L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri. Mohammad Azakir/Reuters
L'ancien Premier ministre libanais et leader du courant du Futur Saad Hariri s'est lâché jeudi contre le gouvernement de Hassane Diab, ainsi que contre le Hezbollah et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, alors qu'il tente de former un large front d'opposition.
"Je suis en faveur de la chute de ce gouvernement s'il venait à échouer, et pour une chute avec fracas", a déclaré M. Hariri à l'issue d'une réunion des anciens Premiers ministres qu'il a reçus à la Maison du Centre, alors que le cabinet de Hassane Diab a adopté dans la journée un plan de redressement face à la plus grave crise économique et financière que traverse le Liban depuis 30 ans.
Ce plan est très attendu par la communauté internationale et les organismes financiers comme le Fonds monétaire international, auquel le gouvernement a demandé une assistance technique. Le FMI a promis d'aider le pays à condition que les autorités conduisent des réformes structurelles. "Négociez avec le FMI, si cela peut apaiser le pays et soyez transparents. C'est ce que j'aurais fait, a réagi Saad Hariri. Le Liban a besoin d'argent, pas que l'on s'en prenne aux économies des gens".
Diab et Bassil ciblés
Depuis son retour à Beyrouth il y a quelques semaines, Saad Hariri a multiplié les attaques contre le gouvernement de Hassane Diab, dont le Hezbollah et le CPL sont les principaux parrains politiques, alors que le Premier ministre actuel a vertement critiqué ces derniers jours les politiques économiques des gouvernements précédents.
"Les attaques politiques se poursuivent. Je ne comprends pas pourquoi Diab nous fait porter la responsabilité de ces 30 dernières années. Pourquoi répète-il les mots de Bassil et du chef de l'Etat (Michel Aoun, fondateur du CPL)? Il ne parlait pas comme ça lorsqu'il est venu me voir en me disant qu'il voulait devenir ministre ou chef du gouvernement", a-t-il déclaré.
Le leader du Futur s'en est également pris à Gebran Bassil "qui est protégé par le Hezbollah". Le CPL et le parti chiite sont les deux principaux contempteurs de ce que l'on appelle le "haririsme" politique et économique. "Que Gebran Bassil gère le pays si c'est comme ça", a-t-il lancé, soulignant que ce dernier a "géré le secteur de l'électricité et nous a laissé une facture de 11 milliards". "Nous pourrions discuter de cela avec raison, mais ils ne le veulent pas", a déclaré M. Hariri.
Néanmoins, le leader du Futur a déclaré que le président du Parlement, Nabih Berry, allié du Hezbollah mais dont les relations avec le CPL sont plutôt froides, était une "soupape de sécurité".
"Nous ne prenons part à aucun affrontement dans la rue"
Assurant qu'il était dans l'opposition, Saad Hariri a réagi aux accusations selon lesquelles ses partisans sont les responsables des violences ayant émaillé, notamment à Tripoli, le regain de la contestation de ces derniers jours. "Nous ne prenons part à aucun affrontement dans la rue. Nous nous mobilisons pour exprimer nos revendications nationales. Notre base ne casse, ni ne tue. Elle est patiente et réfléchit à la façon de sortir de la crise", a-t-il déclaré, et d'appeler "ceux qui causent les émeutes à Tripoli à arrêter" affirmant toutefois que "leur douleur est réelle".
Il est par ailleurs revenu sur le débat autour de l'amnistie générale, réclamée par les détenus et leurs proches, ainsi que par certaines formations politiques, dont le CPL. "L’amnistie concerne aussi bien les musulmans que les chrétiens. Je suis contre l'amnistie de ceux qui s'en sont pris à l'armée, mais nous ne pouvons discuter de ce sujet sous l'angle du racisme. Oui, il y a un raciste dans ce pays", a-t-il estimé.
M. Hariri a tenu ses propos à l'issue d'une réunion avec les anciens Premiers ministres qui ont mis en garde le pouvoir contre des "pratiques pouvant conduire le pays à une crise dangereuse", appelant à mettre un terme aux "règlements de compte politiques sous prétexte de lutte contre la corruption". "Nous appelons le président de la République à mettre un terme aux tentatives de transformer le système parlementaire du pays en régime présidentiel, cesser les attaques contre la présidence du Conseil et revenir au principe de la séparation des pouvoirs", ont lancé les ex-Premiers ministres dans un communiqué lu par Fouad Siniora, à l'issue d'une réunion ayant également regroupé Nagib Mikati et Tammam Salam à la Maison du Centre. Par ailleurs, les anciens chefs de gouvernement ont appelé à enrayer l'effondrement économique et monétaire en accord avec le FMI et à mettre en œuvre des réformes "sans attendre".
GENDRISSIMALEMENT RACISTE ET LA BOITE VIDE MAIS LES POCHES PLEINES...
00 h 33, le 01 mai 2020