Le gouvernement de Hassane Diab a décidé mardi, à l'issue d'un Conseil des ministres qui s'est tenu au palais présidentiel de Baabda sous la houlette du chef de l'Etat, Michel Aoun, de décréter la fermeture totale du pays à partir du mercredi 13 mai au soir et jusqu'au lundi 18 mai au matin, afin de lutter contre une résurgence des contaminations locales au Covid-19. Cette hausse est attribuée à un certain relâchement au sein de la population, doublé de couacs dans les opérations de rapatriement.
Dans le cadre de cette décision, les citoyens sont appelés à rester chez eux et à ne sortir qu'en cas d'extrême nécessité, et les rassemblements dans les lieux publics et privés sont interdits. Les secteurs hospitalier et sanitaire, alimentaire, agricole et industriel sont exemptés de cette fermeture. Les modalités de cette décision et les mesures qui l'accompagnent devront être ultérieurement détaillées par le ministère de l'Intérieur. "La fermeture totale a été décidée en raison de l'augmentation des nouveaux cas de contamination. Les mesures (prévues lors de cette fermeture totale) comporteront des exceptions, comme lors de la première étape. Nous effectuerons une réévaluation de la situation, dimanche soir, à la veille de la fin de la fermeture", a expliqué le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi.
Par ailleurs, Mme Abdel Samad a précisé que la commission ministérielle chargée du rapatriement des Libanais se trouvant à l'étranger allait se réunir à 17h pour décider de la marche à suivre "afin de ne pas commettre d'injustice".
"La décision de boucler le pays a été prise pour poursuivre les enquêtes sur le terrain sur les cas détectés ces derniers jours et éviter de plonger dans une situation de propagation collective", a déclaré de son coté le ministre de la Santé à la chaîne locale LBCI.
Mardi, le Liban a enregistré 11 nouvelles contaminations au cours de ces dernières 24h, dont dix locales, portant le total de cas dans le pays depuis le 21 février à 890, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.
Un "exploit menacé d'effondrement"
En début de réunion, le président Aoun a souligné "la nécessité de revoir et de renforcer les mesures prises pour lutter contre le coronavirus, sachant que le nombre de contaminations est reparti à la hausse durant les derniers jours". Le président de la République a en outre demandé "aux Libanais qui observent une quarantaine à domicile de respecter les consignes qui leurs sont transmises, afin d'éviter des poursuites devant la justice".
Pour sa part, le Premier ministre Diab a estimé que son gouvernement avait "réalisé un exploit en luttant contre le défi du coronavirus durant environ deux mois et demi". "Nous avons réussi à protéger au maximum le Liban à travers des mesures que nous avons prises dès le début, malgré le respect relatif des directives en fonction des régions", a-t-il affirmé. Hassane Diab a toutefois reconnu qu'"en raison d'un relâchement dans certaines régions et d'un certain laxisme, ainsi que du manque de responsabilité de la part de certains citoyens, cet exploit est désormais menacé d'effondrement aujourd'hui". Selon M. Diab, "109 nouveaux cas ont été enregistrés en quatre jours".
Le gouvernement avait décidé le 5 mai de prolonger jusqu'au 24 mai la mobilisation générale parallèlement à la mise en place d'un plan de deconfinement progressif. Depuis plusieurs jours, bars et restaurants, ainsi que salons de coiffure et agences de vente de voitures avaient ainsi commencé à rouvrir en respectant un certain nombre de règles dans le cadre de la deuxième phase du plan. La troisième phase entamée lundi autorise notamment la réouverture des grandes surfaces commerciales (à l'exception des malls), des chantiers de construction et permet aux restaurants et cafés d'accueillir leur clientèle à 50% de leur capacité. La quatrième phase débutera le 25 et la cinquième le 8 juin.Négociations avec le FMI
Sur un autre plan, le chef du gouvernement a commenté la hausse vertigineuse des prix qui se poursuit, alors que le pays fait face à sa pire crise économique en trente ans, illustrée par un effondrement de la valeur de la livre libanaise. "La hausse folle des prix des denrées alimentaires et d'autres produits doit figurer en tête de nos priorités. Certains commerçants font preuve d'avidité et devraient être sanctionnés. Ils profitent de la situation pour réaliser des gains mirobolants aux dépens des Libanais. Des mesures sévères doivent être prises contre eux", a-t-il insisté.
Le Liban, qui a fait défaut pour la première fois de son histoire sur le remboursement de sa dette, a officiellement demandé une assistance financière du Fonds monétaire international le 1er mai, afin de faire face à sa pire crise économique et financière en trente ans, et alors que la valeur de la livre libanaise ne cesse de s'effondrer. Dans ce contexte, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a indiqué, selon notre correspondante Hoda Chedid, que "les contacts avec le FMI sont en cours, et dans les deux prochains jours, nous débuterons les réunions de négociations". Un peu plus tôt dans la journée, une source proche du gouvernement avait indiqué à l'agence Reuters que les négociations avec le FMI "débuteront mercredi".
Gaz, électricité et corruption
A l'ordre du jour du Conseil figuraient 13 points, notamment un projet de décret pour la modification des cahiers des charge pour les rounds d'attribution des travaux d'exploitation offshore, qui a été approuvé par le gouvernement. Dans ce contexte, le ministre de l'Energie, Raymond Ghajar, a informé le gouvernement de modifications sur les offres des compagnies dans le cadre du second round d'attribution de licence pour les travaux de forages à la recherche d'hydrocarbures offshores. Dans un communiqué publié à l'issue du Conseil des ministres, le ministère de l’Energie a précisé que ces offres peuvent être soumises par voie électronique. Les documents requis seront fournis à l'Etat ultérieurement, a expliqué le ministre. Pendant la réunion, M. Ghajar a rappelé que le gaz trouvé lors du forage du bloc n°4 était d'excellente qualité, mais pas dans les quantités commerciales espérées. Deux autres forages pourront être effectués en coordination avec Total qui s'appuie sur des rapports internationaux indiquant la présence de grandes quantités de gaz, a-t-il ajouté.
M. Ghajar a par ailleurs fait part des derniers développements concernant les offres faites pour la fourniture en énergie pour le courant électrique de sorte à réduire à néant le déficit en production dans ce secteur. Dans ce contexte, le prochain Conseil des ministres prévu jeudi sera consacré aux memorandums d'accord que le ministre de l’Énergie souhaite conclure avec l’allemand Siemens, l’américain General Electric et l'Italien Ansaldo pour la construction de nouvelles centrales.
Par ailleurs, la porte-parole du gouvernement, la ministre de l'Information Manal Abdel Samad, a indiqué que le cabinet Diab avait approuvé la stratégie nationale de lutte contre la corruption, présentée par le ministre chargé du Développement administratif, Damien Kattar. Le gouvernement a également poursuivi l'étude du projet du ministre du Tourisme et des Affaires sociales, dans ce cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, et passé en revue le plan de travail stratégique du ministère de l'Information.
Autre décision, l'approbation par le gouvernement d'un don provenant de la Régie des tabacs d'un montant d'environ un million de dollars, dont une partie sera utilisée pour aider les étudiants libanais à l'étranger en difficulté financière et se trouvant dans des "zones isolées". Lundi, le président de l’Association des banques du Liban, Salim Sfeir, avait assuré que les banques allaient continuer à transférer les fonds correspondant aux frais universitaires et aux loyers à destination des étudiants libanais à l’étranger, dans un contexte de restrictions mises en place par les établissements bancaires.
Contrebande
En outre, le gouvernement a étudié la proposition du ministère du Tourisme portant sur des exonérations accordées aux acteurs du secteur mais il a été décidé d'ajourner ce dossier afin qu'il englobe d'autres filières et qu'il soit étudié au sein de la commission ministérielle en charge de la question. Le ministre du Tourisme et des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, a indiqué que cette commission, en charge des affaires économiques, "se réunira lundi afin d'examiner cette demande d'exonérations qui couvrira la période de fermeture générale et ses conséquences sur tous les secteurs, à la demande des ministres du Travail, de l'Industrie, de l'Agriculture et de l'Economie". "Certaines exemptions nécessitent des décrets, alors que d'autres nécessitent des projets de lois qui seront transmis au Parlement", a-t-il expliqué.
Le cabinet a par ailleurs abordé la question de la contrebande de mazout et de blé du Liban vers la Syrie et a décidé d'un renforcement des mesures pour empêcher cette contrebande. Le président Aoun a également convoqué une réunion du Conseil supérieur de la défense mercredi à 15h30 consacrée à ce dossier. Le gouvernement Cette question fait polémique dernièrement sur la scène locale. Le président de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice, Georges Adwan (Forces libanaises), a indiqué mardi qu'il allait interroger plusieurs ministres sur le dossier de la contrebande et des points de passage illégaux.
La question des nominations administratives, qui continue de diviser la classe politique et où chaque formation veut imposer ses propres candidats, a été reportée à une date ultérieure, faute de consensus. Dans ce cadre, le président Aoun a insisté sur l'importance que le mécanisme de nominations soit conforme à la Constitution et que le ministre concerné puisse proposer des candidats aux postes à pourvoir.
TOUS LES ARTICLES EXACTEMENT CEUX D,HIER. RIEN DE NOUVEAU, ON SE MOQUE DES LECTEURS.
00 h 16, le 13 mai 2020