Le bureau de presse de la présidence libanaise a publié dimanche un long communiqué pour critiquer le groupe parlementaire du Futur, qui avait annoncé plus tôt dans la journée qu'il ne participera pas à la "rencontre nationale" convoquée pour mercredi par le le chef de l’État Michel Aoun, afin de pour discuter du plan de redressement adopté par le gouvernement de Hassane Diab.
Le bloc du Futur estime que "le lieu naturel pour présenter aux députés le programme est le Parlement, et nous attirons l'attention sur les pratiques et les fatwas politiques et juridiques outrepassant les limites posées par la Constitution", indique un communiqué publié dans la journée. Le texte réitère les accusations sur la volonté supposée du pouvoir de transformer le régime parlementaire en régime présidentiel.
"Nous sommes disposés à exposer publiquement aux Libanais nos remarques politiques, financières, techniques et économiques à l'égard de ce plan, mais dans un cadre contribuant à lutter contre la dégradation du coût de la vie, la cruelle situation économique et financière et le déclin de l’État", poursuit le communiqué du Courant du Futur.
Quelques heures plus tard, le bureau de presse de la présidence libanaise a réagit au communiqué du bloc. "Si le groupe parlementaire du Futur a le droit de s'excuser de ne pas participer à la réunion convoquée par le président Michel Aoun, il n'a pas le droit toutefois de revendiquer l'existence de +pratiques et fatwas politiques qui outrepassent les limites posées par la constitution+", souligne le texte.
"Premièrement : ce n'est pas la première fois que le président convoque les chefs des groupes parlementaires à une réunion nationale au palais présidentiel pour discuter des questions importantes de la vie nationale libanaise (...). L'ironie est que le groupe du Futur, qui évoque un outrepassement des limites constitutionnelles, a participé à des réunions similaires qui se sont tenues à Baabda. Ces réunions étaient-elles également anticonstitutionnelles ?", se demande le palais présidentiel.
"Deuxièmement : les objectifs de la réunion sont clairs et précis dans l'invitation adressée aux chefs des groupes parlementaires. Il s'agit de les informer des détails du plan de réforme et d'écouter leurs remarques à ce sujet. L'objectif de la réunion n'est pas de voter pour avaliser ce plan ni de confisquer le rôle de la Chambre des députés. L'appel vise à informer et consulter (les chefs de files) sur une question qui concerne tous les Libanais, et le but du président est de garantir l'unité nationale et d'ouvrir la voie à des discussions qui auront lieu plus tard au Parlement", ajoute le communiqué.
"Troisièmement : Quant à parler de +système présidentiel au détriment du système démocratique parlementaire+ - comme cela a été déclaré dans le communiqué du bloc du Futur - il y a beaucoup de confusion car le président de la République, qui de par la constitution est le symbole de l'unité du pays, exerce ses pouvoirs à la lumière du système démocratique parlementaire. Il est vraiment répréhensible que le président soit critiqué s’il exerce ces pouvoirs, et cherche à obtenir un consensus national autour des réformes économiques et financières que le gouvernement a prévues. Il est tout aussi surprenant que les dirigeants politiques appellent le président de la République à assumer ses responsabilités, et déchaînent contre lui les campagnes quand il le fait", dénonce le bureau de presse de Baabda.
"Quatrièmement : selon la constitution, le système au Liban "est basé sur le principe de la séparation des pouvoirs, de leur équilibre et de leur coopération", et l'invitation adressée par le président aux chefs des groupes parlementaires s'inscrit au cœur de la coopération entre les institutions sur lesquelles repose le système libanais. Donc ne pas participer à la réunion, fait porter à l'absent une responsabilité nationale", conclut le bureau de presse rappelant que "les Libanais sont désireux de sortir des conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, alors que la communauté internationale surveille et attend une position libanaise unifiée pour aider".
Réagissant au communiqué de Baabda, le Futur a rappelé qu'il ne remet aucunement en question le droit du chef de l'Etat à convier les leaders politiques à une rencontre élargie, mais a estimé, que la réaction du bureau de presse suscite des doutes autour da la réunion de mercredi. Dans son communiqué, le bloc se pose la question de savoir quel est l'intérêt de la tenue d'une rencontre après l'approbation du plan pour l'expliquer, alors que cela relève de la compétence du cabinet. "Le Futur ne se rappelle pas avoir participé à des réunions antérieures pour débattre d’un plan gouvernemental après qu’il ait été adopté par le Conseil des ministres, mais ne se doute pas de la (bonne) mémoire du président”, est-il ajouté.
Le Premier ministre libanais a présenté jeudi les grandes lignes du plan de redressement adopté plus tôt dans la journée par son cabinet, annonçant que le Liban, où les manifestants sont redescendus dans la rue pour crier leur colère face à des conditions de vie intenables, allait demander l'aide du Fonds monétaire international pour surmonter sa plus grave crise économique et financière depuis 30 ans.
Cette semaine, le leader du Futur Saad Hariri s'est lâché contre le cabinet de Hassane Diab, ainsi que contre le Hezbollah et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, alors qu'il tente de former un large front d'opposition.
commentaires (19)
le President et le CPL cherchent en vain des victoires illusoires ( le gaz , l'adoption du plan economique etc ..). Nous remarquons depuis un certain temps qu' a chaque discours du president on voit une plethore de drapeux Libanais et le sceau de la presidence dans la salle. c'est la projection du ' Mandat Fort'. C'est de la pure propagande. et delusion .Ces drapeux doivent etre en berne vu la situation.
EL KHALIL ABDALLAH
12 h 49, le 04 mai 2020