L'Association des banques du Liban (ABL) a appelé mercredi le gouvernement à restructurer la dette de l'Etat d'une manière qui minimise autant que possible les dégâts pour les déposants dans les banques du pays, alertant contre "une catastrophe socio-économique" au Liban, si le plan du cabinet de Hassane Diab était adopté. Dans un entretien avec l'agence Reuters, Salim Sfeir, le président de l'ABL, a ainsi annoncé "dialoguer avec le gouvernement pour qu'un nouveau plan de redressement soit mis sur pied".
Au cours d'une réunion élargie de la commission parlementaire des Finances et du budget présidée par le député Ibrahim Kanaan, l'ABL a appelé le gouvernement à restructurer la dette "en portant le moins possible atteinte aux près de 3 millions de déposants domestiques", selon des informations rapportées par l'agence Reuters. L'ABL, qui critique ce plan depuis son adoption par l'exécutif, en raison des contributions élevées attendues de la part du secteur bancaire, a par ailleurs proposé le développement d'un "fond de désendettement", auquel serait versé 40 milliards de dollars d'actifs publics.
"Catastrophe"
"Sans douter des bonnes intentions du Premier ministre, nous devons alerter cette commission contre une catastrophe socio-économique au Liban si le plan économique du gouvernement était adopté", a dit M. Sfeir, lors de la réunion.
Cette réunion élargie organisée par la commission parlementaire rassemblait des représentants de l'ABL, de la Banque du Liban (BDL) et de différentes organisations économiques et syndicales, et du ministre des Finances, afin de leur présenter officiellement le contenu du plan de redressement gouvernemental.
Par ailleurs, Salim Sfeir a affirmé dans un entretien à l'agence Reuters qu'il est "impossible de développer des plans durables sans le secteur bancaire". Il a souligné dans ce cadre que le plan que ce secteur avait rédigé était "plus réaliste que les propositions du gouvernement, qui se basent sur des aides financières internationales qui n'ont pas encore été versées". Le président de l'ABL a affirmé "dialoguer avec le cabinet pour qu'un nouveau plan" soit rédigé, "qui prend en compte une contribution minimale de la part des banques" à la relance. "La proposition de l'équipe ministérielle concernant le capital des banques est très négative et il existe d'autres manières de traiter le problème", a-t-il ajouté. Et d'estimer qu'en raison de "la mauvaise situation de l'économie mondiale", en pleine crise en raison des mesures prises dans le monde entier pour enrayer la pandémie de coronavirus, "il serait difficile pour le secteur bancaire libanais d'attirer de nouveaux investisseurs".
Unifier les chiffres
A l'issue de cette rencontre, le député Ibrahim Kanaan, président de la commission, a indiqué que "l'évaluation des pertes et les chiffres fournis par le gouvernement et les différentes parties fait l'objet d'importantes divergences, ce qui doit être résolu". La résolution de ces disparités est "nécessaire", étant donné que le Liban est actuellement en négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), a ajouté M. Kanaan. A cette fin, "une commission à laquelle participeront la BDL, l'ABL, les organismes économiques et le ministère des Finances" a été créée, afin d'unifier tous les chiffres à disposition. Le député a encore appelé à ce que ces discussions se fassent loin de tout conflit politique.
Parallèlement à cette réunion, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a été reçu par le chef du Parlement, Nabih Berry, et les deux hommes ont évoqué le second round de négociations avec le FMI.
Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, reçu à Aïn el-Tiné par le président de la Chambre, Nabih Berry, le 20 mai 2020. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais
L'exécutif a adopté fin avril son plan de redressement, qui ambitionne de remettre sur pied, dans un délai de cinq ans au moins, l’économie et le système financier du pays qui traverse la pire crise depuis la fin de la guerre civile en 1990. L’exécutif doit pouvoir compter sur cette aide pour atteindre les objectifs fixés dans son plan et convaincre les créanciers du pays, avec qui il doit négocier une restructuration de sa dette publique – le Liban ayant fait défaut en mars sur ses obligations d’État en devises.
Le plan doit également servir de carte maîtresse dans les négociations entre le Liban et le FMI, à qui une demande officielle d’assistance financière a été adressée début mai. Les premières réunions officielles entre les deux parties ont démarré la semaine dernière. L’économie libanaise se trouve dans un état catastrophique avec un PIB qui devrait se contracter de près de 14 % en 2020, selon les prévisions du gouvernement, une monnaie en chute libre et un système bancaire paralysé. L’État et ses institutions ne sont pas en meilleure posture : le ratio dette/PIB est d’au moins 176 %, les finances publiques sont dans le rouge et les réserves de devises de la Banque du Liban ont atteint un niveau jugé "inquiétant " par l’exécutif (ses réserves nettes sont d’ailleurs négatives). Le pays a enfin fait défaut en mars sur sa dette publique en devises et doit négocier une restructuration avec ses créanciers. Une étape pour laquelle le soutien du FMI sera décisif.
commentaires (8)
FAIRE UNE CROIX SUR LES $ VOLES DEPUIS 30 ANS EST NON SEULEMENT UTILE MAIS NECESSAIRE . CESSER D'EN FAIRE MIROITER LEUR RECUPERATION EST AUSSI ABJECTE QUE LES VOLEURS EUX-MEMES. FAIRE PAYER LES POLITIQUES, LES BANQUIERS ET LA BDL LEURS FAUTES-DIFFEREMMENT POUR CHAQUE PARTIE EST LA FACON LA SEULE QUI DONNERAIT CONFIANCE AUX DONATEURS . TOUT LE RESTE EST FAIBLESSE,FUITE EN AVANT CONINUITE DANS LE CRIME COMMIS
Gaby SIOUFI
12 h 03, le 21 mai 2020