTINS.

    Sissi zayyat

    13 h 52, le 13 juin 2020

  • "... Le gouverneur de la BDL nous a assuré qu'il avait des quantités de dollars suffisantes pour répondre aux besoins des Libanais ..." | Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha haaaaaa! Waaaa haha ha haha ha haaaa! Arrêtes, je ne peux plus respirer. I can't breathe, quoi.

    Gros Gnon

    01 h 03, le 13 juin 2020

  • C'est le Ceasar Act qui fout la panique. Je crains que ces différentes mesures ne servent à rien.

    Marionet

    21 h 46, le 12 juin 2020

  • La BDL injecte des $... injectez les dans nos comptes en $ et donnez les nous. Vous savez très bien que ça ne fonctionne pas. Le marché parallèle, les banques... personne ne respecte les directives. Question aux banquiers: qu'avez-vous fait de nos dollars pour être dans l'incapacité totale de nous les restituer???

    Sybille S. Hneine

    19 h 40, le 12 juin 2020

  • Trouver des boucs emissaires est tellement plus commode que de se regarder dans un miroir !!!

    In Lebanon we (still) Trust

    17 h 45, le 12 juin 2020

  • JE QUALIFIE CES MESURES DE SURSAUTS D,UN AGONISANT.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    17 h 44, le 12 juin 2020

  • L'ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, a estimé vendredi qu'une destitution du gouverneur de la Banque du Liban , Riad Salamé, comme préconisée par certains responsables sur fond de crise économique et financière aiguë, relèverait de la "folie". ca cache quelques choses : la complicité par exp

    youssef barada

    16 h 10, le 12 juin 2020

  • nous avons besoin de tout le monde", estime Berry il a raison : pour rien faire

    youssef barada

    16 h 06, le 12 juin 2020

  • Enlisement d’amateurs, qui s’accrochent à leur bouée : le Hezb ! Jusqu’au moment où quelqu’un avec une petite aiguille.....

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 41, le 12 juin 2020

  • Tiens, tiens, il a un chapeau et une baguette de magicien maintenant, tout ça pue tellement.

    Christine KHALIL

    13 h 32, le 12 juin 2020

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