Michael Taylor, 59 ans, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et son fils Peter Taylor, 27 ans, tous deux soupçonnés d'avoir aidé l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn à fuir la justice japonaise fin 2019 et arrêtés en mai dernier aux Etats-Unis, ont fait appel de leur arrestation, rapporte l'agence Reuters. Le parquet de Tokyo avait fait savoir qu'il comptait demander officiellement l'extradition de Michael et Peter Taylor.
Les avocats des deux détenus affirment que les autorités américaines "les ont arrêtés à tort, en se basant sur un crime qui n'existe pas au Japon : échapper à une libération sous caution ("bail jumping", NDLR)". Ces avocats ont demandé au juge fédéral de Boston d'annuler les mandats d'arrêt délivrés le mois dernier contre Michael et Peter Taylor ou de les libérer sous caution, en attendant le déroulement de la demande de leur extradition" par les autorités japonaises. Les avocats affirment que "se soustraire à une libération sous caution ou aider quelqu'un à le faire ne sont pas des crimes au Japon", rapporte Reuters. Ces avocats expliquent en outre que le gouvernement japonais "commence à s'interroger sur un éventuel amendement de la loi afin de considérer ces actions comme des crimes". Ils soulignent par ailleurs que les faits que le Japon reproche à Michael et Peter Taylor relèvent d'une "violation des lois sur l'immigration, des actes qui ne peuvent faire l'objet d'extradition", selon eux. Les avocats affirment enfin que ni Michael Taylor ni son fils ne posent de risque de fuite pour être détenus sans possibilité de libération sous caution.
Les autorités américaines ont arrêté fin mai Michael Taylor et son fils à la demande des autorités japonaises. Peter Taylor avait été interpellé alors qu'il s'apprêtait à partir pour le Liban, où s'est réfugié l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, un pays qui n'a pas de traité d'extradition avec le Japon. Les deux hommes, ainsi que le Libanais George-Antoine Zayek, sont accusés par Tokyo d'avoir aidé Carlos Ghosn à échapper à la justice japonaise lors d'une évasion spectaculaire le soir du 29 décembre.
Le Japon dispose de 45 jours pour adresser formellement sa demande d'extradition aux Etats-Unis via les canaux diplomatiques. Les deux accusés peuvent alors la contester en justice. D'ici là, ils peuvent demander à être remis en liberté sous caution.
Accusé de malversations financières, Carlos Ghosn, qui dispose des nationalités française, libanaise et brésilienne, était en liberté sous caution, avec interdiction de quitter le Japon, quand il a été exfiltré de l'archipel. Une fois au Liban, il s'est posé en victime d'un "coup monté" et a assuré ne pas avoir eu "d'autres choix" que de fuir une justice "partiale". Interrogé à plusieurs reprises sur les conditions de sa fuite, M. Ghosn a refusé de livrer les détails, mais les documents judiciaires américains précisent le contour de l'expédition.
Cinq suspects maintenus en détention en Turquie
Parallèlement en Turquie, cinq employés d'une compagnie aérienne privée, MGN Jet, soupçonnés d’avoir aidé l’ex-homme d’affaires dans sa fuite et qui avaient été écroués par la justice en janvier dernier, ont été maintenus en détention, rapporte Reuters.
"Nous nous attendons à ce que notre client soit acquitté au final", a affirmé Fatih Danaci, avocat d'un responsable de MGN Jet Okan Kosemen, l'un des cinq détenus. Ces cinq individus sont passibles d'un maximum de huit ans de prison pour trafic de migrants. Après l'arrestation des cinq employés, MGN Jet avait affirmé que ses avions avaient été utilisés de manière "illégale".
"Même s'il est reconnu coupable de ce crime, notre client, qui rejette les accusations portées contre lui, a presque passé la durée d'emprisonnement requise, en vertu de la récente amnistie votée". La première audience doit se dérouler le 3 juillet.
En avril, Reuters rappelle que le Parlement turc a voté une loi permettant la libération de dizaines de milliers de prisonniers afin d'alléger la population carcérale dans le cadre de la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus.
commentaires (2)
C'est à Carlos de leur envoyé une équipe qui irait les libérer et les transporter au Liban. Il n'y a pas de traité d'expatriation entre le Liban et le Japon.
FRIK-A-FRAK
14 h 33, le 09 juin 2020