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Politique - Diplomatie

Le Hezbollah interdit en Allemagne, Israël et les USA s’en félicitent

La police déployée, hier, devant la mosquée al-Irschad à Berlin. Odd Andersen/AFP

Le gouvernement allemand a annoncé hier l’interdiction totale sur son territoire des activités du Hezbollah, réclamée avec vigueur par les États-Unis et Israël, et ordonné des perquisitions dans plusieurs mosquées. Jusqu’à présent, seules les activités de la branche militaire du Hezbollah, considérée comme un mouvement terroriste par tous les pays de l’Union européenne, étaient bannies, mais pas celles de sa branche politique qui organise des manifestations ou des activités anti-israéliennes régulières.

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, « a interdit hier l’activité de l’organisation terroriste chiite Hezbollah en Allemagne », a écrit l’un de ses porte-parole, Steve Alter, sur Twitter. « Depuis l’aube, plusieurs actions de police sont menées dans diverses régions », contre des établissements liés au mouvement, a-t-il ajouté.

Il s’agit notamment de la mosquée al-Irschad à Berlin, a constaté un journaliste de l’AFP, où une quinzaine de véhicules de police étaient stationnés à proximité et où l’on pouvait voir des policiers la tête couverte de cagoules noires entrer et sortir de l’édifice.

Des actions ont aussi été menées à Brême dans le nord du pays et à Münster, ainsi que dans un « centre pour émigrés libanais » à Dortmund, dans l’ouest de l’Allemagne, selon les médias allemands Bild et Spiegel. Plusieurs centaines de policiers au total ont été mobilisés.

« Le Hezbollah est une organisation terroriste qui a commis un grand nombre d’attentats et d’enlèvements dans le monde », a justifié le ministre allemand de l’Intérieur dans le quotidien Bild. « Ses activités illégales et la préparation de ses attentats se déroulent aussi sur le sol allemand », a ajouté Horst Seehofer. Le Hezbollah « remet en question le droit à l’existence d’Israël et appelle souvent à sa destruction par la violence », alors que l’État allemand, depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est fixé comme priorité de défendre l’État hébreu, a-t-il encore dit.

Les réactions israélienne et américaine

En Allemagne, les autorités évaluent à un millier environ le nombre des membres du Hezbollah, que le Renseignement intérieur accuse d’organiser des collectes de soutien, de recruter des sympathisants et d’organiser des manifestations appelant à la destruction d’Israël.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué cette décision, affirmant que « tous les pays épris de paix devraient rejeter les organisations terroristes et ne leur fournir aucune assistance directe ou indirecte », selon un communiqué de son bureau.

« Il s’agit d’une décision très importante, d’une étape importante et significative dans la lutte globale contre le terrorisme », a déclaré le chef de la diplomatie israélienne Israel Katz, en exprimant sa « profonde gratitude » au gouvernement allemand. « Je suis convaincu que plusieurs gouvernements au Moyen-Orient ainsi que des milliers de victimes de la terreur du Hezbollah se félicitent de cette décision », a ajouté le ministre israélien, en exhortant les « autres pays européens » et l’UE à emboîter le pas à l’Allemagne.

L’ambassadeur des États-Unis en Allemagne, également directeur par intérim du Renseignement américain, Richard Grenell, a pour sa part « applaudi » l’interdiction et jugé que le « Hezbollah ne peut être autorisé à utiliser l’Europe comme refuge pour soutenir le terrorisme en Syrie et dans tout le Moyen-Orient ». Dans une déclaration transmise à l’AFP, M. Grenell a aussi « appelé les autres États de l’Union européenne à prendre des mesures similaires » et à « interdire le Hezbollah dans son intégralité ».

La décision du gouvernement de Berlin intervient quatre mois après l’adoption par le Bundestag d’une résolution non contraignante pour l’exécutif, interdisant toutes les activités du Hezbollah en Allemagne et prévoyant l’abolition de la distinction faite par l’Union européenne entre les ailes politique et militaire du parti chiite. La résolution appelle d’ailleurs l’UE à inclure toutes les factions du Hezbollah sur sa liste d’organisations terroristes, et non seulement sa branche armée.

En visite officielle à Berlin en mai 2019, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait appelé les autorités allemandes à bannir le Hezbollah, et à emboîter ainsi le pas à la Grande-Bretagne, qui avait inclus ce parti dans son intégralité à sa liste des organisations terroristes, trois mois plus tôt.

À l’époque, le Hezbollah avait vivement réagi à la décision de Londres, la considérant comme « une insulte au peuple libanais ». Il s’est abstenu en revanche de commenter celle de Berlin. Réuni hier sous la présidence de son chef, le député Mohammad Raad, le groupe parlementaire du parti chiite s’est contenté de commenter l’actualité politique et économique locale.

Le gouvernement allemand a annoncé hier l’interdiction totale sur son territoire des activités du Hezbollah, réclamée avec vigueur par les États-Unis et Israël, et ordonné des perquisitions dans plusieurs mosquées. Jusqu’à présent, seules les activités de la branche militaire du Hezbollah, considérée comme un mouvement terroriste par tous les pays de l’Union européenne,...

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"Israël et les USA s’en félicitent". Les libanais aussi, à défaut du Liban officiel. Qu'attend la France pour suivre l'exemple? Elle a particulièrement souffert de l'organisation iranienne: attentats en 86-86, et surtout les 58 morts du Drakkar. Quant au Liban, bien sûr, le jour où il prendra une pareille décision sera celui de son salut. Mais qui veut encore sauver le Liban?

Yves Prevost

07 h 22, le 01 mai 2020

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  • "Israël et les USA s’en félicitent". Les libanais aussi, à défaut du Liban officiel. Qu'attend la France pour suivre l'exemple? Elle a particulièrement souffert de l'organisation iranienne: attentats en 86-86, et surtout les 58 morts du Drakkar. Quant au Liban, bien sûr, le jour où il prendra une pareille décision sera celui de son salut. Mais qui veut encore sauver le Liban?

    Yves Prevost

    07 h 22, le 01 mai 2020

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