Finalement, ce qui va réunir les Libanais, toutes appartenances politiques ou communautaires confondues au cœur d’un même mouvement de contestation, c’est l’appauvrissement, la menace de la famine qui plane sur un grand nombre de foyers, la peur de lendemains plus qu’incertains et, surtout, les preuves accumulées de l’incapacité d’une classe politique douée davantage dans la gestion de tout ce qui peut permettre d’asseoir et d’accroître son pouvoir, que dans le règlement de la crise existentielle que traverse le pays. C’est ce qui a été démontré hier soir sur le terrain, lorsque la colère des Libanais a de nouveau grondé et que des rassemblements de protestation ont été organisés spontanément aux quatre coins du pays, alors que dans la journée, des informations rapportant des transactions pour lesquelles le taux de change aurait été de 7 000 LL contre un dollar ont semé la panique dans le pays. Sur le Ring, devenu une des principales plates-formes de la contestation et un des symboles de l’épreuve de force engagée depuis près de 8 mois entre le mouvement du 17 octobre et les forces du pouvoir, les habitants de Khandak al-Ghamik ont manifesté aux côtés de ceux contre qui ils lançaient des pierres samedi dernier. Comme un seul homme, les deux composantes du mouvement de colère hier soir ont scandé des slogans hostiles à un gouvernement qui au fil de ses pratiques a finalement montré qu’il servait surtout de paravent aux forces politiques conspuées en octobre dernier, mais à qui il doit sa composition, se laissant enliser dans les traditionnelles querelles politiciennes et se montrant incapable de réaliser le minimum de réformes substantielles pour freiner l’hémorragie financière d’un pays en faillite.
Et cette incapacité à régler la crise, les partisans du tandem chiite, Amal et le Hezbollah, l’ont bien comprise. Devant les médias, plusieurs parmi eux ont affirmé qu’ils ont rejoint les contestataires « pour les soutenir dans leurs revendications parce que nous sommes un seul peuple, tous affamés ». Ils ont investi les rues dans le secteur de l’aéroport, à Moucharrafieh (fief du mouvement Amal dans la banlieue sud), à Ouzaï et dans d’autres régions, les sillonnant à bord de mobylettes, mettant le feu aux bennes à ordures et coupant les routes à l’aide de pneus enflammés. Pas de slogans politiques, mais des cris et des klaxons ininterrompus exprimant un ras-le-bol et une colère sourde, qui s’est manifestée à Saïda et à Tripoli par des jets de cocktails Molotov contre les deux branches de la Banque du Liban. Jusqu’à l’heure d’aller sous presse, on ignorait si le feu avait pris dans les deux bâtiments ou si l’incendie se limitait aux cours d’enceinte.
Quoi qu’il en soit, ce sont plusieurs artères principales qui ont été coupées à la circulation dans le pays, notamment en plusieurs points de l’autoroute côtière, sans que l’armée n’intervienne, compte tenu d’une décision officielle prise préalablement par le Conseil supérieur de défense d’interdire le blocage de routes. Tard dans la nuit, la Direction de l’orientation de l’armée a fait paraître un communiqué démentant des rumeurs selon lesquelles le commandant de la troupe, le général Joseph Aoun, compte s’adresser aux militaires pour leur demander de ne pas intervenir.
La situation a été jugée suffisamment grave par le Premier ministre Hassane Diab pour convoquer aujourd’hui deux réunions extraordinaires du Conseil des ministres, qui se tiendront l’une à 9h30 au Sérail et l’autre à 15h au palais de Baabda. Les deux seront axées sur la situation monétaire. Tard dans la nuit, la LBCI a fait état d’une convocation également du syndicat des changeurs au Sérail pour une réunion avec M. Diab. On ignore quelles mesures peuvent être prises pour freiner la chute libre de la livre, d’autant que le dollar semble s’être raréfié sur le marché au milieu d’une rumeur persistante sur des opérations de change dont la finalité serait d’envoyer le billet vert en Syrie pour soutenir la livre syrienne.
Après avoir réussi à neutraliser le mouvement de protestation, d’abord à cause de l’épidémie de coronavirus qui avait poussé les autorités à imposer le confinement aux Libanais, puis à force de contre-mobilisation au moment où la contestation essayait de se réorganiser, le pouvoir se retrouve de nouveau confronté à la même colère populaire qui avait eu raison en octobre dernier du gouvernement de Saad Hariri. Hier soir, les manifestants dans plusieurs régions du pays ont appelé à « la chute du gouvernement Diab », au « départ du président de la République et de toute la classe politique ». Quelles décisions peut prendre le gouvernement pour rassurer une population dont une grande partie a perdu toute confiance en ses dirigeants ?
commentaires (10)
la goute qui a fait deborder le vase hier c'est le montant fictive du dollar a 5000 puis a 7000 livres neanmoins les chiites qui ont joint la manifestation alors qu'aucun policier ou soldat de l'armee n'etait present veut clairement dire le suivant LA VERITE CECI A ETE ORCHESTRE PAR BERRY ET NASRALLAH AVEC COMME CONSIGNE D'ATTAQUER SURTOUT RIAD SALAMEH PUIS DIAB DONT ILS NE VEULENT PLUS RIAD SALAME CAR MALGRE TOUTES LES PERSONNES QU'ILS LUI ONT NOMMES HIER AVEC( contre ) LUI CONNAIT LEURS SECRETS UN A UN ET LES CACHE ENCORE COMME IL CACHE LA LISTE DES POLITICIENS ET HOMMES D'AFFAIRES QUI ONT TRANFERE DES MILLIARDS EN SUISSE OU AILLEURS. DIAB CAR ILS ONT COMPRIS APRES LES FAMEUSES NOMINATIONS HONTEUSES QUE LE PEUPLE L'ENGLOBE A PARTIR D'AUJOURDH'UI DANS LE TOUS VEUT DIRE TOUS DONC IL FAUT S'EN DEBARRASSER POUR DIFFUSER UN PEU LA CRISE LA VERITE TOUS ONT COMPRIS ( SURTOUT BERRY) QUE SANS SAAD HARIRI LE PAYS NE SE RELEVERA PAS CAR IL PEUT TELEPHONER PERSONELLEMENT A TOUS LES LEADERS DU MONDE ALORS QUE DIAB N'A MEME PAS REUSSI A AVOIR UN RENDEZ VOUS MEME AVEC LE PLANTON D'UN CHEF DE GOUVERNEMENT OU PRESIDENT D'UN AUTRE PAYS A CEJOUR
LA VERITE
14 h 33, le 12 juin 2020