Dans un communiqué publié tard mardi soir, la Banque du Liban a appelé les agents de change agréés à appliquer le taux de change livre/dollar fixé quotidiennement par leur syndicat, et qui était de 3 940 livres pour un dollar à l’achat et de 3 940 livres à la vente (un taux stable depuis samedi).
Une intervention qui survient alors que l’écart entre ce taux et celui du marché noir n’a cessé de se creuser depuis la fin de la semaine dernière. Selon plusieurs sources concordantes, dont le site lebaneselira.com hier, le taux en vigueur en deuxième partie de journée mardi avait grimpé à 4 300 livres à l’achat et 4 400 livres à la vente. En cours de soirée, certaines sources habituellement contactées par L’Orient-Le Jour rapportaient que ces taux avaient encore monté de 100 livres. Certains sites d’information et sources contactées par L’Orient-Le Jour ont fait un lien entre la pression sur la demande de dollar au Liban et l’effondrement du taux de la livre syrienne par rapport au billet vert ces derniers jours - une relation de cause à effet que L’Orient-Le Jour n’a pas pu formellement confirmer. La dépréciation de la livre syrienne est liée à la précarité de la situation économique dans ce pays en conflit depuis 2011 et lourdement sanctionné notamment par l’administration américaine ou encore l’Union européenne.
Dans son communiqué, la BDL a averti que les agents de change ne respectant pas les consignes fixées par leur syndicat en accord avec les autorités libanaises (respect du taux, demande de certaines éléments d’identification et autres justificatifs) se verraient retirer leur licence. Elle a en outre assuré que les agents illégaux seraient poursuivis en justice. La BDL s’est enfin adressée aux agents de catégorie A (ceux qui peuvent importer et exporter des devises) pour leur indiquer qu’ils devaient lui adresser leurs demandes d’achats de dollars en appliquant les taux fixés par leur syndicat, en justifiant leurs demande et en “précisant les noms des bénéficiaires”. La Banque centrale a ensuite précisé que les montants demandés et approuvés leur seront transférés dans les 48 heures sur leurs comptes enregistrés dans les banques dont ils ont fourni les références, selon les procédures en vigueur.
Les agents de change agréés ont rouvert leurs portes il y a une semaine en indiquant qu’ils allaient progressivement baisser le taux de change livre/dollar, en forte hausse depuis des mois dans un contexte de crise marquée par la mise en place de restrictions sur les opérations bancaires concernant les opérations en devises et de dépréciation de la livre par rapport au dollar. L’objectif affiché est de ramener ce taux actuellement à plus de 4 000 livres pour un dollar, au plafond de 3 200 livres fixé par la circulaire n°553 de la BDL publiée le 28 avril. L’entrée en vigueur de ce texte a été suivi par une vaste vague d’arrestations d’agents agréés et non agréés, de dirigeants du syndicat des changeurs, d’un responsable de la BDL et d’un banquier - tous relâchés après avoir été entendus par plusieurs juges, dont ceux du parquet financier. Une effervescence judiciaire qui a prolongé la grève des syndicat pendant plus d’un mois mais qui n’a presque pas eu d’impact sur les taux du marché noir.
commentaires (6)
Quand on sait que les $ sont recherchés pourquoi les vendre? Les coûts montent car les bureaux vendent la quantité qu'ils veulent bien. Entre autres...
Sybille S. Hneine
17 h 26, le 10 juin 2020