Rechercher
Rechercher

Société - Liban

Contestation : après un lourd bilan de blessés et nombreuses arrestations, la situation reste tendue

L'armée indique que 23 soldats ont été blessés lors des heurts à Tripoli et à Saïda, dont un militaire qui a dû être amputé de plusieurs doigts, et fait état de 24 arrestations.

Un manifestant portant le masque des "Anonymous" parle avec des militaires libanais, le 29 avril 2020 à Saïda, au Liban-sud. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT

La situation sur le terrain au Liban restait tendue jeudi, au lendemain de nouveaux heurts qui ont fait plus d'une quarantaine de blessés parmi les contestataires et les militaires, et qui ont conduit à de nombreuses arrestations dans les rangs des fauteurs de troubles. Malgré cela, plusieurs rassemblements se sont tenus aujourd'hui à Beyrouth et dans les régionscontre la dégradation de la situation socioéconomique, l'inflation et la dévaluation galopante de la livre libanaise. 

En début de soirée, le Centre de gestion du trafic (TMC) rapportait que la route était coupée au croisement de Chevrolet, à Furn el-Chebbak, et au niveau du rond-point de Zahlé, dans la Békaa. Plus tard, c'est la route de Taalabaya (Békaa) qui a été coupée ainsi que l'autoroute de Jiyé au niveau de la bifurcation de Barja (sud) et celle de la Cité sportive (Beyrouth).

A Nabatiyé, des manifestants ont protesté contre la dégradation de la situation économique. Il ont aussi organisé une marché dans la ville réclamant que soit jugé le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé et que les fonds pillés soient rendus.

La contestation populaire connaît un second souffle malgré la pandémie du coronavirus qui touche le pays depuis le 21 février. La mobilisation lors des derniers jours a été émaillé de violences depuis quatre jours consécutifs, notamment dans le nord et le sud du pays, faisant un mort et plus d'une centaine de blessés.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), au moins 23 personnes et 19 militaires ont été blessés lors des affrontements de mercredi soir. Ils souffraient de divers blessures, de contusions, ou de suffocation. La Croix-Rouge libanaise a pour sa part affirmé jeudi à l'aube avoir évacué 31 blessés. L'armée a de son côté indiqué que 23 soldats ont été blessés lors des heurts à Tripoli (Nord) et à Saïda (Sud), dont un militaire qui a dû être amputé de plusieurs doigts. L'institution militaire a indiqué avoir arrêté "24 personnes, dont deux ressortissants syriens et deux autres palestiniens, pour avoir lancé des pétards, des pierres et des cocktails Molotov contre les militaires, et d'avoir provoqué des actes de vandalisme et des attaques contre des propriétés privées et publiques". L'armée ne précise pas où ont eu lieu ces arrestations. 


Lire aussi

Une frontière floue entre le mouvement spontané et la manipulation politique



Dans la nuit de mercredi à jeudi, de violents affrontements ont eu lieu entre des manifestants et des militaires au rond-point de Mina, à Tripoli. Les manifestants ont coupé la route à l’aide de pneus enflammés, réclamant que les personnes arrêtées la veille soient libérées, que les fonds pillés soient rendus et que des élections législatives anticipées soient organisées. Des contestataires ont également bloqué la route à l’aide de pneus enflammés au niveau de la place al-Nour. Une patrouille des services de renseignement a en outre arrêté R.J., accusé d'actes de vandalisme dans la ville. Toujours dans le Nord, des heurts ont parallèlement eu lieu à Beddaoui entre protestataires et militaires, selon la chaîne LBCI. Les soldats sont intervenus à bord de véhicules blindés et ont essuyé des jets de cocktails Molotov, de pétards et de pierres. Un poste militaire a été attaqué par les manifestants et l'un des véhicules de l'armée a été endommagé.

"Mains invisibles mais identifiées"
Des heurts ont également été signalés dans la nuit à Saïda, au Liban-Sud. Selon notre correspondant sur place, Mountasser Abdallah, la situation à Saïda est revenue à la normale, en matinée. Il explique que quatre banques ont été vandalisées hier soir par les manifestants, avant que l'armée n'intervienne. Des travaux de rénovation et d'installation de protections métalliques étaient en cours, jeudi. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), l'armée a arrêté sept personnes après les violences de mercredi soir. Deux d'entre elles ont été relâchées jeudi peu avant midi.

La députée du courant du Futur, Bahia Hariri, a, dans ce contexte, affirmé que "la justesse des revendications (des manifestants, ndlr) ne justifie pas qu'on saccage des biens publics et privés". Elle a également estimé que "des mains invisibles mais identifiées manipulent les fauteurs de troubles pour des objectifs désormais connus".

En outre, selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, les services de renseignement de l'armée ont arrêté plusieurs activistes de la localité de Marj qui ont pris part aux dernières manifestations. Dans la soirée, des contestataires ont coupé la route principale de Zahlé, au moyen de pneus brûlés, après avoir coupé celle de la localité voisine de Jdita. La route de Saadnayel, bloquée dans la matinée par des contestataires, a été rouverte par l'armée dans la journée.

Convois à Antélias
Toutefois, ces troubles n'ont pas découragé les protestataires pacifiques qui se sont à nouveau mobilisés jeudi. Ainsi, un convoi de manifestants s'est rassemblé sur l'autoroute d'Antélias en vue de sillonner plusieurs villes de la région. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), des dizaines de voitures sont parties de la place d'Antélias sous le slogan "Le Metn est le pouls de la révolution". Le cortège doit emprunter les routes intérieures entre Jal el-Dib et Zalka, pour traverser ensuite les villes de Dékouané, Mkallès, Mansourié, Beit Méri, Broummana, Baabdate, Douwwar, Dhour Choueir et la place Mrouj avant de s'arrêter à Bteghrine pour rentrer via Jouar, Bikfaya, Beit Chebab, Kornet el-Hamra et Mtayleb. Les manifestants, drapeaux libanais à la main, assurent que "la révolution se poursuit".

Par ailleurs, un groupe de contestataires a pénétré dans le bâtiment abritant les locaux de la direction de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), au niveau du rond-point de Adlié, à Beyrouth. "On en a marre des monopoles et des vols commis par les commerçants", ont scandé les manifestants sur place. Plus au nord, des protestataires ont coupé l'autoroute qui relie Tripoli à Beyrouth, au niveau du pont Palma à l'aide de gravats. Ils manifestaient contre l'inflation et l'effondrement de la monnaie locale.

Une révolte populaire sans précédent a été déclenchée le 17 octobre 2019, poussant le gouvernement de Saad Hariri à la démission. Toutefois, le nouveau gouvernement formé par Hassane Diab n'a pas réussi à apaiser la colère de la rue, alors que le pays s'enfonce dans une crise financière, économique et sociale inédite en trente ans, et que la livre libanaise continue de s'effondrer.

La situation sur le terrain au Liban restait tendue jeudi, au lendemain de nouveaux heurts qui ont fait plus d'une quarantaine de blessés parmi les contestataires et les militaires, et qui ont conduit à de nombreuses arrestations dans les rangs des fauteurs de troubles. Malgré cela, plusieurs rassemblements se sont tenus aujourd'hui à Beyrouth et dans les régionscontre la dégradation de la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut