Le sénateur américain républicain Ted Cruz, farouchement hostile au Hezbollah, a introduit le 12 mai au Sénat un texte en vertu duquel il demande "l'interdiction de l'aide du gouvernement américain à tout gouvernement libanais qui serait influencé ou contrôlé" par le parti chiite libanais que Washington classe "comme organisation terroriste".
Selon le site du Sénat, le texte S.3691 a été "lu deux fois et transféré à la Commission des Affaires étrangères". Pour que ce texte devienne loi, il doit être approuvé d'abord par le Sénat, puis par la Chambre des représentants, avant d'être envoyé pour signature au président Donald Trump.
Poids lourd politique et fer de lance de la résistance contre l'occupation israélienne dans son pays (1978-2000), le Hezbollah a vu le jour grâce au soutien de l'Iran en 1982 pendant l'invasion israélienne du Liban. Présent au Parlement depuis de nombreuses années, ce parti d'obédience chiite a pris part aux gouvernements successifs depuis 2005. Le cabinet actuel dirigé par Hassane Diab n'inclut pas officiellement des membres du Hezbollah mais bénéficie de son soutien politique. Le Hezbollah est aussi militairement impliqué dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, aux côtés du pouvoir du président Bachar el-Assad.
Le parti chiite est classé comme "organisation terroriste" par les États-Unis. Depuis sa création, plusieurs attentats lui ont été attribués notamment en France, au Liban ou en Bulgarie. Avec la fin de la guerre civile libanaise en 1990, il est la seule formation à avoir maintenu son arsenal. Cette question divise la classe politique libanaise entre ceux qui défendent la légitimité de cet arsenal censé être dirigé contre Israël, et ceux qui rejettent la présence de ces armes en dehors du cadre de l’État. Ces dernières années, Washington a renforcé ses sanctions, notamment financières, contre le Hezbollah et toute entité ou personne qui lui apporte son soutien.
Dernièrement, l'Allemagne a annoncé avoir "interdit l'activité de l'organisation terroriste chiite Hezbollah en Allemagne". Jusque-là, seules les activités de la branche militaire du Hezbollah, considérée comme un mouvement terroriste par tous les pays de l'Union européenne, étaient bannies en Allemagne, mais pas celles de sa branche politique qui organise notamment des manifestations ou actions anti-israéliennes régulières. En mars 2019, le Royaume-Uni avait inscrit le Hezbollah dans son intégralité sur sa liste terroriste avant d'étendre en janvier le gel de ses avoirs à sa branche politique. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait salué la décision du gouvernement allemand.
commentaires (9)
Pour le Liban, il faut espérer que cette loi ne sera pas votée, mais on ne peut contester sa logique. Comment aider un pays qui refuse de s'aider lui-même? On ne peut pas , certes, demander au Liban de se débarrasser militairement du Hezbollah: le prix à payer par la population serait trop élevé, mais, q'au moins, il cesse de le soutenir. A cet égard, la défense de la ,milice iranienne par le ministre des AE est un défi au monde occidental (dans la ligne des innombrables bourdes de son prédécesseur) et ne gifle au Liban. Choses dont nous aurions bien pu nous dispenser.
Yves Prevost
07 h 07, le 16 mai 2020